Ruines du château de Takeda
Les vestiges féodaux dans les nuages
Les ruines du château de Takeda désigne un ensemble de vestiges de murs de pierre situées au sommet du mont Kojo dans la ville d’Asago, au nord de la préfecture de Hyogo. Réputé pour la beauté et la grandeur de ses ruines historiques, le site figure parmi les 100 châteaux les plus remarquables de l’archipel. Entouré par la mer de nuages certains matins d’automne, le château semble flotter dans le ciel.
Lorsque l’on pense "châteaux japonais 🏯", on se réfère en priorité aux superbes bâtisses composées de douves et de donjons qui surplombent les alentours, comme dans les villes de Himeji, Osaka ou encore Matsumoto. Cependant, il existe bien d’autres sites médiévaux, peut-être moins connus des touristes étrangers mais qui jouissent ces dernières années d’un regain d’intérêt de la part des Japonais. C’est le cas du château de Takeda (Takeda-jo) ou plutôt de ce qu’il en reste : de magnifiques ruines qui laissent apercevoir la disposition de plusieurs enceintes successives constituant à l’époque le système défensif de l’édifice.
Admirer le "Château dans le ciel" en automne
Perché à 353 mètres d’altitude environ, Takeda-jo est l’un des rares châteaux du Japon dits yamajiro, c’est-à-dire construits au sommet d’une colline ou d’une montagne. En automne 🍁, particulièrement de la mi-septembre à début novembre et selon certaines conditions météorologiques, l’eau de la rivière Maruyama qui traverse la vallée s’évapore pour former une épaisse couche de brume. Aux premières lueurs matinales, les ruines du château de Takeda se retrouvent ainsi entourées d’une mer de nuages baptisée Unkai et semblent flotter dans le ciel.
Ce spectacle extraordinaire, qui n’a donc lieu que quelques jours par an, lui vaut les surnoms officiels de "Machu Picchu du Japon" ou encore de "Château dans le ciel", ce qui fait immédiatement penser à l’île flottante et imaginaire de Laputa dans le film d'animation éponyme de Hayao Miyazaki.
Revivre l’histoire instable du Moyen Âge japonais
Takeda-jo est érigé vers 1443 par Otagaki Mitsukage, un serviteur de Yamana Sozen, le daimyo régional alors en place et qui possède déjà le château voisin d’Izushi, situé dans la ville de Toyooka. Otagaki devient le premier seigneur à occuper les lieux.
Au XVIe siècle, pendant la campagne de la province de Tajima, le château de Takeda est conquis par Toyotomi Hideyoshi qui le place sous le contrôle de son plus jeune frère, Hidenaga. Plusieurs seigneurs se succèdent à sa tête jusqu’à Akamatsu Hirohide, le dernier souverain de Takeda. Pendant son règne, il renforce les fortifications qui étaient jusque-là en terre et ajoute des murs de pierre sur toutes les enceintes.
La bataille de Sekigahara en 1600 sonne le glas du château. À l’époque Akamatsu Hirohide, qui se bat d’abord aux côtés du clan Toyotomi puis rallie Tokugawa Ieyasu à la suite de sa victoire, est accusé d’incendie criminel et contraint de se faire seppuku (suicide traditionnel par éventration).
Takeda-jo est alors laissé à l’abandon jusqu’au XXe siècle où le pays le reconnaît en tant que patrimoine historique du Japon. Les travaux de restauration et de conservation des ruines durent ensuite plusieurs dizaines d’années environ, pour s’achever en 1980.
Se promener à travers les fortifications préservées
La visite des ruines du château de Takeda est recommandée toute l’année. Hormis la vue sur la mer de nuages, qui suppose de se renseigner d’abord sur la météo puis de se lever très tôt pour gravir le sommet avant le lever du soleil, les ruines de murs de pierre qui datent de la fin du XVIe siècle valent le déplacement pour elles-mêmes.
On apprécie les grandes dimensions de ces murs défensifs, soit 400 mètres du nord au sud et 100 mètres d’est en ouest, qui offrent une agréable randonnée d’une heure environ. Plusieurs points d’observation permettent d’admirer le paysage alentour, composé de moyennes montagnes recouvertes de forêts et de petites villes de province. On s’arrête également devant le dernier pin encore debout au sommet de la montagne ; les autres ayant disparu après avoir subi les assauts du temps.
À noter que le parcours s’effectue en sens unique et que l’on encourage les visiteurs à prendre leur temps et à attendre de pouvoir profiter tranquillement des vestiges après que les visites en groupe sont passées.
Une fois redescendus de la montagne, autour de la gare de Takeda, la découverte du village se poursuit avec le quartier traditionnel composés de jolis petits temples, du sanctuaire Hyomai et de quelques restaurants typiques et boutiques de souvenirs. Enfin pour un panorama complet sur les ruines enveloppées par les nuages, la vallée Ritsuun-Kyo (立雲峡), située de l’autre côté de la rivière et connue également pour ses cerisiers 🌸 en fleurs au printemps, offre trois points de vue intéressants pour les photographes amateurs.