Courbettes japonaises : étiquette et significations
Ojigi : excuses et salutations au Japon
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles on peut se courber (お辞儀 ojigi) devant un interlocuteur au Japon, afin de montrer une marque de respect ou d'humilité dans le rapport social :
- présentations plus ou moins formelles ;
- salutations (bonjour et au revoir), remerciements et excuses ;
- service ou vente à la clientèle ;
- rite religieux (en particulier shinto) ;
- cérémonies diverses ;
- match sportif, rencontre d'arts martiaux ou performance artistique ;
- contrôleur dans le Shinkansen ;
- mal de dos ou âge avancé (!).
Le degré d'inclinaison, la durée et le nombre de courbettes dépend en partie de l'intensité que l'on veut ou doit transmettre, mais aussi et surtout de son propre niveau hiérarchique par rapport à celui de l'interlocuteur. Se courber peut ainsi aller du simple hochement de tête relativement familier, au geste plus formel et rigide, jusqu'à la demande d'excuse au sol (très rare).
Même les Japonais eux-mêmes s'en amusent :
Ce qu'il faut faire
Voici quelques exemples dans l'étiquette japonaise :
- 会釈 eshaku à 15°, pour les salutations entre pairs ;
- 敬礼 keirei à 30°, marque de respect pour les interlocuteurs de rang supérieur ;
- 最敬礼 saikeirei à 45°, salutation d'une personne très importante, ou demande d'excuse pour un acte relativement grave.
Généralement, la courbette s'effectue avec les bras alignés le long du corps (chez les hommes) ou les mains jointes devant (chez les femmes). Elle peut s'accompagner d'une formule orale en cas d'excuse, telle que すみません sumimasen ("pardon"), ごめんなさい gomen nasai ("excusez-moi"), jusqu'à 誠に申し訳ございませんでした makoto ni môshiwake gozaimasen deshita ("je vous présente mes sincères excuses pour ce que j'ai fait").
Ce qu'il ne faut pas faire
Il est considéré comme impoli de regarder son interlocuteur dans les yeux pendant une courbette. Le regard doit suivre l'inclinaison du haut du corps. Il faut également faire attention à la distance interpersonnelle pour éviter les chocs malencontreux. Enfin, il faut absolument éviter de serrer la main en se courbant ; c'est une erreur commune des gaijin, commise même par Barack Obama lors de sa rencontre avec Akihito, Empereur du Japon, en novembre 2009 (voir photo de une).
Enfin, on assiste parfois à des situations qui peuvent paraître loufoques d'un point de vue extérieur, telles que :
- deux personnes qui n'en finissent pas de se courber l'une face à l'autre ;
- quelqu'un qui fait des courbettes au téléphone pour appuyer son propos ;
- des employés qui restent courbés de très longues secondes jusqu'à la disparition complète du client qui ne s'est même pas retourné.