Nintendo Day : prise en main de la Wii
Quelques semaines seulement après l’Electronic Entertainment Exposition de Los Angeles, les médias français ont eu à leur tour l’honneur de pouvoir essayer la prochaine machine de Nintendô. La presse appelle ces évènements annuels les « Nintendo Days ». Parmi les quelques sites web sélectionnés eux aussi, Kanpai!. Environ cinq mois avant sa sortie, j’ai donc pu faire partie de ce panel. Parachutés dans un loft du quatrième arrondissement de la capitale, des joueurs français ont enfin mis la main sur la révolution vantée par Nintendô, désormais appelée Wii. Voici donc le résumé d’une grosse soirée chargée en nouveau jeu vidéo 🎮.
Réflexions générales d’introduction
Si vous avez déjà parcouru cet article pour regarder l’iconographie, vous avez sans doute remarqué que tout ou presque était très officiel. On nous avait prévenus avant : appareils photos 📷, caméras et téléphones 📱 portables étaient interdits de séjour près de la Wii. A grands risques ou presque, j’ai tout de même réussi à prendre une photo des accessoires (voir ci-dessous) avant de me faire remettre en place par les gentils messieurs de la sécurité. Entre les bornes, des panneaux indiquent « souriez quand vous êtes filmés pour soutenir nos développeurs » ; mais à mon avis, aucun des nombreux joueurs que j’ai vus un sourire aux lèvres n’avait l’air de se forcer.
Reste que j’ai été relativement déçu de ne pas voir de Super Mario Galaxy, de Zelda Tasogare no Hime, de Metroid Prime Corruption ou d’ExciteTruck. Après discussion avec une charmante stagiaire de la boîte de communication qui organisait l’évènement, il s’agirait d’une décision de la branche japonaise. Voulant mettre en avant les jeux au nouveau gameplay, elle a par-là même privilégié les titres les plus simples au détriment des poids très lourds. Seul Red Steel a rescapé de cette censure, étant développé par des Français. L’un dans l’autre, j’aurais préféré moins de champagne-bas-de-gamme-dans-des-coupes-en-plastique et plus de jeux, mais je ne vais pas faire la fine bouche. Finalement, tout était très multijoueurs, à part Red Steel, et toutes les démos étaient bien entendu les versions de l’e3.
Ma grosse interrogation de la soirée fut de chercher à découvrir, pour confirmer ou infirmer les rumeurs suite à l'e3, si c’étaient réellement des Wii qui tournaient. J’ai donc enquêté tout le long, au gré de mes différentes parties. La question principale était de savoir si des GC, boostées avec la reconnaissance du nouveau périphérique (la « Wiimote », 'paraît que ça fait bien), étaient cachées dans les meubles. Les Wii (arborant un logo Nintendô et non Wii) étaient solidement enfermées dans des présentoirs en verre, vissés sur le meuble. Seuls deux fils y étaient branchés, supposément une alimentation et un câble vidéo. En tout cas rien de blanc comme le fil qui partait du meuble pour rejoindre des télécommandes… sans piles ! Avouez que c’est louche. En bon gros lourd que je suis, j’ai pressé fort et longtemps sur le bouton « Power » de quasiment toutes les télécommandes mises à disposition, sans résultat. Mais il y a mieux encore. J’ai vu un freeze de mes propres yeux (sur Red Steel), et la console a rebooté comme par magie après que l’hôtesse en a informé ses collègues. De même, j’ai demandé à changer un jeu pour voir comment cela se passait, et la console a redémarré toute seule au bout de quelques secondes sans que l’hôtesse ne touche à rien. Bref, chacun se fera son avis. Je pense que vous situez le mien, mais après tout cela n’a pas grande importance.
Côté hardware
Il est là dans mes mains. Le pad nouvelle génération tant vanté, le combi télécommande / nunchaku. Pour la première fois dans l’histoire du grand jeu vidéo, une manette ne se tient pas à deux mains. Chacune tient un dispositif propre (la télécommande à droite et le stick à gauche), ce qui offre une liberté tout à fait inédite. De plus, les jeux sont adaptés aux droitiers comme aux gauchers, bien vu. Petite piqûre de rappel pour les absents : la télécommande est gyroscopique 3D (comme le nunchaku), elle pointe sur l’écran, elle vibre et elle possède sa propre enceinte. Comme MIYAMOTO l’a confirmé il y a à peine quelques jours dans Famitsu, le design des périphériques n’est pas encore définitif. Il a beaucoup évolué ces derniers mois et devrait encore être modifié avant la sortie (c’est d’ailleurs ce qu’indiquaient les écriteaux au loft). De plus, une nana du marketing d’Ubisoft Montréal m’a affirmé que la télécommande serait plus grosse à sa sortie. Celle que j’ai pu essayer (la télécommande, pas la nana, suivez s’il vous plaît) était clairement destinée à des mains japonaises. Les miennes s’y sont adaptées de manière incroyablement rapide et naturelle, d’ailleurs je n’ai entendu personne se plaindre de la prise en main. En revanche, je me demande comment certains nord-américains aux paluches de bûcherons arrivaient à jouer au cours de l’e3. Va-t-on voir un syndrome inversé du Pad-S de Microsoft ?
