Shogo-in
Le temple impérial aux peintures décoratives
Shogo-in est un temple bouddhiste et le siège officiel de la branche Honzan du Shugendo, situé à l'est de Kyoto. Il est également qualifié de temple Monzeki pour avoir servi de résidence impériale aux empereurs Kokaku et Komei. On le visite spécifiquement à l'automne pour pouvoir admirer la centaine de portes coulissantes fusuma décorées de peintures authentiques réalisées par l'école Kano.
Fondé au IXe siècle par le moine Enchin (814 - 891), le temple est à l'origine affilié à l'école Tendai et sous la direction du Mii-dera, situé de l'autre côté du mont Higashiyama à Otsu. Il développe ensuite sa propre philosophie liée à la pratique ascétique du Shugendo jusqu'à créer lui-même une branche baptisée Honzan-han et dont Shogo-in devient logiquement le temple principal.
Le Shugendo se traduit par un entraînement physique et mental dans les montagnes dites sacrées et qui servent également de lieu de pèlerinage. Les participants baptisés yamabushi sont vêtus d'un habit traditionnel nommé suzukake. En plus de la prière et de la méditation, ils apprennent notamment à survivre seuls dans la nature et à se soigner avec les herbes médicinales. Cette pratique jugée difficile et endurante est aujourd'hui pratiquée par peu d'élus.
Shinden, l'ancien palais impérial temporaire
Désigné temple Monzeki, Shogo-in entretient des liens étroits avec la famille impériale japonaise. En effet, le temple a servi 2 fois de résidence de secours à l'empereur du Japon :
- d'abord en 1788, lorsqu'il accueille l'empereur Kokaku (1771 - 1840) à la suite de l'incendie du palais Kyoto Gosho ;
- puis en 1854, c'est au tour de l'empereur Komei (1831 - 1867) d'y vivre quelques temps.
De ces périodes particulières, il reste le pavillon Shinden, un vaste bâtiment traditionnel composé d'une quinzaine de salles en tatami ; des chambres où vécurent temporairement les monarques. Sa visite intérieure n'est ouverte au public que quelques semaines dans l'année, à la période automnale, afin de préserver son patrimoine historique et artistique. À cette occasion, on contemple les peintures décoratives réalisées sur les portes coulissantes fusuma. Représentant des paons, des grues ainsi que des pins volumineux et des mises en scènes historiques, les motifs datent de plus de 300 ans et sont l'œuvre d'artistes-peintres issus de la très réputée école Kano.
On emprunte ensuite un passage pour arriver jusqu'à un autre pavillon remarquable baptisé Shoin, c'est-à-dire la salle d'étude. Classé Bien culturel important du Japon, le bâtiment faisait autrefois partie du palais impérial de Kyoto et a été déplacé dans l'enceinte du Shogo-in au début de la période Edo (1603 - 1868). Les portes fusuma sont ici réalisées en bois finement ciselé. On remarque également les ornements qui représentent des lettres d'amour.
Hondo, le hall principal dédié au Shugendo
On termine la visite par le bâtiment principal hondo du temple qui consacre des statues et autres objets sacrés liés au Shugendo. De cette façon, on s'arrête devant une représentation du moine En no Gyoja (ou En no Ozunu), fondateur de ce courant spirituel.
Derrière l'autel, on admire plusieurs statues de Fudo Myoo dont certaines sont rares. Dieu courroucé, il tient dans sa main droite une épée afin de couper les malheurs et les désirs trop envahissants des fidèles. La corde à sa main gauche symbolise le fait de retrouver le droit chemin et de ne pas se laisser dévorer par ses passions.
Bien que peu connu des touristes occidentaux, le discret temple Shogo-in mérite d'être visité pour son élégance authentique et traditionnelle, ainsi que son histoire avec la famille impériale. Pour cela, il faut bien faire attention aux dates et préférer la période entre septembre et décembre lorsque l'on peut y contempler toutes les jolies peintures des portes fusuma.