Ronya fille de brigand, l'animé de Goro Miyazaki
Le meilleur attribut commercial de Ronya fille de brigand est également son plus gros défaut : le patronyme maudit de son réalisateur, Goro Miyazaki, qui a permis à cet animé sans âme de voir le jour sur la seule base de son nom de famille.
On lui accordait volontiers le bénéfice le doute sur son premier essai, Les Contes de Terremer ; on lui passait avec une moue ennuyée l'absence d'ambition de La Colline aux Coquelicots. Désormais Ronya, accouché par Polygon Pictures quasiment sans l'appui du Studio Ghibli, permet de l'affirmer sans crainte : Miyazaki fils, à des années-lumière de la toute puissance créative de son géniteur, n'est pas un bon réalisateur de métrages d'animation et ne le sera d'ailleurs probablement jamais.
Alors que sa diffusion TV vient de se terminer au Japon, ne vous étonnez pas que personne n'en ait parlé autour de vous : cet animé ne mérite certainement pas plus qu'une once de curiosité. C'est déjà un calvaire que de s'infliger le double épisode d'introduction, alors imaginez vous en coltiner les 26 itérations plus que médiocres sur tous les plans.
À vrai dire, rien que la vidéo d'introduction annonce clairement la couleur :
Une catastrophe d'animation
Design des personnages raté, scénario à l'encéphalogramme plat, animation hiératique, aucun rythme... la série n'a étonnamment rien pour elle et ne vaut même pas les mauvais dessins animés éducatifs commandés par quelque obscure chaîne de fond de liste pour endormir des petits hypnotisés.
On sent clairement dans Ronya des velléités appuyées de (tentatives de) reproduction de Conan, première et unique livraison complète du format animé par papa Miyazaki, qui signait là une réussite fascinante et particulièrement encourageante pour la suite de sa carrière. Ailleurs, c'est Heidi qui inspirera très largement le déroulement de l'action. Mais à chercher à exister dans l'ombre de son père tout en voulant s'extirper de son art, Goro s'est tout bonnement fourvoyé.
Pourtant, Ronja (ou Ronia) fille de brigand est tiré du célèbre roman éponyme de 1981 écrit par Astrid Lindgren, également connue pour Fifi Brindacier. C'est dire si les liens avec la famille Miyazaki étaient déjà forts, alors que le père avait dû renoncer à l'adaptation après moult efforts finalement réorientés vers Panda petit panda.
Au visionnage, l'animé ne cesse de consterner en se montrant parfaitement inintéressant, tant dans ses relations père-fille qui en sont le cœur, que pour tout le reste des non-aventures imaginées. Ne parlons même pas du reste des personnages, des décors répétitifs, des séquences désespérément tirées en longueur, du doublage surjoué ou encore de la musique catastrophique.
N'abordons pas non plus l'aspect technique principalement réalisé par ordinateur, totalement à la ramasse et d'ailleurs régulièrement conspué par papa lui-même (la dernière fois en date, il y a à peine plus d'un mois !).
Rendons-nous simplement à l'évidence une bonne fois pour toutes : Goro Miyazaki est peut-être un paysagiste émérite, mais il n'a aucune once de talent ni pour l'animation ni la direction, et n'aurait d'ailleurs jamais pu être parachuté dans le milieu sans ses patronymiques kanji. Pour le coup, on ne peut certainement pas féliciter le choix de Toshio Suzuki.
Ronya est un cauchemar, une véritable purge à oublier d'urgence et le signal d'alarme d'une nouvelle reconversion urgente à prévoir pour l'homme qui en est aussi bien responsable que coupable.