Bref, pour rentrer dans le vif du sujet, la télécommande est incroyablement légère et le nunchaku (une gentille hôtesse m’a dit « ninjaku » !) encore plus. Certes, la télécommande n’avait pas de piles, comme je l’ai précisé plus haut, mais cela reste tout à fait surprenant. A vue de nez, je les évalue respectivement à moins de 100 et moins de 80 grammes. La télécommande aura bel et bien un strap (une dragonne) au cas où un joueur trop zélé la lâche par mégarde. Pour certains jeux plus que d’autres (notamment Red Steel et certains mini-jeux de Made in Wario), il faut quand même faire attention à bien placer sa télécommande dans la mire de la sensor bar. Celle-ci est d’ailleurs beaucoup moins longue que je ne le pensais : elle doit faire entre 15 et 20cm. A ce sujet, un réglage de la sensibilité dans les options du firmware ou des jeux est peut-être à prévoir, car certains ont pu se plaindre d’une trop grande sensibilité.
Le fil qui relie télécommande et nunchaku est suffisamment long pour offrir une belle liberté de mouvements physiques. J’ai essayé de jouer à Red Steel en écartant au maximum les deux mains, puis en mettant le nunchaku beaucoup plus bas que la télécommande, mais la qualité de ma performance s’en est de suite ressentie. Il y a quelques habitudes à prendre, mais si l’on garde les mains proches, à l’ancienne si l’on peut dire, la prise en main reste étonnamment rapide. Pour le point de détail sur le nunchaku, et puisque vous voulez tout savoir, son stick ressemble énormément à celui de la GC mais il n’a qu’un seul cercle antidérapant au lieu de trois. De plus, sa base (le bout qui relie la partie où l’on pose le pouce au gros de l’accessoire) est beaucoup plus épaisse. Cela n'a aucune indidence sur votre contrôle. Ses deux boutons trigger ne sont pas analogiques et ne sont sans doute pas définitifs car l’un est rond et celui du dessous est rectangulaire. Reste que sa réactivité gyroscopique est bonne également.
Pour ce qui est de la console en elle-même, peu voire aucune surprise. Je l’ai tout de même trouvée très petite (en hauteur comme en largeur), du coup elle risque de détonner entre la 360 et la PS3. Qu’à cela ne tienne, son design est léché et réellement classe, entre le halo bleu qui sort du mange-disque et son aspect DS Lite voir Ipod. Style et race sont accompagnés d’un petit aspect « force tranquille » que l’on ne peut renier. A côté, la future PlayStation passe pour un colosse aux pieds d’argile.
Les jeux
Wii Sports
Si, d’après ce que j’ai compris, la version finale aura bien ses six jeux, seuls les trois connus étaient jouables.
Tennis, alors qu’on n’a pas encore le pad en main, montre bien son aspect très laid. Espérons qu’il sera au moins un peu amélioré sur ce plan, même si l’immersion fait qu’on oublie très vite ce constat. Mon camarade et moi nous sommes pris à vouloir courir au début de la partie. Je crois que cela résume bien la prise en main : en deux secondes au maximum, le plaisir de jeu s’installe. La version jouable l’était en double à deux joueurs en versus, mais pas à quatre. Les deux personnages de chaque côté faisant le même mouvement, c’est ce qui permet de faire des volées et de contrôler ses deux joueurs sans les diriger. Les effets (top spin / coupé) seraient a priori possibles, mais je ne les ai pas trouvés évidents à sortir. Bien sûr, la télécommande vibre et fait le bruit de la raquette de manière opportuniste. Cela ajoute à l’expérience très amusante.
Baseball et Golf ⛳ m’ont un peu moins conquis. Je pense que les Wii Sports perdent beaucoup en intérêt s’ils ne sont pas jouables à plusieurs. De plus, il faut bien adapter sa prise en main et sa position dans l’espace à l’accessoire sportif correspondant : à l’horizontale pour le baseball, à la verticale pour le golf. Bien sûr, il est possible d’utiliser la fonction de reconnaissance de mouvement à son avantage en faisant juste un mouvement de poignet adéquat, mais c’est non seulement de l’antijeu, et c’est en plus se gâcher le plaisir intrinsèque de ces titres. A noter que pour le baseball, la frappe est exclusivement horizontale, malheureusement. C’est d’autant plus étonnant qu’avant de frapper la balle, vos mouvements sont reproduits dans l’espace. Anecdote amusante sinon : l’hôtesse précisait longuement, avant une partie, de faire attention au poteau de soutien attenant (donc fort mal placé). Au cours de la semaine, un joueur sans doute trop enjoué a frappé la télécommande dedans. Après questionnement, le périphérique a continué à fonctionner quelques minutes avant de rendre l’âme. M’est avis que ce genre d’incidents n’a pas fini d’arriver dans les chaumières, surtout auprès des gamins, une fois que la machine sera en vente.
