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Nucléaire : le risque radioactif d'un voyage au Japon

Centrale de Fukushima et voyage à Tokyo

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Mon dernier article spécifique sur la question du nucléaire au Japon remonte à la mi-janvier, il s'agit de Fukushima / Tchernobyl : la carte de comparaison. Toutefois, je sens que ce sujet bouillant est très prégnant dans vos interrogations, d'où sa fréquente immiscion dans les discussions, notamment en commentaires des articles publiés sur Kanpai autour du voyage au Japon.

J'ai donc décidé de proposer cet article afin de rouvrir clairement et spécifiquement le débat, ceci en priorité pour deux points : d'abord pour montrer à certains ce que j'assure depuis le 11 mars 2011, c'est à dire que je ne bloque pas la discussion intelligente, ni n'ai d'idée fermement arrêtée autour de la crise nucléaire japonaise ; et pour que chacun puisse clairement exposer son avis, ses interrogations, ses arguments sur le sujet.

Mon avis sur la question du nucléaire au Japon n'est jamais définitif. Tout simplement car, d'une part, je ne suis pas expert du sujet ; comme la plupart d'entre vous d'ailleurs, bien que dans les médias, et Internet 📶 n'y fait pas exception, on ait vite tendance à s'auto-proclamer ou se faire proclamer spécialiste. D'autre part, il est illusoire de penser qu'on connaisse aujourd'hui la portée réelle de conséquences que des dizaines d'années et la difficile levée du secret d'un état mettront à dévoiler.

Dans un sens général, je suis de ceux qui pensent qu'il y a potentiellement un danger à voyager au Japon mais que pour l'écrasante majorité des touristes, c'est à dire ceux qui restent dix à vingt jours sur place, ce risque se range quelque part entre le minime et le réduit. C'est la raison pour laquelle je continue à encourager les personnes ayant cette volonté de partir visiter le Japon, à y voyager (exception faite, il va sans dire, de la zone interdite des 40km autour de la centrale).

Je maintiens ce que j'ai déjà exposé dans ces pages, à savoir qu'à mon sens, on court du risque à se trouver un peu partout dans le monde. D'autres failles sismiques menacent des populations, par exemple celle de San Andreas en Californie. On a l'impression que chaque semaine marque sa découverte d'un nouvel élément cancérigène dans la viande, les récoltes, les boissons que l'on nous vend en occident. Bien entendu, cela n'atténue pas la crise japonaise, mais il est toujours plus facile de voir la paille dans l'oeil de son voisin que la poutre dans le sien.

Evidemment, toutes ces idées ne reflètent que mon humble conviction, elle n'ont pas portée de parole d'évangile et je ne forcerai jamais quiconque à être d'accord avec moi. Pour les inquiets (que je ne juge absolument pas, chacun est libre de sa pensée) ou ceux qui partent avec des enfants et veulent minimiser le risque en évitant le Tôhoku voire Tokyo et Aomori / Hokkaidô, il reste tout le sud du Japon : Okinawa, Kyushu, Hiroshima / Miyajima, Shikoku voire Osaka et le Kansai : Kyoto, Nara, etc.

Je veux également exprimer que, toute considération politique mise à part, j'ai une tendance plutôt écologiste dans le sens où je souhaite véhiculer des valeurs de respect pour la nature au sens général et de cohésion entre sa sauvegarde et les nécessités liées au développement démographique.

Il y a, en revanche, une action que je trouve déplorable : c'est la manière dont certains, sous couvert de vouloir prévenir les populations, agressent leurs interlocuteurs et se posent en défenseurs de la (seule) bonne parole, censeurs de la conscience juste et objecteurs du savoir penser correctement. Si je partage certains points de fond, je suis généralement en total désaccord avec la forme, le ton et les termes gnomiques employés.

Cette dérive (à mon sens) du discours vers l'anxiogène ou l'ingérence va à l'encontre de l'intérêt commun qu'ils cherchent à protéger. Quelle que soit la gravité de la crise, cela ne peut pas justifier le ton anti-débat brutal voire menaçant qu'on trouve parfois. Je ne crois pas que l'on puisse faire passer un message intelligent en jouant sur la peur, la culpabilité et la division des esprits.

Il existe des tonnes de liens, d'études et analyses, de compte-rendus tous plus contradictoires les uns que les autres, auxquels on cherche surtout à s'accrocher pour confirmer ce que l'on ressent à titre personnel. Pour cet article, je pointerai seulement vers une source. Le flux Twitter de Karyn Nishi-Poupée, journaliste Franco-Japonaise correspondante pour l'AFP à Tokyo, qui effectue notamment un travail de curation sans relâche sur l'après 11 mars.

Terminons par une donnée factuelle : à ce jour, il ne reste plus qu'un seul réacteur nucléaire en activité au Japon, sur les 54 qui l'étaient au 11 mars 2011. Tepco n'exploite plus d'unité nucléaire en fonction aujourd'hui. Début mai, il n'y aura plus aucune centrale en opération sur le territoire japonais.

Se pose désormais la question de savoir combien de ces arrêts de réacteurs sont définitifs. Avant l'épisode Fukushima, l'énergie nucléaire représentait environ 30% de la production d'électricité du pays. Dans quelle mesure le Japon va-t-il être en capacité de trouver des énergies alternatives qui ne constituent pas un danger, tant sur le plan de la pollution que d'un point de vue sanitaire pour ses ressortissants, expatriés et touristes ?

Mis à jour le 01 octobre 2018