Le Portrait de Petit Cosette
Le Portrait de Petit Cossette, en français approximatif dans le texte, s’est vite fait un nom parmi les amateurs de japanimation. Sorti au Japon courant 2004 via trois OAV successives, Kaze l’a rapidement localisé pour les francophones, en profitant même pour optimiser le titre en Portrait de Petite Cosette. Ils n’enlèvent rien, toutefois, au bonheur d’entendre un doubleur japonais lutter pour prononcer « Cossette d’Auvergne ». Ça, c’est le genre de plaisir qui n’a pas de prix, contrairement au joli coffret en édition limitée qu’a proposé Kaze.
Alors vous aurez certainement lu, au détour d’une critique sur Internet 📶, que Petit Cossette était « gothique ». Sans doute parce qu’on y entr’aperçoit un mode de vie aristocrate du XVIIIème siècle, ou parce qu’on y lit des références chrétiennes, et notamment des croix bibliques. Donc, si je vous prends pour des imbéciles, pas gothique comme votre petite frère de quinze ans qui écoute Limp Bizkit. Mais sans la catégoriser, cette série d’OAV propose une mise en scène et une esthétique caractéristiques, signées SHINBO Akiyuki.
S’inspirant, comme on a pu le lire avec justesse, des univers de LOVECRAFT comme de MAUPASSANT, il mêle avec ambition les récits inquiétants du premier à la recherche identitaire du second (le Horla en première ligne). Le résultat surclasse –largement– beaucoup de ce que l’on voit d’habitude. Caméras tremblantes, flous et perspectives audacieux, écrans unicolores, savoureux combats aux couleurs sang : la plastique unique de Petit Cossette enjôle le spectateur dans des sensations rares.
SHINBO y unit un scénario a priori complexe, mais sans fioritures : toutes les parties absconses de l’histoire s’éclaircissent peu à peu, malgré une fin pas si fermée que cela. En tout cas, le déliement de l’intrigue s’opère à travers un rythme joliment géré. Tantôt véloce et angoissant, tantôt plus lent et contemplatif, il laisse place à peu de temps morts. D’autant que KAJIURA Yuki use et abuse, pour le meilleur, de sa maîtrise des violons et chants lyrico-mystiques pour appuyer l’ambiance jusqu’au mal-être.
Dans tout cela, les personnages de Cossette no Shôzô proposent une aventure de l’esprit tout à fait intéressante, bien fichue, et jouant avec talent sur la frontière étroite entre grâce et malaise. Une belle réussite, pour le coup.