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Xbox de Microsoft

Retour sur la prise en main de la console

⏱ 13 minutes

Après de nombreuses incursions sur le marché du jeu vidéo 🎮 en tant que partenaire, Microsoft lançait aux USA, en novembre dernier, sa première console de jeux. Vendue sous son nom de code Xbox, la boîte à Billou aura su susciter la polémique, certains la voyant comme le messie du jeu vidéo, et d'autres reprochant fermement la tendance monopoliste obsessionnelle de Microsoft. Ici, nous n'avons pas réellement été convaincus dès le départ par cette machine. Il faut dire qu'entre les 489Euros à sa sortie et les 249Euros avec deux jeux d'aujourd'hui, il y a un fossé. C'est pourquoi de nombreux mois séparent ce dossier de la sortie de la machine.

La machine en elle-même

A l'ouverture de la boîte (au passage, il est amusant de constater que Microsoft précise bien qu'il s'agit d'une console de jeu à l'avant du packaging), on découvre le contenu traditionnellement offert avec une console, soit un câble d'alimentation, un cinch, un pad, la notice, une carte d'enregistrement, et, bien sûr, la machine. La boîte est énorme, mais la console qu'elle abrite l'est tout autant. Un peu plus large, bien plus haute et plus profonde qu'une PS2, la Xbox décroche sans problème la palme de la console de jeu la plus volumineuse. De plus, elle est vraiment très lourde. Tellement d'ailleurs qu'il est déconseillé dans la notice de la faire tomber sur des enfants en bas âge, ceci pouvant causer de graves blessures ;-). Comme les photos le montrent si bien, la machine a un design quelque peu… hum, comment dirais-je… "spécial", mais plutôt dans le mauvais sens du terme. La machine ne cache pas ses origines américaines et nous montre donc des formes vraiment lourdes, avec un choix de plastique des plus douteux. Alors que sa masse devait imposer une certaine robustesse, le plastoc noir cheap au possible lui donne plutôt une apparente fragilité. Je n'ai pas trouvé que le plastique faisait tellement cheap, même s'il n'impose pas la robustesse qu'il devrait. Pour ce qui est du design, après la PlayStation 2, la Xbox paraît peut-être de moins mauvais goût. Et je dois avouer qu'elle fait peut-être plus classe que ce que je m'imaginais en voyant les photos. N'exagérons rien : elle est encore à des années-lumière du style de la NGC ! En tout cas, comme le dit Julien, elle ne cache pas ses origines américaines, notamment dans la taille des câbles audio/vidéo et de secteur. Idem pour la couleur des fils de la manette. Tout simplement abject ! A tout ceci s'ajoute le fait qu'elle s'intègre vraiment très difficilement au reste de l'installation TV/hi-fi/Vidéo (le plastique noir matte et brillant et le vert fluo, pas terrible à côté d'une installation récente, de plus en plus souvent de couleur gris métal). Mieux vaudra donc trouver un endroit où elle sera un peu plus cachée. Et comme le tiroir du lecteur de DVD est frontal, ça ne sera pas difficile de lui trouver le bon emplacement. Au dos de la console, on trouve trois prises. Une pour le câble d'alimentation, une pour le câble vidéo (énormes, souvenez-vous !), et la troisième est en fait un port Ethernet, permettant soit de relier plusieurs Xbox pour jouer en LAN, soit de brancher dans un avenir proche un modem haut débit pour jouer Online. Bien vu de la part de M$, la Xbox est la seule machine (exception faite de la Dreamcast, bien évidemment) directement prête pour le jeu Online. Moins bien vu de leur part, par contre, pour l'absence de sortie optique à l'arrière de la machine. C'est beau de vanter les mérites du 5.1 sur consoles, mais une prise directement sur la machine, et non via un adaptateur - bien évidemment vendu en option -, n'aurait pas été du luxe. Disons que le plus petit amateur de belles images, qui achètera un câble RGB, fera attention à trouver sur celui-ci une sortie optique. Mais on connaît la "politique" de M$ de tout vendre séparément ; on ne pourrait pas vous détailler une liste exhaustive, l'hébergeur refuserait par manque de place ! Toujours est-il que le RGB Bigben possède cette sortie optique, et qu'il reste à un prix bien inférieur que le câble officiel. Cependant, si vous disposez d'un kit 5.1, ce petit investissement supplémentaire en vaut vraiment la peine (voire la partie sur le son plus bas). A l'avant de la machine, rien de bien anormal non plus, quatre ports manette, un bouton "power" et un bouton "eject". Les plus maniaques, et j'en suis, noteront tout de même l'absence parfois assez gênante d'un bouton "reset". C'est TRES gênant, d'autant que contrairement à la DC, il n'y a même pas -à ma connaissance- de reset manette. Lourd !

