Lettre à Momo (critique)
Film Momo e no Tegami de Hiroyuki Okiura
En consultant la filmographie fournie de Hiroyuki Okiura, on s'aperçoit que le monsieur a participé à un paquet de grands titres de l'animation japonaise, en particulier en tant qu'animateur-clé : Akira, Patlabor, Kiki la Petite Sorcière, Lodoss, Ghost in the Shell, Kenshin, Metropolis, Cowboy Bebop, Naruto ou encore Paprika (la liste complète est encore beaucoup plus longue). Mais dans toute sa carrière, et notamment au studio Production IG dans lequel il travaille quasiment depuis ses débuts, il n'a jamais réalisé qu'un seul film : Jin-Roh.
Lettre à Momo, qui lui a valu de s'y consacrer exclusivement pendant près de sept ans, marque donc son grand retour à la tête d'un film d'animation d'envergure, d'autant qu'il en signe également le scénario ainsi que le storyboard. Frapper aussi fort que Jin-Roh s'annonçait difficile, mais Momo e no Tegami ouvre dans un autre registre, apolitique et intimiste.
On y suit Momo et sa mère qui déménagent de Tokyo pour s'installer sur une petite île de la mer intérieur de Seto (qui entoure Shikoku) après la mort du père/mari. Juste avant l'accident, Momo s'était fâchée avec lui et elle ne retrouvera finalement qu'une lettre inachevée de son père, qui contient juste "Chère Momo". Son arrivée à la campagne, dans une vieille bâtisse, la fait découvrir trois yokai (esprits) dont les intentions restent floues.
Bien que Lettre à Momo se place comme une tranche de vie, il s'étale quand même sur deux bonnes heures. Pourtant on ne s'y ennuie pas, tant le rythme du film est maîtrisé de part en part, jusqu'à un final digne des moments les plus shinto de Pompoko ou Princesse Mononoke. Il faut dire que la patte technique est d'une qualité absolument exceptionnelle. Le rendu des visage est d'un très haut niveau, mais c'est surtout le rendu graphique des décors, fourmillants de détails, qui impressionne tout au long du film.
Sorti au cinéma au Japon le 21 avril 2012, Lettre à Momo débarque dans les salles françaises le 25 septembre. En attendant la localisation des nouveaux Ghibli, en particulier Le Vent se Lève, c'est une séance que je conseille tout à fait !