La préhistoire et la proto-histoire du Japon
Les origines de la civilisation nippone
Les origines du Japon remonteraient au paléolithique, plus de 30.000 ans avant notre ère. La préhistoire et la proto-histoire japonaises durent jusqu’au milieu du VIe siècle de notre ère, une date de fin qui correspond au haut Moyen Âge en Europe. Les archéologues l’ont découpée en fonction des types de cultures identifiées, qui se sont succédé ou ont pu cohabiter sur un même territoire à une époque donnée. Les ères successives Jomon, Yayoi et Kofun constituent les repères principaux de cette longue période.
Les premières traces avérées de peuplement du Japon remontent à 32.000 ans avant notre ère (à titre de comparaison, cette datation marque la fin de l’occupation de la Grotte Chauvet en Europe) et les archéologues supposent qu’elles sont le fait de plusieurs populations de chasseurs-cueilleurs arrivées par Kyushu, le nord-ouest de Honshu et Hokkaido. L’existence de cultures cohérentes est avérée beaucoup plus tard, plus précisément à partir de l’époque Jomon.
L’époque Jomon
Les scientifiques la font débuter vers 14.000 - 13.000 avant notre ère et finir aux alentours de 600 avant notre ère, avec une période de cohabitation avec la culture suivante. La civilisation Jomon, constituée de chasseurs-cueilleurs, occupait le territoire du sud de Hokkaido à Osaka et, à la fin de la période, on estime que 90% de sa population (pour un total entre 125.000 et 250.000) vivait dans la plaine du Kanto.
Les restes les plus communs sont des céramiques à motifs de corde et les dogu, des statuettes anthropomorphes en terre cuite. Plusieurs sites archéologiques documentent cette période dans le Tohoku, dont le plus important Sannai Maruyama à Aomori, a été occupé pendant 1.500 ans, et propose la reconstitution d’un village d’environ 700 habitations.
L’époque Yayoi
Les dates précises sont encore discutées, mais on peut en situer le début entre 800 et 400 avant notre ère et sa fin à environ 250 de notre ère. La culture Yayoi se trouvait surtout dans l’ouest du Japon : Kyushu, Chugoku et Kansai, dans la région autour de Nara. C’est l’époque de l’introduction de la riziculture et de techniques métallurgiques comme la fonte du fer et du bronze, depuis le continent asiatique et en particulier la péninsule coréenne.
Tout au long de cette période, les liens avec le continent restent étroits, et une société agraire sédentarisée se développe, avec une hiérarchisation progressive de la société visible notamment dans les rites funéraires (jarres-cercueils pour la population générale, tumulus pour une personnalité de haut rang). La fin de la période voit la construction des premières places fortifiées et le regroupement de la population dans de gros villages fondés sur une colline (comme à Nara).
Le parc historique Yoshinogari à Kyushu propose de découvrir la vie à l’époque Yayoi grâce aux fouilles et reconstitutions qui y sont menées depuis 1986. Un des objets caractéristiques de cette période est la cloche en bronze dotaku, à laquelle on prête un rôle rituel.
La période Kofun
Elle s’étend de la seconde moitié du IIIe siècle à la seconde moitié du VIe siècle et doit son nom aux nombreux tertres funéraires (kofun) érigés dans tout le Kansai pour des chefs locaux. Les premiers royaumes dont Kibi (Okayama), Izumo, se forment ainsi que le Yamato (大和) ou royaume de Wa (倭 ou 和) qui finira par s’imposer au VIe siècle. Ce dernier royaume se serait étendu jusqu’à Yakushima au sud, Niigata au nord, Aizu au sud du Tohoku, Yamanashi dans l’est et bien sûr le long de la mer intérieure de Seto. Il aurait été dirigé par une reine-chamane, Himiko, qui est identifiée selon certaines interprétations à l’impératrice semi-légendaire Jingu, dont le pouvoir se serait étendu jusque dans la péninsule coréenne.
Quoi qu’il en soit, les échanges diplomatiques, militaires et commerciaux avec les anciens royaumes coréens sont attestés et ont notamment permis l’introduction de l’écriture chinoise au Ve siècle et de nombreuses technologies (sériciculture, tissage de la soie, métallurgie, élevage…) apportées par les vagues migratoires venues du continent. De nombreux kofun nous sont parvenus, mais les sites en tant que tels sont peu intéressants car fermés à la visite : ils sont en effet toujours considérés comme des tombes impériales et sont rarement fouillés. Certains objets qui y étaient déposés, des peintures ou des sculptures haniwa, sont néanmoins visibles dans des musées comme le Musée municipal de Sakai, près d’Osaka, en grande partie dédié au kofun Daisenryo.
L’expression "période de Yamato" est parfois utilisée pour regrouper les périodes Kofun et Asuka, qui constituent une continuité culturelle.