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Tourisme au Japon : le marasme économique

Annulation de voyages (Flyjin)

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C'est un peu ce que l'on craignait avec la fuite de beaucoup de Français de Tokyo. Cette mise en lumière n'était que le reflet d'un départ général des gaijin (étrangers) du Japon, quelle que soit leur nationalité, vers leur pays natal. Aujourd'hui, les sources s'accordent à dire qu'un certain nombre d'expatriés sont revenus au Japon, mais combien précisément, il est très difficile de l'évaluer.

Toutefois ce ne sont pas ces expatriés, ayant "profité" pour certains des événements du 11 mars pour se prendre quelques vacances, qui inquiètent le plus l'économie japonaise. On est plutôt anxieux vis-à-vis du tourisme, comme le montre cette récente et inquiétante brève de la NHK.

Selon ces informations, 240.000 étrangers auraient quitté le Japon la semaine qui a suivi le 11 mars, soit 100.000 de plus que les 7 jours précédents. Le bureau d'immigration enregistrait 160.000 étrangers entrant au Japon avant le séisme / tsunami, contre 60.000 la semaine qui a suivi et 50.000 celle d'après.

Peut-être encore plus inquiétant : les touristes en vacances, de passage au Japon pour quelques semaines au maximum, dont le nombre a chuté de 120.000 à un impressionnant petit 20.000 après la catastrophe... Il faut croire que la peur du nucléaire est encore bien présente auprès des vacanciers hésitants à effectuer un voyage au Japon, d'autant que les voyagistes / tour-opérateurs sont toujours interdits de proposer des séjours au Japon jusqu'au 30 avril. Depuis hier en revanche, le Ministère des Affaires Étrangères français adopte une position plus positive :

Résider ou voyager à Tokyo ne comporte pas actuellement de risque pour la santé des populations. Résider ou voyager dans le reste du pays ne présente pas de problème particulier.

De son côté, la télé japonaise s'en mêle puisque ce mercredi, la chaîne Asahi TV a consacré 15 minutes de reportage à la chute du tourisme au Japon, ainsi qu'aux "flyjin" ou flykokujin (déformation du mot "gaijin" qui signifie "étrangers").

Le reportage parle entre autres des rues désertées d'Akihabara, traditionnellement pleines d'étrangers (en particulier de Chinois), des réservations d'hôtels en chute libre, de la baisse du nombre d'étudiants étrangers au Japon, de la perte du business chez certains agents immobiliers pour étrangers (l'offre surpasse largement la demande), du manque de main-d'œuvre asiatique dans les fermes et usines, etc.

Un économiste affirme que la baisse du tourisme au Japon et la fuite des étrangers pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l'économie japonaise, à hauteur de 1500 milliards de Yens.

A noter que sur Kanpai, vos témoignages semblent plutôt aller dans l'autre sens ; cf. l'article "Voyage au Japon : vous partez ou pas ?". Et le cours du Yen 💴, dans le même temps, redevient favorable au tourisme pour les étrangers.

D'un autre côté, le gouvernement japonais, qui a stoppé toutes ses campagnes de promotion du tourisme au Japon, ne fait (encore ?) aucun effort pour relancer l'économie touristique dans son pays. Certains pensent qu'on peut s'attendre à de prochaines baisses de prix sur les vols Paris-Tokyo ou sur les hôtels au Japon 🏨, mais pour l'instant rien n'est moins sûr.

2011 : -27,8% au total et -36,8% de Français !

Complément du 03.02.2012

Les chiffres du tourisme au Japon en 2011 sont éloquents : nous avons été 27,8% d'étrangers de moins qu'en 2010 à nous y rendre l'année dernière, et pour les Français, la baisse a même atteint les -36,8% ! Si pour ma part, et comme d'autres, j'ai tenu néanmoins à m'y rendre l'été dernier, les causes principales de cette chute de fréquentation sont relativement évidentes :

Concrètement, selon l'Office National du Tourisme au Japon, 6,22 millions d'étrangers (voyageurs d'affaires compris) ont séjourné au Japon en 2011, contre 8,61 millions en 2010, chiffre qui constituait un record de fréquentation. A titre d'information, la France est toujours le pays le plus visité au monde, avec 76,8 millions de touristes en 2010, dont 15,1 millions rien qu'à Paris (via).

La baisse la plus forte a évidemment été ressentie après le tremblement de terre et les événements de Fukushima : en avril, la fréquentation a atteint -62,5%. En fin d'année, cette chute était moins visible : -11,7% tout de même. Quant aux Français, nous avons effectué 95.400 visites au Japon en 2011, soit -36,8%.

Évidemment, le gouvernement japonais a cherché à promouvoir le tourisme afin de relancer cette industrie en berne. La mesure la plus retentissante a été cette proposition de 10.000 billets d'avion gratuits pour le Japon, qui n'a finalement pas été validée pour des questions logiques de budget.

Mais au milieu de ces mauvaises nouvelles, on trouve une note positive pour l'industrie japonaise du tourisme : la fréquentation des Chinois a augmenté de 35% en 2011, avec 92.300 visiteurs. Et pour cause, l'obtention du visa a été facilitée permettant ainsi aux classes moyennes de voyager en masse : pour les individuels, il faut désormais justifier d'un salaire annuel de 60.000 Yuans (environ 7.000€) contre 250.000 auparavant.

Même s'ils dépensent plus de deux fois moins que les Américains lors d'un voyage au Japon (117.000¥ contre 250.000), les Chinois devraient être de plus en plus nombreux à visiter les îles japonaises. On parle de +80% en 2012 ! La Chine est déjà devenue, depuis l'année dernière, le premier pays importateur de produits japonais devant les États-Unis. Le commerce nippon cherche donc à séduire cette population et à la détourner de la Corée du Sud, qui reste leur destination favorite.

N'oubliez pas de visiter mon article synthétique pour séjourner au Japon sans se priver avec un budget précis : comment partir 15 jours au Japon avec 1.800€ ?

Mis à jour le 31 octobre 2016