Memories
Katsuhiro Otomo
Très connu pour l’adaptation difficile de son exceptionnel manga Akira, ÔTOMO Katsuhiro a également été responsable d’un projet d’animation pharaonique connu sous le nom de Memories. Triptyque majestueux inspiré de plusieurs manga du maître, il regroupe ses moyens-métrages derrière un thème commun : la capacité de l’esprit humain à plier devant une manipulation, en l’occurrence illusion, paranoïa et asservissement. Attention : œuvre indispensable à tout amateur d’animation !
Kanojo no Omoide (Magnetic Rose), réalisé par MORIMOTO Koji, musiques de KANNO Yôko
D’entrée de jeu, le premier moyen-métrage annonce la couleur. Décors gigantesques, animation incroyablement travaillée et accompagnement sonore grandiose : Kanojo no Omoide joue dans la cour des grands. L’inspiration des deux derniers tiers de 2001 A Space Odyssey n’est pas cachée dans ce space opera merveilleusement prenant. Sur le "Madame Butterfly" de PUCCINI, l’animé délivre des rotations incroyables et une mise en scène dantesque. Incontestablement l’un des métrages d’animation indispensables.
Saishû Heiki (Stink Bomb), réalisé par OKAMURA Tensai, musiques de MIYAKE Jun
Beaucoup moins impressionnant au départ, Saishû Heiki (sans le Kanojo) cache pourtant un petit bijou de second degré. L’ennemi public numéro un, sous les traits d’un laborantin transformé en boule puante mortelle, est un benêt qui fonce clopin clopant vers Tôkyô et ses vieux politiciens incapables de l’arrêter. Sous son scénario décalé et une maîtrise technique impeccable, cette courte aventure rocambolesque cache une critique acerbe qui mérite clairement sa place dans Memories.
Taihô no Machi (Cannon Fodder), réalisé par ÔTOMO Katsuhiro, musiques de NAGASHIMA Hiroyuki
Le triptyque se conclut sur Cannon Folder au scénario beaucoup plus direct. Dans une mégalopole confinée dans l’anti-subversion, les hommes sont réglés comme des machines à servir un leader floueur dans une guerre dont les tenants et les aboutissants restent inconnus. Sur le plan technique, ce film de vingt minutes a la particularité d’avoir été réalisé en un unique plan-séquence. Malgré deux ou trois petites facilités que l’on excuse vite, c’est le genre d’essai que j’apprécie énormément et que j’applaudis à tout rompre devant la prouesse de mise en scène.