Komyo-ji
đȘ· Le temple des lotus anciens Ă Kamakura
Komyo-ji est un temple bouddhiste de la secte Jodo-shu situĂ© prĂšs des plages, Ă lâextrĂ©mitĂ© sud-est de la ville de Kamakura dans la prĂ©fecture de Kanagawa. Moins connu des touristes, le site gagne Ă ĂȘtre dĂ©couvert pour son histoire prĂ©gnante et l'architecture imposante de ses pavillons.
RĂ©novations en cours jusquâen 2028 pour diffĂ©rents pavillons du temple, dont le principal. Ces travaux sont effectuĂ©s dans le cadre de la cĂ©lĂ©bration du 850e anniversaire de la fondation de la secte Jodo.
Komyo-ji est Ă©rigĂ© en 1243 lorsque la citĂ© de Kamakura est encore la capitale du Japon (1185 - 1333), Ă la demande du shogunat de l'Ă©poque rĂ©gi par Hojo Tsunetoki (1224 - 1246). La charge de la fondation du temple revient Ă Ryochu Shonin (1199 - 1287), le 3Ăšme descendant Ă la tĂȘte de la secte Jodo-shu qui est le courant bouddhiste dit de "l'Ăcole de la Terre pure", fondĂ© en 1175 par Honen (1133 - 1212).
La porte d'entrée maritime de l'ancienne capitale
Faisant face Ă la baie de Sagami, le temple se situe tout prĂšs de l'ancien port maritime de la ville qui Ă©tait, durant le shogunat de Kamakura, une plaque tournante importante. Ă noter qu'il ne reste aujourd'hui que peu de souvenirs de cette zone portuaire disparue : seul un remblai de graviers qui dĂ©passe de la surface de l'eau et que l'on baptise Wakae-jima en tĂ©moigne. Cet emplacement pratique assurait ainsi Ă Komyo-ji une belle visibilitĂ© auprĂšs des marchands et des marins qui dĂ©barquaient par bateaux đ„ïž.
Ă la fin du XVe siĂšcle, lâempereur du Japon Go-Tsuchimikado (1442 - 1500) Ă©lĂšve Komyo-ji au rang de temple impĂ©rial (ć éĄćŻș chokuganji), c'est-Ă -dire au mĂȘme titre que les influents Todai-ji et Yakushi-ji Ă Nara. Ensuite, pendant la pĂ©riode Edo (1603 - 1868), le puissant clan Tokugawa le dĂ©signe en tant que temple principal du Kanto pour les enseignements du Nenbutsu, pratique ascĂ©tique qui consiste Ă invoquer le nom du Bouddha Amida.
MalgrĂ© ce riche passĂ©, Komyo-ji ne se montre pas si populaire auprĂšs des touristes qui lui prĂ©fĂšrent des temples plus prĂšs des gares comme Hase-dera, Kotoku-in ou encore Kencho-ji. Sa proximitĂ© avec la plage đ Zaimokuza, haut spot balnĂ©aire en Ă©tĂ©, lui vaut pourtant de bĂ©nĂ©ficier d'embruns marins ainsi que d'une belle vue sur la mer depuis le balcon supĂ©rieur de la porte Sanmon qu'il est possible de visiter en temps normal.
Un agencement typique des temples Zen
L'enceinte spirituelle du Komyo-ji est aménagée de façon traditionnelle avec une succession de bùtiments alignés aux rÎles bien définis. Le début de la visite du temple est ainsi marqué par les portes :
- Somon (ç·é), rĂ©novĂ©e entre 1624 et 1628 et qui donne accĂšs au parking de voitures ;
- et Sanmon (ć±±é), majestueuse porte en bois Ă 2 Ă©tages (äșéé niju-mon) Ă©difiĂ©e en 1847. GrĂące Ă ses dimensions dĂ©mesurĂ©es : 20 mĂštres de haut pour 16 mĂštres de large et 7 mĂštres de profondeur, elle figure parmi les plus grandes portes bouddhistes de la rĂ©gion.
On se retrouve ensuite dans la cour principale qui est agrĂ©mentĂ©e de plusieurs cerisiers sakura đž et dessert l'ensemble des pavillons, notamment :
- la tour de la cloche Shoro (éæ„Œ) construite en bois de zelkova durant lâĂ©poque Edo, qui abrite une cloche de 1,125 kg (la plus grande de Kamakura) ;
- Daiden (ć€§æźż), le bĂątiment principal du temple et situĂ© au fond de la cour, en ligne droite depuis la porte Sanmon. Reconstruit en 1698 et actuellement en travaux jusqu'en 2028 (donc fermĂ© au public), il reste encore aujourdâhui le plus grand pavillon de temple de toute la ville. Une vue sur le jardin de pierres baptisĂ© Sekitei (çłćș) est possible au cours de la visite intĂ©rieure ;
- Ă sa gauche, on pĂ©nĂštre dans le Kaisando (éć±±ć ) qui tient le rĂŽle de salle commĂ©morative et qui hĂ©berge les principales reprĂ©sentations de Bouddha pendant la rĂ©novation du Daiden. ĂdifiĂ© en 1924, le hall est dĂ©diĂ© au moine fondateur Ryochu Shonin.
Des coursives en bois permettent ensuite de dĂ©couvrir la partie intĂ©rieure du temple dĂ©diĂ©e au jardin Kishu Teien (èšäž»ćșć) qui est une reprĂ©sentation de la "Terre pure" oĂč rĂ©siderait le Bouddha Amida. On contemple alors un splendide Ă©tang de lotus anciens đȘ·, baptisĂ©s Kodai-Hasu et qui seraient issus de graines enfouies durant la PrĂ©histoire, il y a prĂšs de 2.000 ans. Le plan d'eau est dominĂ© par le ravissant pavillon octogonal Daishokaku (性èéŁ), dressĂ© sur une colline recouverte d'une vĂ©gĂ©tation luxuriante et qui cĂ©lĂšbre le 800Ăšme anniversaire de Ryochu Shonin. Au travers de la fenĂȘtre du 2Ăšme Ă©tage, on distingue une statue dorĂ©e dâAmida. La vue offerte sur ce paysage Ă la fois mystique et naturel plonge les visiteurs dans un total Ă©tat d'apaisement zen et l'on recommande de profiter des bancs pour s'installer plus longtemps.
Un cimetiĂšre attenant est Ă©galement prĂ©sent avec la tombe de Ryochu Shonin, un mausolĂ©e dĂ©diĂ© au clan Naito (une famille de seigneurs importante de lâĂ©poque dâEdo), et de façon plus contemporaine, un espace rĂ©servĂ© aux animaux de compagnie.
Shojin ryori, le repas des moines
Il est possible pour tout visiteur de déjeuner au sein du temple, ce qui reste une expérience peu répandue au Japon. Sur réservation préalable, on choisit un menu bouddhiste typique baptisé shojin ryori et qui respecte les rÚgles d'alimentation strictes chez les moines. Ainsi, aucun produit issu de l'exploitation animale n'est utilisé et l'on peut qualifier le repas de vegan.
Riche en surprises avec des goûts et des textures différentes, le déjeuner des moines reste un moment privilégié et hors du temps. Si la position assise au sol se montre trop inconfortable, il est possible de manger assis sur une chaise.
Komyo-ji propose une visite fort appréciable, légÚrement excentrée du centre-ville et avec peu de monde car il est rarement cité au sein des plaquettes touristiques. On profite alors en toute tranquillité des jardins et de l'architecture grandiose de ses bùtiments.