Tokyo n'est pas le Japon : 5 bonnes raisons d'en sortir
Cette idée d'article nous fut soufflée par Thomas lors d'une discussion à Kyoto sur les différences entre les habitants de la capitale japonaise et la population du Kansai. Il trouve une résonance dans l'article "Voyage au Japon pas cher : l'écueil du low-cost" qui a suscité des réactions animées ces dernières semaines. Mais bien avant cela, nous soulignions déjà l'interrogation "Tokyo est-elle au Japon ?".
À travers cet article, nous souhaitons réaffirmer qu'à notre sens, Tokyo n'est pas l'alpha et l'oméga d'un voyage au Japon et qu'il est généralement dommage de s'en contenter, même pour un premier séjour sur l'archipel.
Un (superbe) écran de fumée
Nous n'exprimerons jamais assez notre amour pour Tokyo, capitale fascinante aux mille facettes. On pourrait y passer des années en croyant la connaître, sans jamais la comprendre parfaitement. Mais tout aussi merveilleuse et charmante soit-elle, Tokyo reste aussi peu représentative du Japon que Paris ne l'est de la France ou New York des États-Unis (même si ce n'est pas leur capitale administrative, elle est plus adaptée en l'occurrence). Comme beaucoup de capitales, elle n'est qu'un pan du pays parmi tant d'autres, un baobab solide qui cache pourtant une forêt divinement variée.
Passer l'intégralité d'un voyage au Japon dans Tokyo et ses alentours, aussi vastes soient-ils, c'est n'avoir vu qu'une infime partie du Japon : souvent celle des poncifs parfois usés que nous rabâchent les médias depuis si longtemps (qui a dit "tradition et modernité" ?). Sortir de la capitale et aller explorer un peu plus loin que Kamakura ou Mitaka, c'est s'assurer de dépasser ces clichés pour au moins découvrir Kyoto, sa contrebalance traditionnelle.
Les Tokyoïtes trop bien élevés
Beaucoup ont cette image d’Épinal du Japonais bien élevé, respectueux des règles parfois jusqu'à l'absurde et très ordonné dans l'espace public. À vrai dire ce profil correspond peut-être surtout au Tokyoïte qui, partageant son environnement quotidien avec près de 36 millions d'autres dans la mégalopole, doit bien forcément faire preuve de civilisation.
Sans trop forcer le trait, ce Japonais peu foufou qui traverse uniquement au feu 🔥 vert et fait la queue pour tout et rien, qui prend sagement son train 🚅 matin et soir, on le trouve surtout à Tokyo. Difficile de généraliser sans dévier mais plus on voyage vers l'ouest et le sud, plus on découvre une population débridée qui s'éloigne des stéréotypes rabâchés à tour de bras avec une créativité omoshiroi (aussi amusante qu'intéressante). Pourquoi ne pas aller à la rencontre de ces Japonais-là, peut-être plus vrais encore ?
Et, ce qui paraîtra sans doute étrange à certains : c'est à Tokyo que les étrangers sont peut-être les moins bien accueillis. Comme ils y sont les plus nombreux, le Tokyoïte semble parfois avoir comme une forme de lassitude pour le gaijin, que l'on retrouve beaucoup moins en-dehors des grandes villes.
En schématisant, les habitants de Tokyo seraient alors les Japonais les moins spontanés, ôtant à la capitale ce charmant supplément d'âme propre à beaucoup d'autres villes japonaises.
Le manque de variété et d'authenticité
Nous en voyons déjà qui bondissent à la lecture de ce sous-titre ! Évidemment, on peut toujours y trouver de la variété (nous avons facilement listé 100 idées de visites à Tokyo) mais cela reste malgré tout relatif. En restant intra-Yamanote, difficile par exemple de dénicher des onsen ♨️ ou des temples authentiques sans connaître les bonnes adresses. En forçant le trait, Tokyo apparaît parfois un peu trop clinquante et à l'échelle du Japon entier, certains pourront même la trouver limitative.
