Ueno Toshogu
Le mausolée doré des Tokugawa à Tokyo
Ueno Toshogu est un sanctuaire shinto situé dans le parc d'Ueno, au nord-est de la capitale japonaise. Construit en 1627, il est dédié à Tokugawa Ieyasu (1543 - 1616), unificateur du Japon de l'époque Sengoku et fondateur du bakufu (gouvernement shogunal) des Tokugawa. Les visiteurs contemplent la décoration extérieure riche et dorée du pavillon principal et arpentent les allées bordées de lanternes.
Le nom de "Tosho-gu" fait référence au titre posthume, Tosho Daigongen, accordé à Tokugawa Ieyasu par la cour impériale du Japon. On retrouve ainsi plusieurs sanctuaires à travers le Japon qui portent cet intitulé et servent de mausolée à la lignée des chefs Tokugawa.
Celui de Nikko reste le plus célèbre de tous par sa grandeur. Dans les environs de la capitale, on retient également Kunozan Tosho-gu à Shizuoka, pour son atmosphère intimiste et l’éclat de ses décorations ainsi que le temple Senba Toshogu à Kawagoe, pour le détail des sculptures sur le bois des façades.
Ueno Toshogu profite de son emplacement emblématique et très touristique pour attirer les visiteurs qui prennent le temps d’arpenter toutes les allées du parc Ueno Koen. Le sanctuaire est entouré par le zoo de Ueno, l’étang Shinobazu et le sanctuaire Gojo. Aux intersections principales du parc, l’entrée est accessible depuis une allée secondaire que l’on ne remarque pas forcément de prime abord. La vue d’un torii ⛩️ en pierre et les panneaux indicatifs présents aident à bien se repérer. À noter qu’une deuxième entrée peut se faire également par la porte Shinobazu qui se situe sur une allée encore plus en retrait.
Au fur et à mesure que l’on se dirige vers les pavillons shinto, on débouche sur un chemin bordé de part et d’autre de majestueuses rangées de lanternes 🏮 de pierres et en cuivre. Ces dernières s’avèrent être des dons de seigneurs féodaux faits lorsque le bâtiment principal fut reconstruit en 1651, par le 3e shogun Tokugawa Iemitsu (1604 - 1651), en l’honneur de son grand-père. En plus d’abriter l’esprit d’Ieyasu Tokugawa, Ueno Toshogu renferme également ceux de Yoshimune Tokugawa (8e shogun Tokugawa) et Yoshinobu Tokugawa (15e et dernier shogun de la dynastie).
Une attrayante petite enceinte sacrée
On s’approche du cœur de la visite par la magnifique porte Karamon, qui permet d’entrer dans l’enceinte principale et sacrée du site. Sa couleur dorée ainsi que ses gravures de dragons, signées Hidari Jingoro, célèbre sculpteur de l’époque Edo (1603 - 1868), confèrent à cet édifice une certaine singularité. Dans la même veine architecturale, on détaille la finesse du mur Sukibei, ajouré et décoré de jolies sculptures de différentes espèces animales. Il laisse apercevoir le pavillon principal qu’il protège. Ce dernier ne se visite malheureusement pas de l’intérieur mais il ne manque pas d’attirer le regard par sa beauté rayonnante et son aura.
De style gongen-zukuri, le haiden (bâtiment du culte) et le honden (sanctuaire principal) sont reliés sous un même toit en forme de H. On se laisse donc volontiers le temps nécessaire pour admirer cette structure originale aux tons de noir et d’or. Ces bâtiments ont résisté à l’épreuve du temps et notamment aux importants tremblements de terre survenus dans la région.
À noter que Ueno Toshogu faisait autrefois partie du Kan'ei-ji, le grand temple du clan Tokugawa qui a été presque entièrement détruit à la fin de l'époque Edo. Il reste aujourd'hui la pagode à 5 étages qui se dresse à l'extrémité nord-est du sanctuaire.
Le jardin de pivoines
Depuis l’allée principale qui permet d’accéder au sanctuaire, on trouve sur la gauche le jardin Botan-en qui propose une belle collection de pivoines à contempler en hiver (寒牡丹 kan-botan) puis au printemps 🌸.
De début janvier jusqu’à la mi-février, près de deux cents espèces de la famille des Paeoniaceae, baptisées Fuyu-Botan (qui signifie "pivoines d’hiver") s’exhibent le long d’un agréable petit parcours. Elles symbolisent la bonne fortune et la beauté de ces fleurs ont inspiré les plus grands artistes comme Utagawa Hiroshige (1797 - 1858) qui aimait les représenter sur des estampes.
On apprécie les couleurs flamboyantes et le parfum subtil de ces fleurs, particulièrement en hiver lorsque la végétation n’a pas encore repris ses droits. Protégées d’éventuelles chutes de neige ❄️ sous un abri en paille ou par un petit parasol japonais, les pivoines se retrouvent ainsi bien mises en évidence et accompagnent agréablement la visite du Toshogu.