Manshu-in
Le discret temple Monzeki du nord-est de Kyoto
Manshu-in est un temple bouddhiste de la branche Tendai, situé dans l’arrondissement de Sakyo au nord-est de Kyoto, non loin de la Villa impériale Shugaku-in. À l’écart des circuits touristiques, cette capsule d'art japonais du XVIIe siècle offre une parenthèse de calme dans des paysages rougeoyants à l’automne.
Manshu-in est un temple bouddhiste consacré à Amida Nyorai, fondé au VIIIe siècle par le moine Saicho (767 - 822), au nom posthume de Dengyo Daishi, l’initiateur du bouddhisme Tendai au Japon. Initialement installé sur le mont Hiei et connu sous le nom de Tobibo, il fut renommé Manshu-in au début du XIIe siècle.
Le temple a rejoint son emplacement actuel en 1656 sur la décision du prince Ryosho, qui y exerçait en tant que religieux. Influencé par les rénovations entreprises à la Villa Katsura, il choisit d’édifier le temple dans le même style shoin-zukuri, qui caractérise les demeures de guerriers et les quartiers d’habitation des abbés du bouddhisme Zen de cette époque Edo (1603 - 1868). Cela vaut d’ailleurs au Manshu-in le surnom de "petit Katsura Rikyu".
Un temple à l’écart des circuits touristiques
Le temple est assez excentré du centre-ville : il faut compter 50 minutes de bus depuis la gare de Kyoto, puis 20 minutes de marche à travers des petites ruelles. Cependant, la magie opère avant même l’arrivée sur le site : l’endroit est calme, très peu connu des touristes et le chemin se montre plutôt agréable.
Devant le Manshu-in, une allée bordée de splendides érables accueille les visiteurs. Sur la gauche, un petit sanctuaire shinto semble presque abandonné mais possède un certain charme. L’essentiel de la visite se déroule dans les vastes intérieurs des pavillons du monastère, qui représentent environ trois à quatre fois la surface des jardins. N’oubliez pas de vous déchausser en entrant !
Les visiteurs, en majorité Japonais et peu nombreux, s’attroupent devant une exposition de photos où l'on apprend que de nombreuses personnalités ont déjà foulé les tatamis du temple :
- l’empereur émérite Akihito et son épouse, bien sûr,
- le pape Jean Paul II,
- la reine Elisabeth II,
- ou encore le footballeur David Beckham.
Un concentré de Biens culturels importants
Tous ont probablement été attirés par la valeur patrimoniale des lieux. Une dizaine de pièces, toutes délimitées à l'origine par des portes coulissantes fusuma, sont ouvertes à la déambulation. Il n’y a pas vraiment de sens de circulation, ce qui permet d’apprécier tranquillement les détails de la décoration et de l’architecture.
Deux pièces sont inscrites sur la liste des Biens culturels importants et sont caractéristiques du style shoin-zukuri : Daishoin, la plus grande et Koshoin, la plus petite, qui donnent toutes deux sur le jardin.
Les différentes parties de l’édifice sont ornées de magnifiques peintures décoratives dans le style de l’école Kano, dont certaines sont l’œuvre de son fondateur même Kano Morinobu (ou Tan’yu, 1602 - 1674). On citera notamment :
- la "salle du Tigre" (Tora no ma) dans le grand vestibule Daigenkan ;
- la "salle de la cascade" (Taki no ma) dans le Daishoin ;
- la "salle des paysages enneigés" (Ju yuki no ma) également dans le Daishoin ;
- la "salle du Mont Fuji" (Fuji 🗻 no ma) dans le Koshoin.
Au total, ce sont près de 1.200 œuvres qui y sont conservées, touchant tant les domaines littéraire qu'artistique, dont une remarquable peinture de Fudo-myoo.
Un jardin Zen extraordinaire
En fin de visite, le jardin se dévoile et offre un magnifique spectacle Zen entre érables et jardin sec karesansui. On peut l’admirer sous différents angles pour une meilleure imprégnation de la magie de ce lieu désigné parmi les "beautés scéniques du Japon", avec le mont Hiei en arrière-plan. Sur un îlot de verdure symbolisant une grue, s’épanouit un magnifique pin blanc du Japon qui serait âgé de 400 ans. La configuration des lieux est telle, cependant, qu'il est difficile d'en rendre la beauté en photographie.
Le Manshu-in n’est certes pas un incontournable, mais il offre aux plus curieux et aux gens à la recherche de tranquillité un véritable petit havre de paix. Il se montre sous ses plus beaux atours en automne, et sa visite peut idéalement être combinée avec celle de Saginomori-jinja, un autre spot de koyo 🍁 à proximité. Il est néanmoins appréciable toute l’année, et peut être entrepris en complément de la Villa Shugaku-in édifiée à la même époque, un peu plus au nord.