Une fois allumée, la machine laisse échapper un bruit de ventilation assez fort, sans pour autant égaler les aspirateurs que sont la PS2 et la DC. Cependant, la NGC reste la console nouvelle génération la plus silencieuse. Le disque dur fait lui aussi son petit bruit, que l'on croyait jusqu'alors réservé aux PC, alors que la lentille du lecteur DVD s'avère elle aussi assez silencieuse. A l'écran, on a droit à une petite animation de démarrage sympathique (les goûts et les couleurs... personnellement, elle me fait gerber ; j'aurais préféré l'animation des publicités), dans les tons de la console, censée sans doute une fois encore représenter la puissance renfermée à l'intérieur de la machine. A la suite de ça, on se retrouve dans le menu, proposant de gérer les fichiers du disque dur et des cartes mémoire, de copier de la musique sur le disque dur (pour la réutiliser par la suite dans certains jeux compatibles avec cette fonction, excellente idée, même si je n'ai pas encore eu l'occasion de la tester), et de régler tous les paramètres de la machine. A ce sujet, je tiens à féliciter Microsoft pour avoir eu la bonne idée d'inclure le sélecteur 50/60hz directement dans le menu de la machine. Ainsi, il suffit d'enclencher le mode 60hz au premier allumage, et après, plus besoin de s'en soucier. Pareil pour les autres paramètres audio et vidéo, qui une fois réglés dans le menu s'adaptent à tous les jeux. Vraiment très confortable comme option. En revanche, le design des menus fait preuve, encore une fois, d'un mauvais goût certain.

L'immonde caisse noire abrite aussi un assez gros potentiel. Même si dans les faits, ça ne semble pas aussi magnifique que ce que nous promettait la très exagérée fiche technique de Microsoft, la Xbox offre tout de même des jeux aux graphismes riches, et surtout propres. Peu, voire pas d'aliasing et de scintillements, voilà qui nous change des jeux PS2. Et finalement c'est ce que je demande. Peu importe le nombre de polygones, de textures ou d'effets spéciaux à l'écran, l'essentiel est que tout ceci soit rendu proprement à l'écran (il n'y a rien de pire que de superbes décors gâchés par l'aliasing et les scintillements). Et à ce niveau-là, la Xbox s'en sort très bien (Halo et Jet Set Radio Future en sont de parfaits exemples, vu qu'ils allient à la fois propreté d'image et graphismes très travaillés). Par contre, je ne sais pas si c'est lié aux jeux où à la machine, mais les ralentissements se font tout de même assez souvent ressentir dans les quelques jeux en ma possession pour l'instant. Un point à suivre donc sur le long terme, mais il est toujours rageant de voir de temps à autre Jet Set Radio Future ramer méchamment sur un hardware censé nous sortir 125 millions de polygones texturés à la seconde, tous effets activés. Exact, j'ai trouvé ça très perturbant, voire inquiétant. La GC, qui lui est soi-disant inférieure en terme de puissance, ne ralentit pas. C'est bien beau de balancer des chiffres, mais si les quelques millions de polygones font ramer la console... Reste aussi à voir si ce que nous voyons aujourd'hui représente bien une première génération de jeu, ou si, au contraire, elle nous a déjà tout donné. Mais au vu de photos de certains titres à venir (Panzer Dragoon Orta), je pense que cette machine va nous réserver encore quelques surprises.

