Genko-an
La vue Zen sur les érables depuis les fenêtres
Genko-an est un petit temple bouddhiste Zen de la secte Soto situé au nord-ouest de Kyoto. Si sa visite est réputée en automne pour la vue sur les érables rouges depuis les fenêtres du pavillon principal, les fidèles profitent à l'année d'une visite empreinte de sérénité, ainsi que d'un retour dans le passé ensanglanté du château de Fushimi.
À l'ouest de Kyoto, Genko-an est connu auprès des Japonais mais peu de voyageurs étrangers poussent la découverte jusqu'à son enceinte. Bien que situé dans les environs du très célèbre Kinkaku-ji, il bénéficie peu de la manne touristique du pavillon d'or qui a l'habitude de se diriger ensuite vers le sud en direction des temples Ryoan-ji et Ninna-ji, plutôt que de poursuivre vers le nord.
La zone résidentielle de Takagamine abrite ainsi plusieurs petits temples de quartier que l'on peut visiter en toute tranquillité. Certains se révèlent de magnifiques exemples du Bouddhisme Zen à l'image du Genko-an, fondé en 1346 par un prêtre Rinzai et qui appartient depuis 1694 à l'école Soto grâce au maître Manzan Dohaku (1635 - 1715).
Sa visite se concentre autour de son pavillon principal hondo, composé d'une vaste pièce en tatami ouverte sur le jardin japonais qui entoure le bâtiment. Au centre, trône l'autel bouddhiste et son triptyque de statues qui consacre le Bouddha originel Shakyamuni.
De l'intérieur du hall, on est rapidement attirés par la vue sur l'extérieur. Une avancée en bois engawa permet de profiter d'une première contemplation sur le jardin japonais de style karesansui, verdoyant et minéral. La vue la plus réputée du temple se situe au niveau des 2 fenêtres traditionnelles de forme géométrique particulière et qui proposent d'admirer les érables japonais et par la même, de s'exercer à la méditation pour gagner en vraie sagesse. De cette façon :
- la fenêtre circulaire, baptisée Satori no mado, est la "fenêtre de l'Éveil" et fait référence au stade suprême de Zen atteint par les bouddhas, avec le cercle qui représente l'univers ;
- et son pendant, la fenêtre carrée que l'on nomme Mayoi no mado et qui représente la "fenêtre de la Confusion", c'est-à-dire les épreuves que traversent tous les humains au cours de leur vie, à savoir : la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort.
La vue sur les érables du Genko-an se montre particulièrement jolie et attendue à l'automne lorsque les arbres momiji 🍁 rougeoient en abondance. Le temple affiche alors sa plus haute fréquentation durant les quelques jours vers la fin novembre qui marquent le pic du changement des couleurs automnales. On recommande également les saisons du printemps 🌸 et du début de l'été, lorsque les nouvelles feuilles ao-momiji 🌿 affichent un éclatant vert tendre.
Le meilleur temple pour observer les plafonds de sang
On lève ensuite les yeux pour observer en détail le plafond en bois du pavillon principal, qui a été construit à partir de planches issues du château 🏯 de Fushimi-Momoyama, au sud de Kyoto. On y remarque de nombreuses tâches brunâtres ainsi que des empreintes distinctes de pied et de main d'homme. Ces plafonds de sang baptisés Chitenjo témoignent toujours de la fin tragique du siège de Fushimi.
En 1600, le samouraï Mototada Torii ⛩️ et plusieurs centaines de ses guerriers au service du seigneur Tokugawa Ieyasu, se suicident par seppuku à la suite de la prise du donjon. Le sang coule à flot et s'imprègne dans le sol pendant plusieurs jours. Au moment du démantèlement du château de Fushimi, son plancher ensanglanté va être réutilisé pour la construction de 5 temples de la région :
- Honen-in à Ohara, dans les montagnes au nord de la ville ;
- Shoden-ji et Genko-an, au nord-ouest de Kyoto ;
- Yogen-in à l'est du centre-ville ;
- et Kosho-ji à Uji.
Les âmes défuntes par sacrifice rituel peuvent enfin ainsi trouver la paix. Les plafonds de sang du Genko-an sont réputés pour être bien conservés, ce qui ravira sans aucun doute les amateurs d'Histoire du Japon.
Bien que son enceinte soit petite, le temple se révèle une très bonne surprise pour l'ambiance Zen qu'il dégage et la visite intérieure de ses bâtiments très bien entretenus ; on recommande donc chaudement sa visite.