Setsubun Mantoro
Le festival des lanternes de Nara
Setsubun Mantoro est une tradition annuelle qui se tient chaque soirée du 3 février au sanctuaire Kasuga Taisha à Nara. "Setsubun" marque le début du printemps selon l’ancien calendrier lunaire japonais, et "Mantoro" signifie "grand nombre de lanternes". Ainsi, les 3.000 lanternes de pierre et de bronze du site sacré s’illuminent à la nuit tombée. Une édition estivale, baptisée Chugen Mantoro, se déroule également à l'occasion d'Obon, autour de la mi-août.
Au Kasuga Taisha, les lanternes 🏮 allumées portent une signification particulière. La lumière est censée aider les Japonais à surmonter les ténèbres de l’ignorance. Par ailleurs, le festival Mantoro fait écho à la période Heian (794 - 1185) lorsque les chandelles du sanctuaire Kasuga batifolaient tous les soirs. Le commencement de l’ère Meiji (1868 - 1912), qui annonça la séparation des systèmes religieux bouddhiste et shintoïste, mit un terme à cette coutume qui avait, en outre, pour fonction de guider les pèlerins vers l’entrée de l’enceinte.
Illuminations nocturnes des lanternes du sanctuaire
De nos jours, la cérémonie actuelle est remise en valeur depuis 1964. Cette soirée exceptionnelle répond à un rite annuel qui a lieu le 3 février pour Setsubun, lors du changement de saison, puis à nouveau les 14 et 15 août pour Obon, lors de la commémoration des ancêtres. Selon la croyance populaire, ces deux dates correspondent au moment où le monde des esprits est invité à entrer en contact avec celui des vivants. Dans le but de favoriser cette "communion", les 3.000 lanternes du sanctuaire sont alors allumées en fin de journée. La lumière des bougies sert ainsi à diriger les pensées des défunts et leur indiquer le chemin à suivre.
Par ailleurs, au mois de février, des vœux inscrits sur des petits carrés de papier sont également disposés sur les lanternes. La tradition veut que ces derniers soient aussi exaucés durant la période du Setsubun.
La lumière des bougies confère au site une atmosphère particulière et légèrement mystique. Il est très appréciable de venir à la tombée de la nuit pour contempler les ombres du sanctuaire entouré de sa forêt. Les visiteurs avancent ainsi à travers les arbres, et croisent en chemin les fameux cerfs 🦌 shika de la ville, toujours demandeurs de gourmandises.
Fêter Setsubun à la lueur des lampions
Les Japonais raffolent de cette mise en scène et n’hésitent pas à faire la queue pour y assister. En revanche, il ne faut pas espérer retrouver ici les traditionnelles coutumes de Setsubun, à savoir le lancer de haricots ou bien la dégustation des fameux ehomaki. Le festival reste très spirituel et plutôt sobre ; on note l’absence de stands yatai vendant de la nourriture de rue. Au final, la seule activité demeure la possibilité d’acheter des lampions et de se promener avec dans l’allée des lanternes de pierre.
Attention, la foule présente dans l’enceinte intérieure force à avancer. Il peut être difficile de garder son propre rythme et de prendre le temps d’apprécier l’ambiance singulière qui émane notamment des lanternes de bronze. Dans cette mouvance, les gardiens du sanctuaire demandent de ne pas prendre certains clichés. Outre la contrainte religieuse qui vise à protéger l’intimité des prêtes récitant leurs prières sur la scène principale, l’afflux de visiteurs engendre l’interdiction de dégainer l’appareil photo 📷 à plusieurs endroits. Et n'espérez pas sortir le trépied dans la majorité des cas !
Il reste un sentiment en demi-teinte à la fin de cette soirée peut-être un peu trop calme ; Setsubun est plutôt renommée comme une fête très populaire et vivante. On recommande alors de visiter en journée le temple Kofuku-ji pour ceux qui souhaitent assister à un lancer de haricots.