Le signe de victoire des Japonais sur les photos
On pourrait assimiler cela à un poncif et pourtant, les faits ne cessent de le corroborer : une majorité de Japonais, en particulier chez les jeunes (femmes) posent sur les photos en arborant le signe de victoire.
Historique de l'adoption du signe de paix au Japon
Ce n'est d'ailleurs pas qu'une "moutonnerie" toute japonaise, comme d'aucuns le signent parfois, puisque de nombreux Asiatiques partagent cette même habitude, dont la plupart ne savent pas eux-mêmes d'où elle puise ses origines. Jusqu'au très sérieux Time Magazine s'est penché sur la question pour déterminer sa genèse.
L'histoire de ce phénomène se construirait donc en trois étapes successives :
- Deux manga populaires ont initié l'intérêt pour le signe de victoire : d'abord Kyojin no Hoshi (L'étoile des géants) sur le baseball, de Noboru Kawasaki en 1966, puis Sign wa V! (V est le signe !) d'Akira Mochizuki dès 1969, sur le volleyball, qui sera d'ailleurs adapté en animé et en version live.
- Lors des Jeux Olympiques 🏅 de Sapporo en 1972, l'Américaine Janet Lynn part favorite pour l'or en patinage artistique, une discipline très appréciée des Japonais. Après une chute qui lui bloque l'accès à la première place (elle obtiendra finalement le bronze), Lynn garde le sourire et s'attire ainsi le respect des Nippons qui en deviennent fans par milliers. Lors de ses sorties médiatiques, la patineuse pose régulièrement les doigts en V... L'engouement est né.
- Au début des années 1970, le chanteur du groupe pop The Spiders, Jun Inoue, joue dans des publicités pour les produits Konica et arbore lui aussi ce signe. Avec l'utilisation de plus en plus fréquente des appareils photo 📷 personnels, le V devient viral en particulier auprès des jeunes femmes.
L'expansion depuis l'archipel vers le reste de l'Asie de l'est se fait progressivement dans les années 1980, avec l'exportation notamment du soft-power nippon. On le retrouve ainsi désormais couramment à Hong-Kong et dans le reste de la Chine, en Corée du Sud de même qu'à Taïwan.
De la bonne utilisation des doigts en V pour poser
Si les jeunes Asiatiques, et Japonais(es) en particulier, semblent avoir oublié son origine pour la plupart, le signe reste toujours aussi populaire. Impossible de passer à côté lors d'un voyage au Japon, ou tout simplement sur les SNS (réseaux sociaux), que ce soit chez les célébrités nipponnes ou des personnes tout à fait lambda.
Et bien souvent d'ailleurs, les étrangers de passage en voyage au Japon singent les Japonais et leur empruntent ce signe amusant.
Avec les années, le signe initial a pu évoluer et se diversifier. Le geste "de base" pourrait être, si possible, paume vers l'extérieur avec les doigts (index et majeur) en V près du bas du visage. Pour accentuer l'esprit kawaii de la pose, on inclinera les doigts vers la face (et inversement) en penchant la tête en avant pour l'affiner, voire en gonflant les joues avec la bouche en rond. Cela rappelle alors largement l'idée de son équivalent récent en occident : le duckface.
Également, on pourra mettre le signe de victoire directement sur le visage, par exemple sur la joue ou en plaçant un œil entre les doigts. L'accompagner d'un clin d'œil s'avère également plutôt populaire. On notera aussi comme alternative au signe de paix le salut militaire, largement constaté par exemple chez les idols (jeunes chanteuses et modèles japonaises).
Enfin, n'oubliez pas d'accompagner votre pose du célèbre チーズ!chee-zu!, directement inspiré de l'international "cheeze", en insistant là bien sur la dernière syllabe toute japonaise. Pour sourire sur les photos, les Japonais disent aussi に~〜! niii!, qui signifie "deux" comme le nombre de doigts levés.