Kaena La Prophétie
Rapidement mis en avant par beaucoup comme le fleuron de l’animation francophone, Kaena – La Prophétie n’en dispose pas moins de nombreuses qualités. Le nom qui retient en premier l’attention est celui du producteur Marc DU PONTAVICE, déjà officier sur des petits bijoux tels qu’Oggy et les Cafards ou Les Zinzins de l’Espace. Mais c’est Chris DELAPORTE qui tiendra les rennes de la réalisation de ce long-métrage, épaulé par Farid RUSSLAN, musicien accompagnateur émérite.
Kaena s’ouvre sur une séquence d’animation impressionnante de maîtrise technique et de mise en scène. Si elle augure du meilleur pour la suite, le film présentera pourtant des disparités importantes, tant dans son graphisme que dans son animation. Certains décors sont absolument superbes, contemplatifs, et magnifiquement mis en couleurs, alors que d’autres frisent le médiocre ou le manque flagrant d’inspiration. Il en va de même pour l’animation : certains passages sont de véritables petites perles alors que d’autres nous renvoient aux débuts de l’animation en images de synthèse (avec saccades, aspect tassé des personnages, etc.). Il y a notamment un réel défaut de rendu sur les liquides, qui est pourtant l’un des éléments clés de l’histoire : sa physique n’est pas réaliste, et glisse sur les autres corps sans laisser de trace.
J’ai noté également quelques soucis dans le character design : Kaena, son mentor et les vers sont très réussis, mais les autres ne profitent vraiment pas du même soin. Les villageois se ressemblent tous plus ou moins, la reine et son seul mâle se fondent dans leur décor et, de manière générale, les protagonistes sont tout assez clichés. L’on retrouve donc sans grande surprise les personnages vus et revus de la grosse animation francophone : la jeune femme forte, le méchant qui sombre dans sa croyance, le boute-en-train 🚅 moulin à parole, etc. La raison à tout ces petits regrets : Kaena devait à l’origine n’être qu’un court-métrage. Ainsi, il n’y a que quelques personnalités réelles et l’histoire n’est pas excessivement travaillée. Pourtant, on ne s’ennuie pas une seconde ou presque pendant l’heure et demie que dure le film.
Reste que les productions citées en début d’article ont cet aspect « fou-fou » qui fait beaucoup de leur charme et qui manque cruellement au long-métrage. Globalement, le film est une sacrée réussite qui mérite d’être vue, rien que pour prouver que nos petits frenchies sont capables d’animer très correctement par ordinateur et de mettre en scène des histoires intéressantes. Le film est juste sorti trop tard, et dans l’ombre de productions telles que celles de Pixar, ce qui lui vaut une réputation moins large.