Koyo : les feuilles rouges des érables japonais
🍁 Momijigari : contempler les momiji à l'automne
Koyo est le terme japonais pour désigner le rougissement des feuilles d'érables japonais, symboles de l'automne sur l'archipel. La contemplation de ces changements de couleur, momijigari, est une tradition populaire chez les Japonais et constitue la deuxième saison la plus belle après le printemps et sa floraison des cerisiers.
Si la tradition printanière d'ohanami échappe peu aux visiteurs du Japon, son pendant automnal semble pourtant moins résonner dans les esprits et c'est bien dommage. Sans négliger la beauté majestueuse des cerisiers, les feuilles d'érables japonais offrent à la fin de l'automne un spectacle rougeoyant d'une beauté telle qu'il serait terriblement dommage de la rater.
Il convient d'abord de livrer une petite précision de vocabulaire permise par la lecture, pourtant, d'un seul et même terme (les kanji 紅葉 signifient littéralement "feuille d'un rouge profond") :
- momiji 🍁 se réfère à l'arbre (l'érable) ;
- kôyô représente la feuille en elle-même.
La contemplation du changement des couleurs automnales (équivalent de ohanami) se nomme 紅葉狩り momijigari, littéralement la "chasse" à cette transformation chlorophyllienne toute naturelle.
L'érable japonais (acer japonicum ou acer palmatum) existe en plusieurs dizaines de variétés dont la teinte des feuilles peut varier du vermillon quasiment pourpre à l'orangé beaucoup plus clair. On y adjoint volontiers son lointain cousin le ginkgo biloba (銀杏 ichô) dont les nuances oscillent d'un vert qui se dégrade en jaune doré et tire parfois jusqu'à l'orange passé. Les cerisiers peuvent également se montrer intéressants à l'automne avec leur feuillage qui vire à l'orange.
Le résultat, impressionnant dans son mariage, se montre flamboyant de jour et encore magnifié de nuit, lorsque les éclairages cherchent à les valoriser. À noter que les acer, peu capricieux, se cultivent également très bien comme bonsaïs.
L'érable se décline également sur le plan culinaire, offrant un enrobage délicieux en particulier aux gâteaux et autres douceurs telle que le mochi ou les manju.
Les érables s'admirent par ailleurs en début de saison, du printemps à l'été, lorsque les jeunes feuilles vertes apparaissent et procurent une agréable sensation de fraîcheur et de renouveau. Cette contemplation est alors baptisée ao-momiji 🌿 en japonais.
Quand admirer les momiji en automne ?
La coutume de cette contemplation remonte à l'ère Heian. D'héritage aristocratique, elle ne se répandra au peuple qu'autour de l'époque Edo. Depuis le début du XXIe siècle, ce sont désormais des hordes de touristes étrangers qui sacrifient à la tradition et se délectent également de cette chasse sublime.
Contrairement à une idée reçue, et bien que l'automne japonais calendaire se tienne évidemment du 21 septembre au 21 décembre, le rougeoiement des feuilles d'érables dans les zones les plus touristiques n'intervient que plus tard : à compter de la seconde quinzaine de novembre, se prolongeant généralement jusque début décembre. La durée de contemplation s'avère ainsi plus longue qu'au printemps.
Les feuilles commencent souvent à se colorer timidement dès fin août, mais c'est le spectacle de toute une nature qui est attendu, à partir de septembre tout au nord et en altitude, on admire les koyo alpins, puis plus tard à mesure que l'on descend au bord du littoral et vers le sud de l'archipel.
Comme pour les sakura 🌸, la météo japonaise parvient à anticiper précisément les jours de début et de pleine feuillaison, parfois jusqu'à plusieurs semaines en avance et les indique tout au long de l'automne (on parle de 紅葉前線 koyo zensen). Voici donc les dates moyennes de koyo en fonction des régions :
Les fins de périodes, qui correspondent à la tombée, ne doivent certainement pas être négligées : elles créent d'étonnants tapis rouge sang où les feuilles jonchent le sol par milliers, proposant un spectacle de parachèvement.
Prévisions des Koyo 2024
L'automne 2024 s'annonce de nouveau plus tardif que la moyenne des années précédentes. Ainsi, les pics de feuillaisons des érables se produiront avec quelques jours de décalage par rapport aux normales de saison, à cause de la chaleur résiduelle de l'été qui a été particulièrement long cette année.
