Jeux Olympiques de Tokyo 2020 : ce que cela implique
Ça n'a pas pu vous échapper : à 5h20 dans la nuit de samedi à dimanche, heure japonaise, le Comité International Olympique a annoncé à Buenos Aires que Tokyo accueillera les Jeux Olympiques 🏅 et Paralympiques d'été 2020. La capitale japonaise fut choisie plutôt que Madrid et Istanbul. Après Tokyo en 1964, Sapporo en 1972 et Nagano en 1998, le Japon hébergera donc les quatrièmes JO de son histoire. Comme un préambule, le Japon organisera également la coupe du monde de Rugby en 2019.
Bien évidemment, ce dimanche fut synonyme de fête pour beaucoup de Japonais qui soutenaient une candidature qui aura coûté 83,3 millions de dollars (contre 55 et 30 pour ses concurrentes). Malgré la dette colossale du Japon, qu'il détient ceci dit en grande majorité, le dossier de Tokyo était le plus solide financièrement. Sur la base de deux récentes défaites (2008 et 2016), l'archipel aurait en effet mis de côté près de 5 milliards de dollars en prévision des coûts liés à l'organisation des Jeux.
Il faut dire que le projet de construction semble plus futuriste encore que ce que prédisait le manga Akira dès les années 1980.
Mais cette annonce a également signé l'ouverture d'une nouvelle boîte de Pandore : la victoire de Tokyo a naturellement permis un concert de complaintes, notamment derrière l'écran "Fukushima". Les grincheux ont ainsi pu s'en donner à cœur joie pour critiquer les choix du Japon. Nous ne condamnons pas forcément tout ce qui a été dit, d'autant que certains Japonais ne voient pas les JO d'un bon œil eux non plus, mais que Tokyo obtienne ou non ces Jeux Olympiques ne change sans doute rien à la chasse aux dauphins 🐬 / baleines ou à toutes les autres erreurs que certains attribuent au Japon. Qui peut vraiment croire que les budgets alloués à la candidature et l'organisation des JO auraient été utilisés pour nettoyer les ravages du Tôhoku ?
C'est ce sport national du rabat-joie omniscient qui a parfois tendance à user. On y aurait de toute façon eu droit invariablement pour Istanbul ou Madrid, j'imagine respectivement sur la répression des manifestants par le gouvernement et la rigueur budgétaire. Bien que les JO servent évidemment le gouvernement japonais gêné par la gestion désastreuse de Tepco, ils permettront également de rassurer une frange de l'opinion internationale qui connaît le Japon uniquement par le prisme des médias sensationnalistes. Alors quand on lit certains commentaires qui, avec beaucoup de classe, affirment que grâce au nucléaire les sportifs fluo à trois bras n'auront pas besoin de dopage...
Quoi qu'il en soit, c'est bien la capitale japonaise qui accueillera cet évènement sportif mondial dans sept ans. On peut donc s'attendre à un traitement intéressant, forcément internationalisé mais naturellement mâtiné de cette touche japonaise. Par exemple, au-delà de Doraemon qui supportait la candidature, une mascotte kawaii devrait donc veiller sur la quinzaine des JO 2020. Bonne nouvelle également pour les voyageurs au Japon non-japanisants : Tokyo devrait continuer à se "romaniser" et à traduire ses panneaux de signalisation, mutation qu'elle a déjà engagée depuis quelques années. Le Japon est une nation sportive, positive et accueillante qui devrait organiser les Jeux Olympiques avec beaucoup de fierté et d'ouverture.
Moins drôle, l'accueil des JO implique aussi un "nettoyage" de la ville organisatrice. Tokyo a beau être la capitale la plus propre et la plus sûre au monde, il est possible que les camps pourtant discrets de SDF (par exemple à Ueno) soient boutés hors de la ville. De même pour les impôts, qui devraient augmenter chez les résidents du grand Tokyo pour éponger les coûts pharaoniques liés à l'organisation. Plus proche de nous, lors de ses visites, le CIO a déjà froncé les sourcils à la vue de magazines de charme très accessibles dans les konbini. Qui sait quelles sont les autres spécificités japonaises qui risquent, comme elle, de devenir non grata à Tokyo dans les années à venir ?
Amoureux du Japon, prévoyez également une possible flambée des prix à l'approche des Jeux Olympiques 2020. Tokyo y sera sans doute difficilement praticable pendant l'évènement, donc vous avez encore six bonnes années devant vous pour y voyager tranquillement !