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Risque nucléaire au Japon : le diktat de la peur

Catastrophe radioactive des centrales en France

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Je ne suis pas spécialiste en nucléaire.

Pas plus, mais peut-être pas moins non plus que tous ces journalistes et politiques qui nous harcèlent depuis des jours sur le risque nucléaire, après avoir lu une page Wikipédia.

La catastrophe japonaise a un peu plus d'une semaine. Vendredi 11 mars à 6h46 heure française, un séisme de magnitude 9.0 a secoué la Terre au large des côtes du Tôhoku (voir la carte du Japon). Quelques minutes après, un tsunami s'abattait sur ses côtes. Quelques heures plus tard, la centrale de Fukushima commençait à inquiéter : la vague géante a perturbé les lignes électriques qui alimentent son système de refroidissement.

Depuis, les médias occidentaux semblent tourner en boucle autour du nucléaire. Ici, on entend que le Japon est un pays dévasté et que les Japonais ne contrôlent plus rien. Là, que les rejets radioactifs de Fukushima pourraient atteindre l'Europe. On fustige le supposé manque de communication du gouvernement japonais sans penser à balayer devant sa porte.

Les politiques s'en mêlent. Comme de bien entendu, la Droite soutient la politique française du "tout nucléaire" inspirée il y a plus d'un demi-siècle. En règle générale a contrario, la Gauche plurielle et les lobbys divers crient au réveil face à des choix jugés dangereux voire criminels pour la population. Tout cela sur fond d'élections cantonales les 2 weekends à venir...

En bout de chaîne, une audience qui écoute ce que lui dit la télé comme parole d'évangile, qui lit les journaux et les intègre comme argent comptant sans autre forme de procès. Quand bien même y aurait-il un rattrapage électoral. Quand bien même les envoyés spéciaux commenteraient la situation du Tôhoku et de Fukushima depuis la Chine ou au mieux depuis Osaka. Quand bien même Cécile Duflot, loquace secrétaire nationale des Verts et diplômée d'un DEA de géographie, situerait le Japon dans l'hémisphère sud.

Une audience qui a peur, qui cède parfois à la panique, qui pense que tout le Japon n'est plus qu'un amas de gravier, de bois et de boue, et qui dévalise les magasins pour trouver de l'iode ou des compteurs Geiger. On leur montre des images de Japonais qui portent des masques 😷 en parlant de radioactivité, sans leur dire que la plupart des Asiatiques en portent dès qu'il fait froid ou que les niveaux de pollens sont élevés.

A demi-mot, on s'étonne (on se désole ?) de ne voir aucune image de cadavres. On ironise sur le comportement japonais qui ne montre aucune émotion, on se demande même parfois si ce ne sont pas juste des inconscients. On voit le monde avec des œillères, par le petit trou de la serrure de son prisme occidental et de sa grande gueule de latin. Si l'autre ne réagit pas comme nous, il ne peut être qu'étrange...

Pendant ce temps, au Japon.

Il y a une zone d'exclusion de 30 kilomètres autour des centrales nucléaires de Fukushima. En leur sein, des dizaines d'hommes se sacrifient depuis une semaine pour sauver la situation. Mais, de l'avis de tous les experts, comparer l'accident de Fukushima à celui de Tchernobyl n'a jamais été qu'une énorme connerie depuis le début.

250km plus loin, à travers les montagnes, Tokyo va bien. Aussi étonnant que ça puisse paraître pour certains, la vie ne s'y est pas arrêtée, en témoignent ces webcams qui filment la vie en direct. De nombreux conbini sont mal réapprovisionnés ; la capitale économise son énergie, connaît des coupures d'électricité programmées pour accompagner l'effort de rebranchement des refroidisseurs pour les centrales. Les premières simulations de dispersion du nuage radioactif par l'IRSN (Césium 137 et Millisieverts) montre une ville qui a été exposée à des doses éloignées de tout danger pour la santé.

Quant au reste du Japon, dont Kyoto et toutes les villes plus au Sud, on pourrait dire qu'il n'a pas connu le drame. Sa population, en revanche, montre des signes d'une solidarité indéfectible.

Parmi les expatriés, il y a déjà 2 groupes : ceux qui ont fui (on parle de 80% des 9.000 Français au Japon), parfois lâchement ou parfois par prudence, sous les pressions de leur famille ; et ceux qui sont restés par confiance et par foi, parce qu'ils aiment le Japon tout autant dans l'adversité.

Les Japonais font face à l'évènement avec intégrité, courage et confiance, sans effusion d'émotions inutile. Les Français, eux, bien au chaud dans leur fauteuil, cèdent à une trouille nombriliste orchestrée par des médias en quête de sensationnalisme et des politiques catastrophistes. Imaginez une seule seconde les conséquences d'une telle catastrophe en France...

L'image des étrangers, en l'occurrence des Français au Japon, est certainement en train d'en pâtir même si les Japonais ne le disent pas.

Cette semaine, j'ai parfois eu honte de mon pays. On a plus parlé de notre petit confort que des milliers de morts, que du demi-millions de sans-abris du Tôhoku. On a peu parlé de dons et des "seuls" 5 morts à Tokyo qui vient quand même de connaître un "big one", de l'organisation d'une ville tentaculaire qui ne s'est écroulée ni humainement ni économiquement. Quelle autre capitale aurait su faire aussi bien ?

La sanité, mon poumon de l'information, c'est Twitter. Parce que je soutiens le Japon, je ne vais pas chercher à remuer la merde là où il n'y en a même pas.

Et lorsque je retournerai au Japon cet été, j'en profiterai toujours autant qu'à chaque fois que j'y voyage. Parce que c'est un peuple noble, qu'il l'a prouvé une fois de plus, et que son pays ne cessera jamais de m'émerveiller.

元気出して頑張れ、日本!!

Mis à jour le 15 novembre 2016