Amer Béton
Tekkon Kinkreet
On avait déjà entendu parler d’Amer Béton il y a quelques années, à travers un court-métrage des fameux 4°C. Aujourd’hui, le studio réitère l’exercice en déclinant enfin ce manga de Taiyo Matsumoto dans un format qu’il mérite : le long-métrage d’animation. Pendant près de deux heures, Blanc et Noir vont arpenter leur béton de Takara-machi et nous offrir un spectacle d’une beauté et d’un intérêt juste époustouflants.
La petite originalité qui caractérise cet Amer Béton, c’est qu’il est réalisé par un américain expatrié au Japon depuis une vingtaine d’années. Michael Arias avait déjà officié sur les Animatrix (notamment le court Beyond) et sur Princesse Mononoke. De belles références, qui lui permettent de laisser éclater ici tout son talent de réalisateur. Car Amer Béton est un conte brûlant, violent, sanglant mais terriblement mélancolique. Derrière cet urbanisme pictural se cachent des tableaux de voyage parmi les plus impressionnants, qui se déclinent petit à petit au fur et à mesure qu’on s’enfonce avec les deux orphelins dans la noirceur de l’aventure.
Amer Béton est signé d’une main de maître, à travers une mise en scène intense, psychédélique mais réfléchie, entre des séquences d’une violence inouïe et d’autres passages émotionnellement très forts. Ces gamins de la rue forment un duo d’un charisme ahurissant ; ils emmènent avec eux un film d’une beauté, d’un concret, d’une fantasmagorie… Il y a un soin amoureux porté aux décors, aux animations et aux courses-poursuites, qui créent un ensemble juste exceptionnel. Amer Béton est violent et doux, intime et global, réaliste et poétique, complexe et simplissime, mais toujours magnifique, pondéré et profondément humain.
A mi-chemin entre Mindgame et Akira, il sait dépasser ses références et offrir un voyage ébouriffant qui emmène cette œuvre du manga vers une dimension nouvelle qu’on n’est pas prêts d’oublier. Amer Béton s’impose clairement comme l’une des nouvelles très grosses références de la japanime. Passer à côté de cet impressionnant spectacle serait tout simplement un crime contre l’ouvrage artistique d’animation dans son ensemble.