Oku Aizu
La superbe vallée reculée le long de la rivière Tadami
Oku Aizu est une vallée située le long de la rivière Tadami, au cœur de la chaîne de montagnes d'Echigo et rattachée à la préfecture de Fukushima au Japon. À 200 km à vol d'oiseau au nord de Tokyo et facilement accessible depuis la ville d'Aizu-Wakamatsu, on découvre une charmante région rurale entourée d'une majestueuse nature escarpée.
La région d’Oku Aizu, qui relie la préfecture de Niigata avec celle de Fukushima, n’a rien à envier à ses consœurs ; on pense notamment à la populaire vallée d’Iya sur l’île de Shikoku. Reculée dans les montagnes intérieures d'Echigo, au sud du Tohoku, la vallée d’Oku-Aizu court le long de la rivière Tadami et abrite des paysages naturels grandioses. Sept villages de campagne y ont élus domicile, reconnaissables à leurs toits en tuiles enduites et dont la couleur indique le niveau de vie de ses occupants, allant du bleu au rouge jusqu'aux couleurs les plus foncées pour les familles aisées. On est loin de toute urbanisation galopante et le temps ici s’écoule doucement, à mesure que défilent les saisons.
Voici un tour d'horizon de la vallée afin de présenter quelques-unes des principales destinations à faire.
Les ponts ferroviaires sur la rivière Tadami
La région est accessible par la ligne JR Tadami, un train local qui chemine le long du court d’eau et parcourt environ 135 kilomètres entre les gares d’Aizu-Wakamatsu et de Koide (Uonuma). Point d’attention, un segment est suspendu depuis 2011 et remplacé par des bus entre Aizu Kawaguchi et Tadami (réouverture prévue en 2022).
Ce train scénique, dans lequel on embarque volontiers pour découvrir la vallée, constitue lui-même l’un des paysages les plus connus d’Oku Aizu. Par la route nationale 252, on accède en voiture 🚙 aux différents points de vue sur les ponts ferroviaires qui traversent la rivière. On se poste 📮 alors aux heures de passage pour regarder le train passer et se refléter un instant sur les eaux claires et tranquilles de la gorge.
Dans le village de Mishima, la vue sur le pont n°1 de la rivière Tadami (第一只見川橋梁展望台) est sans aucun doute la plus remarquables de toutes. Le panorama sur les montagnes recouvertes de forêts et le pont en arches lové dans le creux de la vallée se révèle simplement sublime et tellement japonais. On contemple avec intérêt ce point de vue toute l’année afin de témoigner du changement de couleur des feuilles des arbres : du vert tendre au printemps 🌸, en passant par le vert soutenu en été, pour finir par les tons chauds de l’automne. En hiver, le site est recouvert d’un éclatant manteau blanc neigeux.
Pour y accéder depuis la route, on s’arrête au niveau de l’aire de repos Michi-no-Eki Ozekaido Mishima-juku, pour ensuite entamer à pied une petite ascension d’une dizaine de minutes. S’il est question d’y aménager un ascenseur pour les personnes à mobilité réduite, cela se fera dans le respect de l’environnement afin de ne pas dénaturer le site.
L’architecture de chaque pont de la ligne JR Tadami se révèle unique et l’on encourage les curieux et les amateurs de trains japonais 🚅 à continuer la quête des observatoires sur les autres passerelles.
Le lac Numazawa et ses paysages forestiers
Symbole et attraction principale du village de Kaneyama, le lac Numazawa (沼沢湖) a été formé naturellement à la suite de plusieurs éruptions volcaniques. Il sert aujourd’hui de point de vue théâtral sur la nature environnante. On ne se lasse pas d’admirer ces paysages de montagne où la forêt tient une place prépondérante. Au milieu des différentes essences de bouleaux, de pins et de chênes vit une faune sauvage qu’il est agréable d’observer et d’écouter.
À bord d’une embarcation, on entame un tour du lac en compagnie de Kenko Hoshi, un photographe local passionné par la beauté de sa région natale. Il œuvre pour l’essor du tourisme à Oku Aizu, via notamment l’audience accordée à ses magnifiques clichés de la ligne JR Tadami.
Kenko Hoshi est le guide parfait pour mieux comprendre et apprécier ce que la vallée a à offrir. Il recommande ainsi de profiter des rives du lac pour faire du camping 🏕️ en été. L’offre d’hébergement glamping Dom’Up (qui a depuis définitivement fermé) proposait également de séjourner dans deux cabanes aménagées, dont une suspendue entre les arbres. Sur place, on peut s’adonner à plusieurs activités douces comme le paddle, le canoë 🛶 ou louer un barbecue à plusieurs.
