Kyu Iwasaki-tei Teien
Le jardin tokyoïte de l'ère Meiji
Kyu Iwasaki-tei Teien est l'ancienne propriété de la famille Iwasaki, composé d'un jardin de style occidental et japonais, situé à l'ouest de Ueno au nord de Tokyo. Caractéristique de la modernisation du Japon sous l'ère Meiji, le site propose la découverte de 3 résidences aux architectures d'époque ainsi que d'un jardin de pelouses.
Un des 9 jardins historiques de Tokyo gérés par la métropole, Kyu Iwasaki-tei Teien témoigne de l'architecture et de l'art du jardin japonais à l'époque Meiji (1868 - 1912) lorsque l'empereur revient au pouvoir, s'ouvre vers l'Occident et modernise l'industrie au Japon.
À l'origine domaine féodal perché sur les hauteurs de la nouvelle capitale japonaise sous le shogunat Tokugawa, le site appartient à plusieurs seigneurs successifs pendant la période Edo (1603 - 1868) avant de devenir la propriété de la famille Iwasaki. Celle-ci fonde en 1870 le groupe Mitsubishi par le biais de Iwasaki Yataro (1835 - 1885), également propriétaire des jardins Kiyosumi Teien et Rikugi-en.
En 1896, Kyu Iwasaki-tei Teien est la nouvelle résidence principale de Iwasaki Hisaya (1865 - 1955), fils ainé de Yataro et 3ème président historique de Mitsubishi. La propriété couvre alors une superficie de 4,9 hectares environ, pour une 20aine de bâtiments qui mêlent différents styles architecturaux.
Réquisitionnée à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, l'ancienne résidence du clan Iwasaki est léguée à l'État japonais qui s'en sert pour son administration. En 2001, la ville de Tokyo récupère la gestion du site et l'ouvre au public. On visite aujourd'hui environ un tiers de ce qui a existé, soit une superficie d'1,7 hectares composée de 3 bâtiments et 2 types d'espaces verts.
La visite de 3 bâtiments d'époque
La résidence occidentale se dresse comme la principale construction de style européenne du jardin, réalisée par l'architecte britannique Josiah Conder (1852 - 1920), surnommé le "père de l'architecture moderne japonaise", également connu pour être à l'origine du Rokumeikan dans le quartier de Hibiya. Le style du bâtiment emprunte à l'architecture jacobéenne du XVIIe siècle, du mouvement de la Renaissance anglaise. D'extérieur, on détaille la façade sud à colonnades habillée d'une terrasse et d'un large balcon à l'étage. La visite intérieure permet de découvrir plusieurs espaces et pièces de mobilier d'époque ainsi que de beaux papiers-peints préservés, notamment ceux réalisés en relief et en cuir doré.
Connectée à la résidence occidentale qui servait de bâtiment de réception, le pavillon japonais affiche une architecture traditionnelle de style shoin-zukuri, caractéristique du début de la période Edo. Cette maison, qui abritait les appartements privés de la famille, a vu sa surface se faire grignoter par les hauts immeubles alentours. Il ne reste aujourd'hui que le salon de réception décoré de quelques peintures sur fusuma, qui offre une vue confidentielle sur le jardin et les 2 autres bâtiments.
La dernière construction à voir est la maison de billard qui s'avère également une création de Josiah Conder. Ce dernier s'est inspiré pour cette réalisation d'un chalet de montagne suisse. La visite intérieure n'est pas ouverte au public et l'on reste sur le seuil pour admirer la décoration à dominance de bois sombre de la salle de jeux. À noter que cette annexe est reliée par un passage souterrain à la résidence occidentale.
Les 3 bâtiments sont encadrés par un jardin à 2 visages :
- la zone boisée en périphérie de la propriété date de l'époque féodale Edo ;
- en place centrale, le jardin de pelouses (baptisé shiba-niwa en japonais) illustre l'évolution de l'art des jardins japonais sous l'ère Meiji. Afin de mettre en valeur l'imposante architecture occidentale, le jardin se simplifie en une vaste et plane étendue de gazon où serpente un chemin de promenade.
Légèrement à l'écart des sites touristiques les populaires de Tokyo, Kyu Iwasaki-tei Teien reste à l'abri de la foule et sa visite se fait en toute tranquillité. On prend alors le temps pour faire de belles photos et revenir sur les personnalités historiques qui ont façonné le paysage de l'actuelle capitale japonaise.