Fin octobre, l'agence météorologique JMC (Japan Meteorological Corporation) les prévoit comme suit :
- Sapporo : 8 novembre
- Sendai : 1er décembre
- Tokyo : 5 décembre
- Kanazawa : 4 décembre
- Nagoya : 8 décembre
- Osaka : 8 décembre
- Kyoto : 16 décembre
- Hiroshima : 3 décembre
- Fukuoka : 13 décembre
Les prévisions météorologiques au Japon distinguent désormais l'apparition du feuillage rouge des érables de celui jaune des gingkos qui se produit quelques jours avant, par exemple autour du 29 novembre pour Tokyo.
Où faire momijigari au Japon ?
Une fois les dates du séjour planifiées, ce sont bien entendu les meilleurs spots de contemplation qu'il faudra connaître.
La zone reine pour admirer les momiji reste indiscutablement Kyoto et sa région. Toutefois, les amateurs de ginkgo en particulier n'en oublieront pas la mégapole de Tokyo (et pour cause, il en est son symbole).
On trouve des koyo naturellement dans les parcs et jardins japonais, y compris autour des temples et sanctuaires pour les contempler de près. En sortant des villes, de nombreuses randonnées en montagne offrent des paysages spectaculaires qui accompagnent des balades plus ou moins longues. Des croisières sur des rivières qui traversent des régions forestières sont également très populaires auprès des Japonais.
Prenez garde à la foule, notamment en ville ! Au moment des light-ups (éclairages nocturnes en particulier dans les temples), les filent d'attente peuvent durer plusieurs heures et il arrive même assez fréquemment de ne pas pouvoir rentrer si l'on n'est pas arrivé assez tôt. Reportez-vous à nos fiches de visites pour connaître les détails horaires de chaque site concerné.
Kyoto et le Kansai
- Kyoto : Kiyomizu-dera, Kodai-ji, Tofuku-ji, Shugaku-in, Shinnyo-do, Eikando, Nanzen-ji, Yoshimine-dera, Enko-ji, Chion-in, Kitano-tenmangu, Koke-dera, Ninna-ji, Fushimi Inari Taisha
- Juste autour de Kyoto : Arashiyama (et son matsuri / festival le deuxième dimanche de novembre), Kurama, Daimon-ji
- Yoshinoyama
- Nara : parc, Tanzan-jinja, Muro-ji
- Wakayama : Koya-san, Nishinomaru
- Otsu : Hieizan, Enryaku-ji
- Osaka : Minoo, parc du château, Katsuo-ji
- Ohara : Sanzen-in
Tokyo et alentours
- Tokyo : Icho Namiki (allée de ginkgo) entre Meiji Jingu Gaien et Aoyama-dori, Rikugi-en, Koishikawa Korakuen, Shinjuku Gyoen, parc Yoyogi et Omotesando, Hama-rikyu, parc Inokashira, parc de Ueno, Mukojima Hyakka-en, Gotoku-ji, parc Kinuta, parc olympique Komazawa, Arisugawa no Miya, parc Otaguro
- Mont Takao
- Mont Mitake et Okutama (Hatonosu)
- Tachikawa : parc Showa-Kinen
- Kamakura
- Nikko (en particulier Ryuzu)
- Oze
- Kokubunji : jardin Tonogayato
- Chiba : vallée Umegase, Yoro Keikoku
- Vallée Akigawa
- Nagatoro
Fuji et le centre
- Kawaguchiko
- Hakone
- Tateyama Kurobe
- Korankei
- Kanazawa : Kenroku-en
- Nagoya : château, Inuyama
- Hikone
- Nagano : Kamikochi, Komoro-jo, Senjojiki
À l'ouest et au sud
- Hiroshima : Miyajima, Taishaku-kyo, Sandan-kyo, Mitaki-dera
- Okayama : Go-kei, Kanba
- Shikoku : Konpira-san, Kankakei
- Fukuoka : Hikosan, Kamado-jinja, Komyozen-ji, Shiranoe, Raizan Sennyoji Daihion, Momiji Hachimangu
- Kyushu : Kunenan, Kyusuikei, Kuju, Yabakei
- Tottori Daisen
Au nord
- Hokkaido : Daisetsuzan, Shiretoko, Onuma, Noboribetsu, Aoba, Shikotsuko, Akan, Sapporo Nakajima
- Tohoku : Hachimantai, Towada et les gorges Oirase Keiryu, Hakkoda, Chuson-ji, Naruko, Urabandai
Attention : comme pour les sakura, les hébergements sont pris d'assaut de longs mois avant la période momijigari, alors préférez réserver votre séjour (très) à l'avance !
Pour contempler au mieux ces magnifiques paysages, nous vous suggérons de consulter notre eBook Itinéraires et budgets de séjour au Japon, où un circuit détaillé complet leur est dédié.