On s’éloigne ensuite du lac pour rejoindre la rivière Tadami. L’établissement Hayato Onsen ♨️ Tsuru no Yu (早戸温泉つるの湯) accueille les visiteurs à la journée pour un déjeuner avec un délicieux porc pané katsudon, suivi d’une séance de relaxation dans l’un des bains chauds rotenburo en plein air. Toujours de mise, la vue sur les montagnes donne envie de s’y enfoncer et c’est justement ce que propose Kenko Hoshi.
On traverse de nouveau la rivière pour découvrir le site de Mugenkyo (霧幻峡) qui comprend un village fantôme abandonné par ses habitants après avoir été endommagé par une coulée de boue en avril 1964. Pendant deux heures, on évolue dans la forêt à la recherche de quelques ruines : statues Jizo, pavillons de sanctuaires et une maison traditionnelle vieille de 300 ans. Cette balade hors du temps est agréable et nous rappelle à notre devoir d’humilité et de respect face à la nature.
Le bourg de Kaneyama est également connu pour abriter la source naturelle d’eau gazeuse Oshio, à laquelle on s’approvisionne librement en apportant son propre contenant.
Le village de Yanaizu en automne
Yanaizu est un village rural et pittoresque à découvrir toute l’année et particulièrement en période de koyo 🍁, lorsque les feuilles des érables rougissent et subliment chaque paysage.
De très belles couleurs s’observent déjà pendant la courte randonnée du Chemin des 33 Kannon de Kubota (久保田三十三観音), situé en périphérie de la petite ville. En pleine forêt, on emprunte un sentier ponctué par 33 stèles en pierre qui représentent Kannon Bosatsu. L’une d’entre elles, baptisée Maria Kannon, comporte une croix en signe de chrétienté et témoigne ainsi de la pratique cachée de la foi des Chrétiens au Japon, à l’époque Edo (1603 - 1868) lorsque leur religion fut prohibée.
Depuis la petite gare d’Aizu-Yanaizu, on déambule facilement à pied dans le bourg qui concentre la majorité de ses sites à voir autour de son totem sacré : le temple Enzo-ji (福満虚空蔵菩薩圓藏寺) âgé de 1.200 ans. Situé sur une colline rocheuse, il domine majestueusement Yanaizu et on y accède après avoir gravi un escalier assez raide.
La vue sur les différents pavillons en bois brut sculpté et les immenses érables teintés de rouge et d’orange vaut définitivement la chandelle. Le temple abrite une représentation rare de Kokuzo Bosatsu qui aurait été réalisée par Kobo Daishi (Kukai) lui-même. On y rencontre également la fameuse vache rouge Akabeko, la mascotte de Yanaizu que l’on retrouve partout dans le village et le porte-bonheur de la région d'Aizu. Le festival annuel du temple, baptisé Nanokado Hadaka-mairi et qui a lieu le 7 janvier, retient l’attention pour son côté insolite : une compétition de grimper de corde par les hommes du village en petite tenue.
À l’entrée d'Enzo-ji, on remarque une belle bâtisse traditionnelle qui répond au nom de Uchidaya (内田屋). Ce ryokan établi depuis 140 ans servait auparavant de shukubo, un lieu d’hébergement à destination des pèlerins de passage dans le quartier Monzen-machi du temple. Aujourd’hui, l'adresse est connue pour son menu authentique à base de sashimi de cheval, dans un décor d’une autre époque et toujours bien entretenu.
Un peu plus loin, depuis le hall d’accueil du Musée d’art Kiyoshi Saito (斎藤清美術館), les visiteurs bénéficient d’une jolie vue sur la campagne et les rizières de Yanaizu. Le musée qui n’expose que des collections temporaires est en lui-même un lieu d'architecture esthétique, plaisant à découvrir en fin de journée.
Avant de repartir, on n’oublie pas de goûter aux Awamanju, d'excellentes pâtisseries régionales que l’on mange chaudes ou froides. De couleur jaune, ce petit gâteau est préparé à base de pâte d’haricots rouges enveloppée d’un mélange de millet et de riz gluant, puis cuit à la vapeur.
Riche de paysages de montagne immenses, la région d'Oku Aizu se découvre également à échelle humaine, à mesure que l'on traverse les villages, à la rencontre des savoir-faire locaux et de ses habitants.