Shooting (Duck Hunt)
Plus anecdotique, la version 2006 de Duck Hunt était tout de même jouable. L’expérience est renouvelée par l’utilisation de la télécommande en guide de zapper, en espérant que la greffe du pistolet (vue en vitrine à l’e3 et au cours de la soirée) sortira simultanément. En l’état, le jeu n’est pas excessivement évident à manier car très voire trop précis. Comme à l’ancienne, les canards viendront vous narguer, mais seulement après cinq tableaux vous proposant de shooter des ballons, soucoupes volantes et autres cibles. Le chien, en revanche, est le grand absent de cette « suite ». Après discussion avec une hôtesse, ce Duck Hunt serait téléchargeable sur le WiiConnect24, mais je ne suis pas sûr que cette information soit 100% vérifiée. Qui vivra verra.
Wii Music Orchestra
J’ai eu un petit coup de cœur pour Wii Orchestra, même s’il mérite d’être plus développé. Deux pistes étaient jouables dans la démo : le thème de la série Zelda par KONDO Koji, et celui de l’opéra Carmen. Les personnages présents à l’écran, que vous dirigez, sont des pointures de chez Nintendô (très simplement) modélisées. Le titre réagit bien aux mouvements secs, mais vous empêche de vous la jouer chef d’orchestre, car sans réel à-coup du poignet aucune progression n’est possible. Du coup, s’il est très amusant, il reste relativement limité. Le principe réel de cette version était de tester les changements de rythme, et l’on arrive vite à modifier les compositions de manière très amusante. Reste que je suis monté à 95/100 en ayant une régularité sans faille ou presque. Avant ça, j’avais essayé la musique de Zelda en jouant sur les ralentis et les accélérations de belle manière, pour taper dans les 70. Le score indique donc la régularité du tempo et pas vos emphases. Wii Music Orchestra aura donc besoin d’un bon catalogue musical et de variété dans le gameplay pour prétendre être vendu plein pot.
Red Steel
C’est clairement le titre qui avait la plus longue file d’attente avant de jouer. Mais l’explication est simple : la phase de jeu durait entre 5 et 10 minutes contre 1 à 3 pour les autres titres. D’entrée de jeu, Red Steel frappe par de grosses lacunes techniques : l’aliasing sur les contours, notamment, est énorme. L’animation, déjà en 30 images/seconde, ralentit fréquemment. Bref, globalement, le jeu est très faiblard. On nous a toutefois assuré qu’il serait largement amélioré, ce qui vient confirmer les rumeurs selon lesquelles cette version e3 a été développée quelques semaines avant le salon. Dans sa jouabilité en revanche, pas de problème. Moi qui suis globalement mauvais aux FPS, à part Goldeneye, j’ai pu m’éclater dès le départ. Il est beaucoup plus facile de prise en main que je ne l’aurais pensé. Red Steel se contrôle étonnamment bien et le système rappelle beaucoup le combiné clavier/souris, avec un investissement beaucoup plus poussé. L’interaction avec les décors, par contre, n’est vraiment pas si terrible que ça. Bref, Ubi Soft a encore du boulot avant que son titre passe au statut de killer-app, mais l’approche reste intéressante.
Made in Wario Wii (Smooth Moves)
Là par contre, gros coup de foudre. Smooth Moves est extrêmement amusant. J’avais la banane tout le long de chacune de mes parties, et même quand les potes jouent cela déclenche des rires. Cette nouvelle itération se présente comme tous les précédents Made in Wario, sauf qu’avant chaque mini jeu, l’écran montre à présent la façon de tenir la télécommande pour la saynète à venir. Les transitions dévoilaient dix-huit manières différentes de saisir la télécommande, et chacune d’elles propose son lot de mini-jeux utilisant cette manière précise. Tout est bien sûr tiré au hasard. La démo essayée avait environ 20 mini-jeux et ne dévoilait pas toutes les prises en main possibles. Bref, un titre parfaitement adapté à la machine et, pour moi, définitivement un must have !
En conclusion…
Les jeux Wii testés au cours de l’évènement dévoilent le très fort potentiel de la machine, un peu comme la DS à ses débuts. Ils montrent également, et peut-être surtout, un énorme savoir-faire de Nintendô qui s’apprête à conquérir le monde vidéoludique en révolutionnant complètement ses manettes. Il fallait avoir le culot de le faire, eux le font avec le sourire et nous le donnent aussi, alors un bon gros pouce levé pour la firme qui frappe un très gros coup. Les titres essayés suivent la vague DS de jeux moins chronophages mais beaucoup plus fidèles au terme de « jeu vidéo ». Ils seront rejoints par des licences fortes et un peu plus conservatrices.
Le jeu de mots est facile mais je dis Wii sans hésiter, avec quand même un gros coup de cœur pour Made in Wario et pour le concept Wii dans son ensemble. Chapeau bas !