Pourquoi les Japonais(es) portent des masques
😷 Bien avant le Covid
Avec la grippe A en 2009, le monde semble avoir découvert l'utilisation possible du masque sanitaire 😷 dans le cas éventuel d'une pandémie. Concernant le Japon, vu de l'Occident, depuis 2011 on a surtout vu des reportages parler de Japonais portant des masques suite à une possible contamination nucléaire liée à la centrale de Fukushima. Auparavant (notamment dans les années 1990) on entendait surtout qu'au Japon, en particulier dans les mégapoles comme Tokyo, il fallait porter des masques à cause des pics de pollution.
Plus récemment, c'est le coronavirus 🦠 de début 2020 qui a remis le masque sanitaire sous le feu 🔥 des projecteurs. Il devient même obligatoire dans de nombreux pays occidentaux à partir du printemps 🌸 et de l'été de cette année Covid-19.
Beaucoup d'idées reçues, de clichés et de dramatisation se font autour de l'utilisation de ces masques dont l'usage est pourtant très répandu au Japon et dans beaucoup de pays d'Asie, depuis déjà un bon moment, même chez les enfants à partir de la maternelle. Il serait ainsi apparu progressivement après la pandémie de grippe espagnole en 1919, qui aurait causé plus de 400.000 morts.
Le port du masque par les Japonais sur le nez et la bouche a plutôt d'autres usages principaux que nous détaillons ci-après.
Raisons principales au port du masque au Japon
🦠 Réduire la circulation des virus
D'abord, une fonction anti-propagation exploitée lorsque l'on a attrapé un virus, afin de ne pas contaminer les autres avec ses microbes. Vue la densité de population, notamment dans les grandes villes et dans les transports en commun, les maladies sont plus facilement transmissibles et cela réduit le caractère épidémique de virus comme le rhume ou la grippe.
Ainsi les personnes en contact avec beaucoup de monde, tels que les personnels des gares, sont également nombreuses à en porter.
De même, on le portera en prévention, pour ne pas attraper un virus si par exemple des collègues toussent ou éternuent. Des études montrent ainsi qu'il réduirait de 80% le risque de contagion.
En novembre 2020, le gouvernement japonais autorise les chauffeurs de taxi à refuser les clients ne portant pas de masque, dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de Coronavirus.
Dans ce même ordre d'idées, s'il fait très froid dehors ou en cas d'air sec, porter un masque permet de ne pas respirer l'air "directement" et évite d'irriter sa gorge ou d'attraper froid.
🤧 Prévenir les allergies aux pollens
Ensuite, une fonction de prévention des allergies. Comme nous l'expliquions dans notre article sur le rhume des foins au Japon, les pollens y sont très puissants et de nombreux Nippons (entre un quart et la moitié de la population) sont allergiques. Du coup, le port du masque japonais au printemps est très courant.
💄 Masquer son visage sans maquillage ou non rasé
Également, les (plus ou moins) jeunes Japonaises qui n'ont pas eu le temps, ou qui n'ont pas daigné se maquiller, porteront un masque pour éviter de le faire sur le bas du visage. Ainsi, un "simple" coup de mascara et/ou de crayon fera illusion. Il en va de même en cas de point noir ou bouton inélégant survenu pendant la nuit !
Pour les hommes, même combat : on pourra porter un masque si l'on n'a pas eu le temps de se raser et qu'une barbe non taillée apparaît, ce qui s'avère impoli au travail au Japon.
🕶 Préserver son anonymat
Enfin, les stars n'hésitent pas à porter le combo masque + lunettes de soleil pour préserver leur anonymat face aux paparazzi.
Mais les lunettes noires étant mal vues dans de nombreux espaces publics japonais, beaucoup de personnes lambda (non connues) se servent du masque pour ne pas avoir à connecter socialement.
Citons également pour l'anecdote le cas Carlos Ghosn qui est sorti de détention provisoire le 5 mars 2019, après 108 jours en prison, le visage caché par un masque sanitaire.
🏭 Se protéger de la pollution
C'est une idée reçue qui vient probablement d'autres pays d'Asie, notamment la Chine.
La pollution au Japon ne justifie pas de porter un masque sur le visage. Par exemple, Tokyo est l'une des capitales du monde les moins polluées : elle a notamment banni tous les véhicules diesel, responsables de dizaines de milliers de morts prématurées en France tous les ans, depuis les années 1990.
🙇🏻 Acceptation sociale
Au Japon, avoir une bonne partie du visage caché par le masque sanitaire ne pose aucun problème, même lors d'interactions sociales. Il s'agit d'une simple marque de respect et d'hygiène relativement dépendante des mœurs de la société japonaise. C'est pourquoi lors d'un voyage au Japon, on croise de nombreuses personnes quels que soient le sexe, l'âge ou la saison, qui portent des masques sanitaires.
Il existe de nombreux fabricants de masques et il s'en vend un peu partout, notamment dans les konbini (supérettes de quartier) ou encore les 100¥ Shops. La qualité du masque est dépendante du prix payé : la plupart sont dans un tissu plutôt épais et résistant. L'écrasante majorité des masques vendus sont blancs, mais on en trouve aussi de plus farfelus ; il nous est arrivé de croiser notamment des enfants Japonais avec un imprimé de train Shinkansen 🚅, Hello Kitty, Disney, Sailor Moon ou des dents de vampire... ou encore des adultes avec des masques en forme de petite culotte !
Les masques de la marque japonaise Pitta sont très populaires ces dernières années. La population apprécie la finesse du tissu qui le rend très respirable, surtout en été, et la variété des couleurs disponibles. Cependant, ce masque à une seule couche anti-pollution et anti-pollen, ne permet pas de filtrer de petites particules comme celles des virus. Il n'est donc pas recommandé pour se protéger du Covid-19. Un nouveau masque blanc à 3 couches, baptisé Pitta Mask 2.5a, est mis sur le marché japonais en 2020 pour répondre à l'urgence sanitaire.
En 2020, la célèbre marque Uniqlo sort un masque intitulé AIRism, lavable 20 fois en machine et respirant pour mieux supporter la chaleur de l'été japonais. Le lot de 3 masques est proposé à 990¥ (~6,05€), il arrive en France début octobre à 12,90€.
Rien qu'au Japon, il se vendrait plusieurs milliards de masques antibactériens chaque année.
🙅 De rares détracteurs
Un récent mouvement, mené par le YouTubeur Hiratsuka Masayuki qui s'est présenté aux élections pour devenir gouverneur de Tokyo en juillet 2020 (et qui a totalisé 0,15% de votes), réfute le port du masque. Son slogan de campagne était "le Corona est un simple rhume".
Depuis, quelques dizaines de fidèles se sont regroupés à plusieurs reprises, notamment à Shibuya, pour protester contre les mesures de distanciation physique, les consignes de rester chez soi, l'état d'urgence sanitaire ou encore la vaccination obligatoire, et l'intérêt du masque sanitaire en particulier. Une position pour le moins iconoclaste au Japon.
Il était même prévu de réaliser une forme de "covid party" (appelé "cluster festival") dans une rame de la ligne de train Yamanote à Tokyo en août 2020, mais elle fut tuée dans l'œuf.