Eihei-ji
Le temple de la méditation Zen à Fukui
Eihei-ji est l'un des deux temples principaux de la branche Soto du bouddhisme Zen situé dans le village éponyme, dans la préfecture de Fukui au Japon. Perdu au cœur d'une forêt de cèdres centenaires et de petites montagnes, le complexe se dresse ainsi comme un endroit rêvé pour effectuer une courte retraite monastique, afin de s’adonner à la méditation et à la pratique du Zazen.
Il y a des destinations où l’on ne vient pas par hasard et le temple Eihei-ji (littéralement le "temple de la paix éternelle") en fait évidemment partie. Loin des sentiers touristiques habituels, il demeure un véritable trésor caché qui émerveille par sa beauté, son architecture démesurée au milieu de la nature et l’expérience de méditation Zazen (qui signifie "seulement s’asseoir") que le temple propose en compagnie des quelques deux cents moines qui vivent ici à l’année.
Eihei-ji est érigé en 1244 par le moine Eihei Dogen, fondateur à l'époque d'un nouveau courant du bouddhisme Zen baptisé Soto. Il développe cette pensée moderne à la suite d'un long périple en Chine et à sa rencontre révélatrice avec le maître Nyojo. De retour au Japon, il revient d'abord sur ses terres natales à Kyoto et réside dans plusieurs temples de la ville, avant de fonder son propre monastère indépendant, le temple Kosho-ji aujourd'hui situé à Uji. Perçu comme un agitateur des codes du bouddhisme japonais, il échappe à un incendie comploté par les moines de la région. Dogen décide de s'exiler pour continuer sa pratique en paix et accepte alors l'invitation d'un de ses disciples à rejoindre la province d'Echizen (actuelle préfecture de Fukui).
Le complexe Eihei-ji se compose de près de soixante-dix bâtiments et monuments répartis sur près de 330.000m², entièrement construits en bois issu des forêts voisines. La plupart des pavillons sont reliés entre eux par des corridors couverts mais complètement ouverts sur les parties latérales, ce qui offre une multitude de vues sublimes sur le temple et sa nature environnante. La découverte se fait notamment déchaussé via un itinéraire balisé où l'on visite les intérieurs d'une partie des édifices. En effet, certains restent réservés uniquement aux moines résidents, mais le domaine autorisé se montre tout de même particulièrement vaste.
On débute devant la porte Sanmon qui donne accès à la partie basse du domaine. C’est en ces lieux que les nouveaux moines désireux d’intégrer la communauté doivent rester debout, immobiles durant toute la journée, même en plein cœur de l’hiver, afin de prendre le temps de méditer sur leurs choix et de confirmer leurs souhaits de vivre au sein d'Eihei-ji. Leur mode de vie monacal est d'ailleurs l’un des plus durs du pays. Dans la continuité, on découvre l'autel principal du Butsuden qui abrite les trois Bouddha (du passé, du présent et du futur) ainsi que le Sodo, la salle dédiée à la pratique du Zazen.
Au point culminant du site et après avoir emprunté une belle série d'escaliers, on atteint l'impressionnante salle de lecture Hatto, vaste et haute de plafond. D’une fraîcheur remarquable, elle abrite en son centre la statue de Bodhisattva Sho Kanzeon entourée des deux lions A-Un. Cette pièce accueille également les moines qui se réunissent à l’aube pour la prière et la lecture des sutras pendant plus d’une heure. Enfin, juste à côté se trouve le Joyoden qui renferme les cendres du moine défunt Dogen ainsi que quelques-uns de ses successeurs notables.
Shukubo : l'expérience de dormir au temple
Faire le chemin jusqu’ici ne serait pas complet sans rester au moins une nuit aux côtés des moines. Le temple Eihei-ji propose une formule d'hébergement shukubo, baptisée Sanro, qui comprend :
- deux repas végétariens typiques shojin ryori ;
- deux séances de méditation Zazen de quarante minutes chacune (une le soir et l’autre le matin) ;
- la possibilité d’assister à l'aube à la prière collective matinale dans la grande salle Hatto ;
- un tour guidé de l'enceinte pour en apprendre plus sur le site et les particularités du bouddhisme Zen Soto.
Les chambres mises à disposition des visiteurs présentent un confort spartiate mais sont plutôt spacieuses. De toute façon, la nuit est assez courte et l'on ne dort pas au temple pour tester la literie. À 21h, l’extinction des feux 🔥 a lieu. Ensuite, il s'agit de se réveiller à l'aube (à 3h du matin en été et à 4h en hiver) afin d'assister à la première prière du jour avant d'entamer une séance de méditation. En tant que personne externe au temple, le silence, qui marque le respect, est de rigueur pendant l'ensemble des rituels. Ainsi, même lors du repas (hormis les remerciements avant et après) et lors du bain pris en commun, il est important de se taire et de s'imprégner du caractère mystique du moment.
Au petit matin et une fois la prière et le repas achevés, les moines, habillés de leur vêtement de travail samue, s’agitent de manière très ordonnée pour procéder au nettoyage quotidien du temple. Les observer ainsi se donner autant à la tâche est une occasion rare et contraste beaucoup avec leurs postures calmes et posées pendant le reste de la journée. Il est certain qu'une fois le séjour terminé, on se sent transformé : Eihei-ji marque les esprits et sur bien des aspects.
À noter que depuis fin juillet 2019, l'hôtel 🏨 Hakujukan, situé à l'entrée du temple, permet d'accueillir plus de visiteurs en quête d'expérience Zen.