Chinzan-so Teien
Le grand jardin cossu d'Aritomo Yamagata
Chinzan-so Teien est le jardin japonais du complexe hôtelier de luxe Chinzanso situé le long de la rivière Kanda, au nord-ouest de Tokyo centre. Conçu en 1878 par l'homme d'État japonais Aritomo Yamagata et ouvert au public, il s’étend sur une superficie d’environ 6,6 hectares et exhibe le long de son parcours autant de beaux paysages traditionnels que de nombreux biens historiques.
Le nom donné au jardin, chinzanso (椿山荘) qui signifie "la maison des camélias", résume à lui-seul la promesse des lieux, celle de pénétrer dans le royaume de ces magnifiques fleurs. Environ 2.300 arbustes issus d'une centaine de variétés différentes sont présents et concentrés notamment sur la colline aux camélias baptisée Tsubaki-yama. Elle se recouvre de fleurs de janvier à mars.
Comme c’est souvent le cas dans les jardins japonais, Chinzan-so offre également un spectacle varié au fil des saisons. Outre ses milliers de camélias que l’on admire surtout en hiver, on profite du début du printemps pour contempler la floraison des pruniers puis celle des cerisiers 🌸. En été, bercés par le bruit de l'eau qui coule des chutes d'eau, on apprécie les petites allées ombragées et encadrées par une végétation luxuriante. Enfin, l'automne au Japon 🍁 voit le feuillage des arbres se recouvrir de couleurs flamboyantes.
Les origines aristocratiques du jardin
On doit la naissance de ce magnifique havre de paix en plein Tokyo à Aritomo Yamagata (1838 - 1922), ancien samouraï et chef militaire, devenu une importante figure du pouvoir sous l'ère Meiji (1868 - 1912). Il acheta ces terres en 1878 pour y établir sa résidence privée dans la capitale. Grand amateur de jardins, il participa lui-même à la conception du Chinzan-so tel que l'on peut toujours l’admirer aujourd'hui. Il est également le concepteur des jardins Murin-an à Kyoto, que l'on recommande de visiter pendant la saison des koyo et Koki-an à Odawara, qui est plus confidentiel car ouvert au public seulement le dimanche.
Cette propriété luxueuse a été par ailleurs un haut lieu de rencontres et de négociations entre les dignitaires et les politiciens de l'époque d'Aritomo Yamagata. Les empereurs Meiji et Taisho eux-mêmes ont participé à plusieurs de ces rencontres qui ont ensuite contribué à façonner le Japon moderne.
Plus tard, c’est le baron Heitaro Fujita (1869 - 1940) qui devient le propriétaire du Chinzan-so. Homme d'affaires originaire du Kansai et second hiérarchique de la très renommée société Fujita-Gumi, l'un des plus grands producteurs de métaux du Japon, il continue l'œuvre de son prédécesseur et effectue un travail formidable d’arrangement du jardin, avec notamment l'ajout de monuments traditionnels et historiques.
Une balade culturelle et relaxante
Les long des allées du jardin, on croise de magnifiques objets du patrimoine aux dimensions variables, issus de différentes époques et régions du Japon. Chacun de ces biens est nommé et présenté à l'aide d'un panneau écrit en japonais et en anglais. On retiendra entre autres :
- la trentaine de lanternes 🏮 en pierre dont une authentique de l’époque Kamakura (1192 - 1333) et qui provient du temple Hannya-ji (Nara) ;
- la statue de Rakan qui date du XVIe siècle et qui se trouve proche d’un petit bassin où se déverse une magnifique cascade ;
- la pagode à 3 étages, véritable symbole du Chinzan-so à elle seule et dont la construction remonterait il y a 500 ou 600 ans. Elle présente la particularité de tenir debout sans un seul clou et appartenait autrefois au temple Chikurin-ji (Hiroshima).
- le châtaigner classé au rang de goshinboku ou "arbre divin", qui est l'arbre le plus vieux du jardin et reconnaissable par son large tronc de 4,5 mètres de circonférence, entouré de sa corde en paille de riz shimenawa ;
- le petit sanctuaire shinto Shiratama Inari, déménagé en 1924 de Shimogamo dans la ville de Kyoto et qui donne l'occasion de faire un court recueillement entouré de gardiens renards.
Au pied du bâtiment vitré de l'hôtel 🏨, on s'attarde également devant l'étang Yusuichi et la chapelle baptisée "Lumière" qui tient lieu de cérémonie pour célébrer des mariages à l'occidental.
Un restaurant au cœur de la végétation
Le complexe hôtelier dispose de plusieurs restaurants dont l'un d'eux est niché au cœur du jardin, au sein d'une petite bâtisse traditionnelle. Le charmant Mucha-an, réputé pour ses soba (nouilles au sarrasin) et sa carte simple, gourmande et bon marché, a laissé place au restaurant d'anguilles UNAKIKU depuis mars 2023.
Pour ceux qui souhaitent prolonger la promenade, on conseille de visiter le jardin voisin de Shin-Edogawa (Higo Hosokawa Teien), plus petit mais avec une ambiance unique, puis le parc Edogawa qui longe la rivière Kanda et qui devient, à chaque début de printemps, une adresse idéale pour pique-niquer à la bonne franquette sous les cerisiers en fleurs.