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Enslaved – Odyssey to the West (test)

⏱ 5 minutes

Le paysage du jeu vidéo 🎮 est arrivé à un tel degré de frilosité que le public rejette en bloc quasiment toute nouvelle licence. Mirror's Edge, un des plus célèbres étendards de cette constatation, l'a bien compris et malgré l'appui de son éditeur EA, devrait rester un one-shot. Enslaved suivra le même funeste destin et, plus grave, il pourrait même mettre l'équipe de Ninja Theory (à l'origine d'Heavenly Sword) dans une certaine panade financière. Heureusement pour eux que les développeurs sont en charge du revival de Devil May Cry, une série beaucoup plus commerciale.

Sur le million d'exemplaires espéré par la production, Enslaved ne s'est écoulé qu'à 460.000 copies dans le monde, noyé à l'automne 🍁 par la traditionnelle déferlante de jeux triple-A. Résultat : on le trouve déjà neuf à 35€ chez Amazon (voire 27€ en import anglais). Je n'aime pas particulièrement jouer les syndicalistes mais, si vous aimez le jeu vidéo, soutenez Enslaved. C'est une fausse grosse production, derrière l'appui du scénariste Alex Garland (28 jours plus tard) et d'Andy Serkis au doublage et à la production (Gollum dans le Seigneur des Anneaux). Fausse car elle a cette foule de tout petits défauts qui le rendent charmant, et une belle maturité dans son approche du récit, malgré le classicisme de son scénario.

Mais ce qui amuse encore peut-être le plus, c'est de trouver les références qui ont pu servir de base à la construction d'Enslaved :

  • Dragon Ball, évidemment (ou en tout cas Le Voyage en Occident / Le Roi Singe 🐒 / Saiyûki), pour son protagoniste à l'allure d'un Sangoku fan de parkour. Il n'y a qu'à voir l'un de ses costumes bonus ou l'utilisation du "nuage" que Monkey lui-même semble trouver magique...
  • Beyond Good & Evil pour son personnage Pigsy qui rend un vibrant hommage à ce bon vieux Pei'j qui doit avoir bien vieilli depuis, mais aussi sa deuxième partie de décors plus technologique.
  • ICO pour la manière dont est gérée Trip, jeune femme fragile que Monkey doit surveiller, utiliser et protéger, et avec laquelle la relation se construit peu à peu.
  • Uncharted et ses gun-fights appuyés mêlés à de l'exploration linéaire.
  • Assassin's Creed pour, justement, des phases de parkour faciles mais beaucoup plus linéaires (rien de "bac à sable" dans Enslaved).
  • God of War, presque étonnamment, pour ses combats dynamiques et ses mises à mort testostéronées.
  • le film Je suis une Légende pour sa vision d'un New York post-apocalyptique délicieux, en ruines et où la nature a repris ses droits, portant les stigmates d'une guerre lointaine.
  • Shadow of the Colossus (Ueda encore !) pour ses robots errants, souvent seuls et endormis, toujours prêts à l'attaque comme pour combler un ennui décennal.
  • ou encore Matrix pour des questions avancées de scénario que je ne dévoilerai pas ici, au cas où vous n'ayez pas encore fait le jeu.

Signe qui ne trompe pas : après avoir dévoré le jeu en un petit week-end, je l'ai relancé immédiatement pour un deuxième run en hard qui ne m'a pris que quelques heures. Enslaved a les qualités de son évanescence, plein d'émotions malgré ses petites maladresses et parfois son manque de finition, mais terriblement accrocheur.

Chant du cygne d'un conte éphémère : Pigsy's Perfect 10, DLC à 9€ qui ferait grincer des dents en temps normal, mais que l'on achète de bon cœur, non seulement pour le plaisir de prolonger le lien (même pendant 3h seulement, même seulement avec le porcin Pigsy) mais aussi et surtout pour montrer à son développeur qu'on est encore quelques-uns à soutenir les gens qui font des bons jeux au-delà du Call of Duty annuel.

La Perfection selon Pigsy (test DLC)

J'ai tellement apprécié Enslaved que je n'ai pas résisté à investir dans son contenu supplémentaire. Certes, c'est un peu gênant de lâcher encore une petite dizaine d'€uros supplémentaires alors que l'aventure principale du jeu se boucle en 8 heures, mais on trouve déjà Enslaved tellement bradé que ça reste raisonnable.

Et ce n'est pas comme s'il s'agissait d'un ou deux chapitres supplémentaires, et encore moins d'un épilogue comme certains ont déjà pu le faire (Prince of Persia, anyone ?). Pigsy's Perfect 10 est plutôt un faux prologue focalisé exclusivement sur le personnage éponyme, rencontré assez tard dans l'aventure initiale. Mais c'est aussi et surtout l'occasion de tâter des routines de gameplay totalement nouvelles, tant sa maniabilité est aux antipodes de celle de Monkey.

Autant le bonhomme crapahutait comme un singe stylé, autant Pigsy a vraiment tout du cochon empoté : lourd, lent, limité... il s'en sort heureusement grâce à des accessoires, tels que son grappin ou un ensemble de 4 items dédiés à favoriser l'issue des rencontres avec les robots.Le game design de Pigsy propose au joueur d'étudier les environnements et d'élaborer des stratégies pour progresser face aux Mechs.

Très linéaire, cet add-on n'est pas si court que ça : il vous faudra 3 bonnes heures pour en voir le bout. Heureusement, Pigsy vous accompagne pendant le jeu en ayant toujours le bon mot. Il aura par exemple une petite phrase différents pour chacun des 40 objets à collectionner (l'occasion, pour les amateurs de succès / trophées, de récupérer 250 points et 10 trophées supplémentaires). Techniquement, on est évidemment sur le même moteur que le jeu initial, mais il faut saluer le style superbe des séquences cinématiques.

Je conseillerai évidemment La Perfection selon Pigsy à tous les joueurs ayant apprécié Enslaved et désireux de prolonger l'expérience à travers un gameplay différent.

Mis à jour le 09 octobre 2015