Les controller officiels, de mauvais à pas mal, voir même bon

Ce n'est un secret pour personne, je n'aime pas le pad officiel Xbox. Et même après avoir passé encore plusieurs heures à jouer avec ce pad depuis mon billet d'humeur à ce sujet, je n'arrive toujours pas à le trouver satisfaisant. Mais heureusement, Microsoft a eu la bonne idée de nous sortir officiellement le pad japonais en Europe, sous l'appellation Controller S. Plus petit que le pad d'origine, mais toujours plus grand qu'un pad PS2 ou NGC, il perd cependant la trop grande épaisseur qui rendait le pad de base inutilisable pour les petites mains. Inutilisable, peut-être pas, mais très difficile et gênant de prise en main, certes. Et c'est déjà trop de défauts. La disposition des boutons est également mieux pensée. Les quatre boutons principaux sont moins bombés, un peu plus grands (mais vraiment pas beaucoup), et plus espacés, ce qui rend leur utilisation nettement plus agréable. Je n'ai pas testé le Controller S, mais les boutons du pad original font vraiment trop cheap. Ils sont par ailleurs trop bombés et la pression est difficile. Par contre, les deux boutons "secondaires" noir et blanc sont toujours autant mal placés. Situés en dessous des boutons principaux, il faudra soit utiliser l'articulation du pouce pour appuyer dessus, ou alors changer carrément de place la main sur le pad. Pas terrible, mais heureusement, ils sont très peu utilisés. Les boutons "start" et "back" souffrent du même problème, en étant placés sous le stick de gauche. Mais tout est une question d'habitude, et on prend vite le coup de déplacer le pouce vers la gauche plutôt que vers la droite. Et leur utilisation est également assez limitée (surtout pour le bouton "back"). Pour en terminer avec les boutons, les deux triggers situés à l'arrière de la manette sont vraiment sympa. Suivant le modèle de ceux du pad DC, ils sont cependant un peu plus larges, et semblent plus solides. En revanche, ils possèdent sans doute moins de niveaux de pression. Mais peu importe, la sensibilité des index ne décèlera aucune différence. Les deux sticks analogiques, bien que manquant quelque peu de résistance, ont une forme qui les rend très agréable à utiliser. Je n'en dirai pas tant pour le pad livré avec la machine... Enfin, la grosse surprise : la croix. Celle du pad de base était tellement ratée (je n'y croyais pas, mais elle est vraiment pathétique) que j'avais peur pour celle du Controller S. Et bien non, ce n'est pas le cas. Elle est souple, précise, et ne fait pas mal aux doigts après deux minutes de jeu. Idéale pour Dead or Alive 3 ! Ce Controller S est au final une très bonne surprise. Je pensais Microsoft incapable de faire un pad décent (en témoignent leurs nombreux pads Sidewinder pour PC), et pourtant, ils y sont arrivés. Dommage juste qu'il faille l'acheter en plus de la machine chez nous, contrairement au Japon où il est directement livré avec.

Le son

Plus qu'au niveau des graphismes, qui, une fois encore, n'ont rien de très supérieurs à ceux offerts par les machines concurrentes, c'est surtout du côté du son que la Xbox apporte une réelle évolution. Une fois branchée sur un kit 5.1, via la petite sortie optique située sur l'AV Advanced Pack (vendue à part, bien évidemment), ou dans la petite boîte se trouvant le long du câble RGB officiel Microsoft (lui aussi vendu part), l'on découvre une toute nouvelle dimension du son dans un jeu vidéo. On avait déjà pu entrevoir un bout de cette évolution sur PS2, avec certains jeux contenant des cinématiques en 5.1 (The Bouncer, Kaze no Klonoa 2 ou Metal Gear Solid 2, entre autres), mais là, la Xbox va plus loin en offrant du Dolby Digital 5.1 également pendant les phases de jeu. Et croyez-moi, sur un titre comme Halo, c'est tout simplement époustouflant ! L'expérience est unique. Imaginez-vous vous faire tirer dans le dos, et entendre le son arriver effectivement de derrière vous, et non de face, comme c'était le cas avant. Vraiment saisissant ! Lorsque vous êtes encerclés par les flics dans Jet Set Radio Future, ça ne l'est plus qu'à l'écran, mais bien tout autour de vous. Vous êtes littéralement aspirés au cœur de l'action. A n'en pas douter, avec le 5.1, une grande étape vient d'être franchie au niveau de l'immersion dans des univers virtuels. C'est une excellente innovation que le Dolby Digital 5.1 dans le jeu vidéo. Lorsque l'on revient sur PS2 ou NGC ensuite, on ne peut s'empêcher de regretter les choix des autres constructeurs (notamment le DPLII de Nintendô...). Je n'aime pas écrire cela, mais bravo MicroSoft !