Ceux qui ont pu visiter d'autres des nombreux trésors du Japon corroboreront sans doute notre propos : se cantonner à Tokyo, c'est étriquer sa vision de l'archipel. On n'a jamais fini de découvrir le Japon et de s'en imprégner, c'est une quête sans fin mais que l'on ne fera qu'effleurer en séjournant uniquement dans sa capitale.
Il n'est évidemment pas dans notre propos de critiquer Tokyo ni ceux qui ont choisi (ou ont été contraints) de ne visiter que la capitale japonaise, mais au contraire d'encourager tous les voyageurs, non pas à courir après le maximum de paysages du Japon, mais plutôt à chercher à se confronter à plus de ses trésors que ce que Tokyo seule ne peut livrer.
Le risque de séisme et la relative proximité de Fukushima
Sur le plan géographique, Tokyo est la grande ville la plus proche du Tôhoku, à 250 kilomètres environ au sud des centrales de Fukushima. La capitale japonaise serait également plus sujette aux séismes que d'autres grandes villes : certains sismologues qui prévoient un tremblement de terre "big one" auraient tendance à l'évoquer dans l'est du Japon. Signe intéressant : beaucoup d'habitants du Kansai, sans même parler de la population plus au sud-ouest du Japon, semblaient se sentir étonnamment peu concernés lors des événements il y a deux ans et demie.
Quels que soient les efforts du gouvernement japonais pour rassurer tout le monde, efforts récompensés par l'attribution des Jeux Olympiques 🏅 2020, il reste plusieurs points d'interrogation autour des conséquences du tsunami survenu le 11 mars 2011, en particulier au niveau nucléaire. Même si beaucoup s'accordent à penser que le risque s'avère très limité pour les touristes au Japon qui n'y séjournent généralement que quelques jours, certains autres restent anxieux au moment de préparer leur voyage, en témoignent quelques questions Kotaete qui ressortent de temps en temps, en particulier vis-à-vis de la nourriture et des enfants.
Pour partir l'esprit tranquille si vous en faites partie, prévoyez un aller-retour à Osaka KIX avec un camp de base dans le sublime Kansai, puis en vous dirigeant vers Hiroshima / Miyajima, Shikoku, Kyushu ou encore Okinawa.
Il est très facile de panacher
Depuis un long moment déjà, Tokyo n'est plus la seule porte d'entrée de l'archipel nippon, ni forcément la plus facile d'accès. Ils sont de plus en plus nombreux, les voyageurs qui choisissent d'atterrir et/ou de redécoller d'une autre ville au Japon.
Pourtant, sortir de Tokyo évoque encore pour certains la peur de se perdre, les difficultés de gestion et d'orientation, la crainte que cela fasse exploser le budget, de passer tout son temps dans les transports, ou que ça n'en vaille pas la peine pour un voyage de deux semaines ou moins. Rassurez-vous : beaucoup sont des idées reçues (par exemple, au quotidien Tokyo est même souvent plus chère) vite balayées en créant l'itinéraire qui *vous* ressemble, et nous essayons sur Kanpai de vous aider au maximum à cela.
En revenant d'un voyage où vous serez resté(e) dans le grand Tokyo, quelle que soit votre appréciation de celui-ci, au moins une chose sera sûre : vous n'aurez pas voyagé au Japon, mais seulement dans sa capitale.
Encore une fois : se convaincre que Tokyo suffit pour un premier voyage et/ou que l'on reviendra au Japon plus tard, est souvent synonyme de regrets. Nous avons pu écouter à de nombreuses reprises des témoignages qui s'en sont aperçus après coup et ont alors même parlé de frustration voire d'erreur. Servez-vous donc de ces expériences pour ne pas la commettre !
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Vous ne passerez sans doute pas un mauvais voyage en restant uniquement à Tokyo et alentour, vous ne vous y ennuierez certainement pas, mais vous aurez de toute façon grandement réduit le prisme des possibilités d'en profiter encore plus.
Tokyo n'est pas le Japon et le Japon, ce n'est pas (que) Tokyo !