Les enfants du temps (critique)
La suite spirituelle de Your Name (Makoto Shinkai)
Les enfants du temps est un film d’animation japonais réalisé par Makoto Shinkai. Sorti en juillet 2019 au Japon, ce long métrage était très attendu par le public car il fait suite au succès mondial de Your Name en 2016. On assiste à la rencontre de Hodaka Morishima, jeune lycéen qui part tenter sa chance à Tokyo, avec Hina Amano, jeune fille solaire aux pouvoirs surnaturels.
De retour sur le grand écran après trois ans d’absence, Makoto Shinkai se devait de transformer son essai grand public après l’immense succès de Your Name, qui avait pris tout le monde de cours en 2016.
Le réalisateur a beau avoir, sur vingt ans de carrière, près d'une dizaine d'œuvres à son actif, il n'a réellement percé hors du petit monde de l'animation qu'en 2016. Pour son cinquième long-métrage, il écrit et réalise toujours avec l'appui du studio Comix Wave, comme depuis ses débuts. Les enfants du temps, sorti au cinéma le 19 juillet 2019 au Japon (où il a trouvé un succès conséquent de plus de 10 millions d'entrées) et le 8 janvier 2020 en France, paraîtra en DVD et BluRay le 9 septembre sous nos latitudes.
Bien entendu, l'on retrouve des éléments classiques du style Shinkai, à commencer par ses décors toujours aussi magnifiques, au style photoréaliste pastel inimitable, qui donnent furieusement envie de sortir se balader à Tokyo tant son amour de la ville déborde de l'écran. Le réalisateur parvient à sublimer la capitale japonaise d'une esthétique déjà élégante (ces scènes d'une telle beauté au Sky Deck de la Mori Tower...), cette fois à l'aide d'un plus grand nombre de rotations 3D, verticales, horizontales ou à 360°, plutôt bien maîtrisées et intégrées. La pluie de la typique saison tsuyu ☔️ s'inscrit ici comme élément principal du décor ; un vrai travail, parfaitement réussi, a donc été effectué pour l'incorporer de la meilleure manière possible. Enfin, le groupe Radwimps se positionne toujours aux commandes de la bande originale, avec des morceaux adaptés et un accompagnement musical très réussi qui savent éclairer la rythmique des arcs : tantôt calme, tantôt plus énergique et motivante.
La partition filmique des Enfants du temps s'avère toutefois sensiblement différente de celle de Your Name, qui maîtrisait sa structure quasi constante de A à Z. Ici, le film n'est qu'une montée graduelle en puissance et, si l'on peut s'inquiéter de ne pas le voir décoller au terme de son premier tiers, il ne s'écarte jamais de son objectif jusqu'à un final particulièrement réussi. Un poil plus sombre que son prédécesseur, principalement dans son caractère réaliste avec une approche de la vie japonaise plus crue (le deuil, les difficultés du manque d'argent, l'hébergement temporaire en manga café ou en love hotel 🏩), le long-métrage contrebalance avec des éléments fantasques : on retrouve alors le rôle de miko découvert avec Your Name, dans une approche shinto plus spirituelle, qui lui conférerait presque des accents du Garçon et la bête de Mamoru Hosoda. Les caméos sobres de Mitsuha et Taki, ici remplacés par les plus jeunes Hina et Hodaka, accompagnés de personnages secondaires tous réussis, ne se montrent tous ni trop présents ni trop absents.
Plus qu'un tsuyu devenu fou alors qu'il ne s'arrête plus, Makoto Shinkai adresse surtout cette fois-ci le changement climatique au global et les récents évènements qu'a connus le Japon comme de nombreux autres pays du monde : canicule, typhons 🌀, séismes, dérèglement des saisons... S'il ne tutoie peut-être pas la surpuissance de Your Name en ce qu'il garde une proximité quasi constante du couple amoureux typique du réalisateur, Les enfants du temps reste un film d'animation terriblement généreux, extrêmement costaud et qui confirme l'exceptionnelle maîtrise de Makoto Shinkai.
Encore, encore, encore !