Spirou à Tokyo
BD Spirou et Fantasio au Japon Tome 49
J'aime bien Spirou. Je ne crois pas en avoir déjà parlé sur Kanpai!, en-dehors de ma petite présentation. J’y explique rapidement qu’avant de me lancer dans le manga, j’ai été élevé à la franco-belge. Spirou et Fantasio fait partie de ces séries dont j’ai écumé tous les volumes entre le rayon livres du supermarché, l’étagère à bédés des copains et la médiathèque de ma ville natale. Avec, je l’avoue, une grosse préférence pour le style de TOME et JANRY, qui ont également lancé Le Petit Spirou. José-Luis MUNUERA et Jean-David MORVAN ont repris le flambeau il y a quelques années, Spirou à Tokyo : Le Rônin de Yoyogi étant leur troisième publication (49è tome) des aventures du célèbre groom
L’aventure, située au Japon, a semble-t-il tout pour nous intéresser. Le scénariste MORVAN, en plus de bien connaître les nippons (paraît-il…), a imaginé un véritable petit hommage à FOURNIER. En effet, le magicien Itoh Kata (L’abbaye truquée, Du Glucose pour Noémie) fait son retour pour épauler nos deux aventuriers. Dans son scénario, la bédé est agréable et se parcourt facilement, mais on reste très loin de l’inventivité d’un FRANQUIN. Ça manque parfois un peu de charme, tant il semble que les protagonistes passent leur temps à courir en oubliant de se parler. Techniquement pourtant, ce tome s’avère racé. Comme les deux précédents, la mise en couleur perd en artisanal ce qu’elle gagne en précision. Les contours sont propres et les formes évitent l’aspect figé. De plus, malgré un découpage des cases classique, la dynamique de l’ensemble n’est pas altérée.
C’est plutôt sur le fond que la thématique a de quoi faire grincer les puristes tels que vous et moi. Car les pages sont bourrées de poncifs et autres petites invraisemblances. Spirou, Fantasio et Spip vont donc arpenter les rues de Tokyo en insistant bien sur le supposé seul intérêt de chacun des quartiers : électronique à Akihabara, spectacle à Ginza, yakuza à Shinjuku, etc. Quant aux clichés, ils sont légion : humilité et honneur légendaires des Japonais, WC dernier cri donc étranges, du Hachiko en veux-tu en voilà, kaiju eiga et autres. Un peu plus désordonné : nos auteurs écrivent « fuji-yama » (alors qu’on ne cesse de matraquer Fuji-san 🗻), « campaï » ou « tsugoï »…
Tout cela n’est pas bien méchant, mais confirme une certaine superficialité que l’on retrouve tout au long de la bédé. Les fans de Spirou se disent déçus par ce troisième essai du duo, quelque part, je peux les comprendre. Passer après de tels génies a tout de la gageure pour MORVAN et MUNUERA, qui donnent aux aventures de notre groom préféré des allures de course-poursuite sur cinquante pages. Le charme et les bons mots, eux, se sont entre temps faits la malle. Comment je résumerais Spirou à Tokyo ? Hmm… une bédé agréable, mais un Spirou juste passable. Il faudra faire mieux pour fêter le cinquantième !