Coraline
C’est comme à chaque fois que je vois un film d’animation non japonais. J’ai envie d’écrire un petit quelque chose dessus mais cela ne rentre pas dans notre ligne éditoriale. Alors, une fois encore, je vais faire une entorse à la baseline de Kanpai et vous donner mon avis rapide sur Coraline. Le film, récemment sorti au cinéma, est l’œuvre du réalisateur Henry Selick. Pour les amateurs, il était associé à Tim Burton et Danny Elfman sur L’Étrange Noël de Mr Jack il y a 16 ans. Mais cette fois, malgré des rapprochements d’univers évidents, c’est sans ses compères qu’il a réalisé son dernier film.
Inspiré d’un conte noir de Neil Gaiman, Coraline y puise son univers froid, fantasmagorique un peu glauque avec son pendant chaleureux. Ici, la diphase est d’autant plus évidente que la petite passe d’un monde triste à son miroir enchanté. On a pu rapprocher le film d’Alice au Pays des Merveilles ou du Voyage de Chihiro de Miyazaki, en ce qu’ils représentent des figurations du rêve éveillé, mais Coraline va encore plus loin en jouant sur cette idée de symétrie. Tous les protagonistes ont leur version fantasmée, ce qui vaut d’ailleurs à Teri Hatcher une très bonne performance de doublage.
Seule ombre apparente au tableau de l’autre monde, les boutons noirs cousus à la place des yeux des protagonistes. Le symbole des fenêtres de l’âme est évident, mais c’est aussi l’occasion de remarquer que Selick n’est pas avare de ce genre de métaphores. Tout aussi incontestable, la petite porte murée, qui fait office de passage entre les deux mondes, est autant une référence forte qu’une remarque appuyée sur l’innocence de l’enfance et la représentation des volontés.
Et c’est encore sur sa plastique que Coraline continue à émerveiller. Mariage subtil de stop-motion à l’ancienne et d’incrustation numérique, le film est graphiquement bluffant, et surprend par la vie insufflée aux protagonistes. En point d’orgue, on notera évidemment le passage où l’entièreté du monde se dépixellise autour de Coraline, pour virer au blanc et créer un Omega comme mixé entre Super Mario Galaxy et les exécutions d’Assassin’s Creed 2. Magique.
Si vous en avez l’occasion près de chez vous, profitez de la version 3D du film. Mais même sans, Coraline reste une très belle expérience du cinéma d’animation.