Paprika
KON Satoshi ne réalise pas beaucoup de films, mais généralement il ne blague pas. Perfect Blue, Sennen Joyu ou encore Tokyo Godfathers ont tous, à leur manière, contribué à améliorer la diversité et la qualité de la japanimation. Sa dernière production, Paprika, a profité d'un budget conséquent et même d'une sortie ciné en France (c'est de moins en moins rare, mais quand même). Pour son dernier thriller psychologique, on retrouve l'esprit et le style de l'auteur : une vraie inventivité dans l'intrigue couplée à une technique de qualité.
On était donc partis sur de bonnes bases avec ses précédents films. Pourtant, Paprika souffre rapidement des défauts de ses qualités. Et notamment, il est grand public jusque dans son approche de l'onirisme. Du coup, les ficelles sont trop facilement découvertes. Par exemple, l'alter-ego de Paprika dans le monde réel est vite dévoilée, les deux univers (réel / rêves) bien distincts et définis clairement comme tels dès le début. Du coup, le film ne perd pas son spectateur comme dans Perfect Blue et cela rend l'angle d'attaque d'autant plus linéaire.
C'est dommage car Paprika a des qualités franchement incompressibles. Artistiquement, déjà, le film est encore plus impressionnant que ses grands frères. Précis, coloré, détaillé et animé à merveille, il se pare d'une mise en scène de qualité qui use des techniques de transition et de déformation probantes. Pour accompagner cette superbe animation, la bande-son met en avant un thème musical entêtant et stylé, dans une filiation proche d'Innocence.
On passe quand même un bon moment avec Paprika, car il reste un film chiadé de bout en bout. Mais il lui manque le petit plus produit qui parait notamment Perfect Blue d'un côté passionnant, ici trop noyé dans le manichéisme ambiant. Il ne faudrait pas que Satoshi Kon se "grand-publiquise" trop car, depuis son coup d'éclat, il n'a plus réinventé grand chose... Cela reste divertissant, mais encore trop léger pour les enfants gâtés que nous sommes.