Faut-il aller au festival des Arts Martiaux de Bercy ?
Derrière ce titre volontairement provocateur se cache une vraie question : à qui est destiné ce festival annuel et que peut-on espérer y trouver ?
Je ne suis pas allé au festival depuis plusieurs années et pour être honnête, je ne le regarde même plus tant il est facile de trouver des vidéos de meilleure qualité sur le net aujourd’hui. Je dois pourtant lui reconnaitre quelques qualités.
Le spectacle avant tout
Bercy est un festival grand public, avec tout ce que ça comporte comme conséquences. Par la taille de la salle et la diffusion sur Paris Première, le festival touche un public nombreux mais aussi moins « spécialiste ». Ce n’est pas grave en soi, c’est même un positionnement cohérent pour un évènement de cette taille.
Depuis quelques années on voit donc allègrement fleurir la catégorie arts martiaux artistiques. Cette année ne fera pas exception avec en particulier du Nunchaku artistique. La tradition sera bien loin. De même, on verra très probablement les taekwondo-in dégommer des pommes accrochées à un sabre a 2m50 de haut avec un salto arrière. Impressionnant et spectaculaire sans l’ombre d’un doute, martial ? Nettement moins.
Un spectacle de cette envergure se doit avant tout d’être visuel, et il est évident que des pratiques qui parlent à des inities ne parleront pas forcement au grand public. De même, les disciplines plus confidentielles ne souhaitent pas nécessairement participer. Le spectacle fait aussi que certaines disciplines plus profondes ne peuvent montrer que la surface des choses, comme ce sera encore sans doute le cas avec Me Aosaka du Shorinji Kempo. C’est le problème de toute démonstration, a fortiori de cette taille.
La découverte de nouvelles disciplines
Ce n’est souvent pas le Japon qui est mis en avant à ce niveau, les disciplines japonaises ayant déjà connu un brillant essor. Cette année on comptera quand même le Kaze No Ryu (dont je ne connaissais même pas le nom, je vais donc de ce pas me renseigner). On pourra aussi découvrir l’art iranien Pahlevani. Rien que pour ça, le festival mérite que l’on tire son chapeau.
Coté Japon
Les démonstrations devraient ressembler à ce qui se fait chaque année, avec plus de Karaté Shotokan qu’à l’accoutumée (avec des experts français des 40 dernières années) : Karaté Shotokan et Kyokushin Kai, mais aussi Shito Ryu avec Nakahashi sensei, le Shorinji Kempo, de l’Aikido démontré pour une fois par quelqu’un d’autre que Christian Tissier (même s’il semble que l’on reste dans une pratique très proche). On y trouvera aussi du Taiko (tambour japonais), qui amènera peut être un aspect plus culturel dans cette grande fête.
Bien que ne suivant plus le festival, je reconnais que je ne ratais jamais ce rendez-vous annuel lors de mes premières années de pratique. Il a au moins le mérite de montrer des écoles diverses et c’est une bonne chose. La richesse des arts martiaux, du Japon ou d’ailleurs, est extraordinaire et cet évènement permet à chacun de s’en rendre compte. Les limites d’un tel festival sont nombreuses et normales, mais il ne faut pas oublier qu’il ne s’agit que de démonstrations et que de nombreuses choses sont difficiles à faire passer sans le toucher.
Pour les passionnés d’arts martiaux japonais (et je suppose qu’ils sont nombreux ici), Leo Tamaki organise chaque année la Nuit des Arts Martiaux Traditionnels. L’évènement ne se limite pas au Japon, mais son parcours et ses origines font que les arts japonais y tiennent une place essentielle. Cet évènement est moins oriente vers le grand public et me semble un excellent complément a Bercy.
Pour en savoir plus sur les festivals au Japon, consultez l'article sur mon blog consacré au festival du Nippon Seibukan à Kyoto. La photo de une est tirée du site officiel.