Le lecteur DVD-Vidéo

Accessoire, tout comme pour la PlayStation 2, indispensable à l'esprit de la console, le lecteur DVD-Vidéo joue un rôle très important puisqu'il représente une des raisons majeures, en ces temps ludiquement incertains pour la Xbox, de son intérêt. A contrario de la version PlayStation 2, le lecteur présent dans la Xbox est plombé et devra faire l'objet d'un investissement supplémentaire de 30Euros en télécommande et récepteur infrarouge pour être débloqué. Micro$oft, quand tu nous tiens…
Bref, pour une rallonge relativement importante, nous sommes en droit de réclamer un produit de qualité. Fort heureusement, c'est le cas. Thomson, responsable du DVD-Vidéo de la Xbox, fait honneur à sa réputation en nous offrant un lecteur solide et très satisfaisant.

Personnellement, je l'ai testé avec un câble RGB et une sortie optique qui permet une sortie en 5.1 grâce à un ensemble home cinema, et la qualité -aussi bien en terme de son que d'image- n'a pas eu à rougir de lecteurs DVD de salon de milieu de gamme.
La télécommande, légère et plutôt agréable à prendre en main, reste esthétiquement dans les tons de la gamme Xbox. On aime ou pas, donc, mais ce n'est pas le plus important. L'on retiendra juste que la Xbox se dote là d'un lecteur DVD qui remplacera aisément l'achat d'un appareil de salon. Reste que l'investissement à faire pour le débloquer a encore du mal à passer, au vu de son intérêt intrinsèque tout relatif…

Alors, convaincu ?

Je vous le dis franchement, j'aurai craché tout mon venin sur la Xbox pendant ses premiers mois de vie. Et ceci continue encore aujourd'hui. Cependant, je dois reconnaître que Microsoft n'a pas non plus bâclé son produit. On pourra certes toujours reprocher le fait que cette multinationale ait des ambitions de monopole sur notre marché, mais à côté de ça, avec un regard de joueur, ne regardant que le jeu, on ne peut pas ne pas passer à côté de la Xbox, ne serait ce que pour les nombreuses exclusivités Sega (Jet Set Radio Future en particulier). Donc même si je ne suis pas encore totalement convaincu par les "bonnes" intentions de Microsoft sur ce marché, les jeux, eux, l'ont déjà fait, et j'avoue passer d'agréables moments en compagnie du veau noir et vert de M$. Après plus d'un an d'existence, seuls deux jeux m'ont intéressé sur Xbox : JSRF et Halo. Il faut préciser que je suis surtout amateur de jeux japonais. Néanmoins, la console promet de belles choses, si toutefois les problèmes de ralentissements peuvent être palliés. Espérons-le. Par contre, je n'apprécie pas beaucoup la vente "forcée" des accessoires pour accéder à la qualité, ni le prix des jeux, et la politique mercantiliste de M$ (on devrait moins convaincre les développeurs par l'argent que par les qualités de son hardware). La Xbox proposera bien sûr de grands jeux... Je ne suis pas réconcilié pour autant avec MicroSoft, mais je parviendrai tout de même à prendre du plaisir grâce à leur machine. A suivre.

Mis à jour le 09 février 2021