Jukendo, la baïonnette japonaise
Jukenjutsu au Mokuju
Le Jukendo, l’art de la baïonnette, est un art d’autant plus méconnu hors du Japon qu’il rappelle fortement la période colonialiste de l’archipel. Visuellement, le Jukendo se rapproche beaucoup du Kendo, tant par ses armures que par l’utilisation d’une arme en bois. Le maniement est en revanche bien distinct puisqu’il s’agit avant tout de piquer. Les techniques viennent d’ailleurs pour la majeure partie d’écoles de Sojutsu (l’art de la lance). Le Jukenjutsu existe depuis le 17e siècle, mais c’est réellement aux débuts de l’ère Meiji et suite à l’importation massive d’armes à feu 🔥 qu’il a pris son essor.
D’abord enseignées sous le nom Jukenjutsu a l’académie militaire Toyama de Tokyo, la pratique fut interdite après la seconde guerre mondiale (ainsi que de nombreuses autres pratiques martiales). En 1950, alors que de nombreux arts sont toujours interdits, le Jukendo réapparut lorsque les américains autorisèrent la création d’une police de réserve de 75,000 personnes, dont le but (en depit de son nom) était avant tout de créer une force militaire capable d’éviter l’extension de la guerre de Corée. Ces hommes étaient équipés de carabines et de fusils M-1. Dès 1952 la Japan Amateur Jukendo Federation fut établie (remplacée en 1956 par la All Japan Jukendo Federation)
Les Jukendoka utilisent un Mokuju, une réplique de fusil en bois, protégée à l’extrémité pour éviter les accidents. Les cibles principales sont la gorge, le cœur et la partie basse de l’adversaire.
J’ai découvert le Jukendo pour la première fois il y a deux ans lors du 19efestival annuel de la All Japan Budo Federation au Butokuden de Kyoto. La tenue m’avait d’abord fait penser a du Kendo, mais le maniement de l’arme m’a tout de suite ramené à la réalité. J’avoue avoir été particulièrement surpris de voir cet art, aussi intéressant que rare hors du Japon.
Cette année encore le Jukendo était présent au festival, la vidéo ci-dessous montre un aperçu intéressant de cette pratique.