Parc Yokoamicho
Le souvenir des 2 tragédies du XXe siècle à Tokyo
Le parc Yokoamicho est un espace vert public situé dans le quartier de Ryogoku à Tokyo. Ses allées commémorent les nombreuses victimes de 2 évènements tragiques de la capitale au XXe siècle : le grand tremblement de terre du Kanto de 1923 ainsi que les bombardements aériens lors de la Seconde Guerre mondiale (1939 - 1945).
Site commémoratif important aux yeux des Tokyoïtes, le parc Yokoamicho reste peu connu des touristes étrangers bien que localisé près de la gare de Ryokogu qui achemine les spectateurs venus assister à l'un des 3 tournois de Sumo annuels de la capitale au stade Kokugikan.
D'abord dépôt militaire, ce bout de terrain près de la rivière Sumida devient un parc public à partir de 1922. Alors qu'il est en cours d'aménagement, il sert de lieu d'évacuation aux familles du quartier dans les heures qui suivent le terrible séisme du Kanto survenu le 1er septembre 1923, d'une magnitude exceptionnelle de 7,9. Mais cet espace vert encore dépourvu de plan d'eau central va condamner un grand nombre de réfugiés qui se retrouvent alors pris au piège d'importants incendies, alimentés à l'époque par les maisons construites en bois et un vent puissant ce jour-là.
Columbarium des victimes du séisme du Kanto puis des raids aériens
En 1930, la ville dresse au sein du parc le Mémorial de Tokyo dédié aux 58.000 victimes du grand tremblement de terre. L’architecte Ito Chuta (1867 - 1954) réalise ici une importante construction de 1.470 m² surmontée à l'arrière par une pagode de 3 étages et de 40,9 mètres de haut qui rassemble les cendres des disparus, à la manière d'un columbarium (納骨堂 nokotsudo). En accès libre, le mémorial aux allures de temple et d'église catholique expose des tableaux qui représentent des scènes de chaos ainsi qu'un autel de prière devant lequel on se recueille dans une ambiance solennelle.
L'année suivante, Ito Chuta achève également le Mémorial de la reconstruction de Tokyo qui est un musée commémoratif de la tragédie passée et du retour à la prospérité dans les années qui suivirent. Ce dernier propose de nombreuses illustrations et photographies parfois pénibles à regarder pour les personnes sensibles, ainsi que des objets d'époque retrouvés sur les lieux après le tremblement de terre.
Une autre catastrophe va venir s'ajouter au souvenir avec les bombardements aériens qui détruisirent une bonne partie de Tokyo entre la fin de l'année 1944 et le début de 1945. Miraculeusement resté sain et sauf à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, le parc Yokoamicho est de nouveau désigné comme columbarium, cette fois-ci pour abriter les cendres de 105.000 victimes des raids aériens américains. Le nombre total se porte ainsi à 163.000 victimes commémorées à la suite des 2 grandes tragédies de Tokyo au XXe siècle.
En plus des mémoriaux et des quelques monuments disposés ci et là qui témoignent de ce passé douloureux, le devoir de mémoire collectif est assuré 2 fois par an, aux dates anniversaires des catastrophes :
- le 1er septembre pour le séisme de Kanto ;
- et le 10 mars pour les bombardements aériens.
Parc de quartier tranquille pour flâner
Au quotidien, le parc Yokoamicho fait également figure d'espace vert citadin typique :
- ses allées sont habillées par des arbres qui marquent les saisons au Japon comme les pruniers, les cerisiers, les ginkgo biloba (dont les feuilles sont l'emblème de Tokyo), les camélias ou encore les zelkova ;
- un petit jardin japonais est aménagé autour d'un plan d'eau typique avec ses lanternes, ses rochers et ses carpes koi ;
- une aire de jeux pour enfants permet aux mamans du quartier de se rejoindre avec leur poussette.
Cette visite peut ensuite aisément se compléter avec l’ancien jardin Kyu-Yasuda Teien et le musée du sabre japonais situés juste à coté.