Some no Komichi
Le festival de teinture traditionnelle à Nakai
Some no Komichi est un festival de teinture japonaise sur tissu qui se tient le dernier week-end de février dans le quartier de Nakai, à Ochiai au nord-ouest de Tokyo. Cet évènement met en avant le savoir-faire traditionnel pour teindre les textiles, notamment utilisés pour confectionner les kimono ou les petits rideaux noren que l'on accroche à l'entrée des établissements. Les rues de Nakai se parent de créations artisanales uniques et les guirlandes de tissu colorées suspendues au-dessus de la rivière attirent chaque année la visite de quelques milliers de curieux.
Après la Seconde Guerre mondiale, le Japon se reconstruit et les villes de Tokyo, Kyoto et Kanazawa deviennent les trois principales régions de production de tissus teints. Dans la capitale, la qualité de l’eau de la rivière Myoshoji, qui traverse notamment le quartier autour de la gare de Nakai, est alors particulièrement réputée auprès des artisans textiles qui installent naturellement leurs ateliers le long de ses berges. À son apogée, jusqu'à la fin des années 60', la production compte jusqu'à 300 maîtres teinturiers qui se servent du cours d'eau pour laver et faire sécher les étoffes fraîchement imprimées.
Il reste aujourd'hui une dizaine d'ateliers traditionnels qui demeurent actifs et profitent du festival Some no Komichi pour faire connaître leur art et les secrets de fabrication auprès d'un public de curieux. Ces portes ouvertes annuelles se déroulent le dernier week-end de février et pendant trois jours, du vendredi au dimanche.
La chasse aux trésors dans les rues de Nakai
À la sortie de la gare ferroviaire de Nakai, les visiteurs reçoivent un plan sur lequel sont inscrites les adresses des 90 rideaux noren confectionnés chaque année pour l'occasion. Avec cet itinéraire en poche, on profite de l'ambiance conviviale d'une exposition de rue tout en partant à la découverte d'un petit quartier tokyoïte plutôt tranquille, résidentiel et à l'architecture rétro. On découvre ainsi les devantures de restaurants, de petites boutiques et même d'infrastructures locales comme des écoles ou des salles de sport. On en profite par exemple pour assister à une représentation de iaido (mugai-ryu), un art martial japonais traditionnel associé à la pratique du sabre katana des samurai.
La promenade le long des berges de la rivière Myoshoji constitue sans aucun doute le paysage le plus intéressant du festival. La foule s'émerveille devant les nombreuses guirlandes en tissus suspendues au-dessus du cours d'eau. Baptisées tanmono, ces étoffes, qui mesurent 40 centimètres de large et 12 mètres de long, se révèlent très colorées et imprimées autant avec des motifs traditionnels que contemporains. Une véritable galerie d'art à ciel ouvert, que l'on contemple agréablement.
Un peu plus loin, on est invités à visiter Futaba-en, une des fabriques artisanales encore en activité. On y découvre un atelier, une petite salle d’exposition ainsi qu’une boutique. L'établissement propose des ateliers manuels où l’on peut réaliser soi-même une teinture artistique sur tissu. Le samedi et le dimanche uniquement, l’école primaire du quartier ouvre également ses portes au public, afin de proposer là encore des ateliers de création ; un moyen de répondre à la demande un peu plus soutenue du week-end. À noter que le quartier regorge de restaurants et de petits cafés en tout genre et qui affichent des prix tout à fait corrects pour la capitale.
Ochiai, en toile de fond résidentielle
Pour les plus curieux, une balade en dehors des limites du festival Some no Komichi permet d'arpenter Nakai et ses alentours (jusqu'à Takadanobaba) préservés de l’afflux touristique car très résidentiels. On visite quelques temples bouddhistes et sanctuaires shinto qui présentent ainsi l’avantage de demeurer quasi-déserts, par exemple le sanctuaire Goryo et les temples Kongo-ji, Jinsoku-ji ou bien Saisho-ji. De la même manière, les parcs Ochiai, Otomeyama ou Seseragi no Sato offrent une pause fleurie au printemps 🌸, en compagnie des habitants du coin.
Enfin, au chapitre culture, on propose de faire un crochet par les musées de Saeki Yuzo et de Nakamura Tsune, deux célèbres peintres japonais influencés par le modernisme et le fauvisme européens du début du XXe siècle. Leur style, que l’on l'on baptise "Yooga", se distingue du classique courant japonais "Nihonga".
Le petit quartier de Nakai se prête volontiers à un retour dans le passé où le temps s'écoule doucement, au rythme de la rivière qui coule et des dames japonaises habillées en kimono 👘 pour célébrer Some no Komichi.