Le risque mesuré de méga-séisme au Japon
Territoire situé sur la ceinture de feu 🔥 du Pacifique, l'archipel japonais est l'un des pays qui connaissent une activité sismique annuelle parmi les plus importantes au monde. Si la plupart des tremblements de terre qui s'y produisent au quotidien restent imperceptibles ou ressentis de façon légère et sans gravité particulière, le Japon sait qu'il peut être touché à tout moment par un séisme de grande ampleur appelé "mégaséisme".
On définit un méga-séisme par :
- sa magnitude supérieure à 8,5 sur l'échelle de Richter ;
- et sa faible profondeur : moins de 50 kilomètres sous la surface du sol.
Le séisme de Tohoku de magnitude 9,0 à 9,1, qui a eu lieu le 11 mars 2011 sur la côte Sanriku, est à ce jour le mégaséisme le plus récent enregistré au Japon. On se souvient de ses conséquences destructrices importantes et durables pour la région, car la forte secousse avait ensuite déclenché un méga-tsunami (vague déferlante de plus de 20 mètres de hauteur) et entraîné l'accident nucléaire de Fukushima.
La fosse de Nankai : une attention particulière
Le territoire nippon reste donc sous surveillance constante, monitoré par l'agence météorologique du Japon (JMA), notamment en ce qui concerne ses zones les plus sensibles : celles sujettes aux énormes séismes récurrents car situées à la jonction de plaques tectoniques.
La fosse de Nankai, en particulier, est sous le feu des projecteurs. Elle s'étend sur 800 kilomètres le long du littoral Pacifique au sud des îles principales : de la mer de Hyuganada à Kyushu jusqu'à la baie de Suruga dans la préfecture de Shizuoka, entre Tokyo et Nagoya. Très étendue, elle est divisée en 3 grandes zones géographiques et 5 segments :
- la portion "Nankai" (segments A et B) signifie "mer du sud" et part de l'est de Kyushu en couvrant le sud de Shikoku ;
- la zone "Tonankai" (segments C et D) désigne la partie centrale de la fosse, sous la péninsule de Kii (préfectures de Wakayama et Mie au sud de Kyoto et Osaka) ;
- la portion "Tokai" (segment E) se situe à l'extrémité nord-est de la faille, au sud de Shizuoka et jusqu'à la baie de Suruga ; elle est la zone la plus proche de Tokyo.
Il s'agit de l'une des zones dites de subduction, où la plaque océanique de la mer des Philippines s'enfonce sous celle du continent eurasien, à l'origine de plusieurs grands séismes dans l'histoire du Japon, entre autres :
- le séisme de Hoei en 1707, au sud des Kii, de magnitude estimée 8,6 et qui avait déclenché par la suite la dernière éruption du mont Fuji 🗻 ;
- 2 des 3 grands séismes de l'ère Ansei en 1854, à Suruga, de magnitude 8,9 et qui se produisirent chacun à moins de 48 heures d'intervalle ;
- et le séisme de Nankai en 1946 (en pleine période d'Après-guerre) au sud de Shirahama à nouveau, de magnitude 8,1, le dernier en date dans la région.
Il est estimé qu'un important tremblement de terre le long de cette faille, qui touche en moyenne 1 à 2 segments différents, se produit environ tous les 90 à 150 ans, parfois plus de 200 ans. À noter que le segment E de la zone "Tokai" s'est quasiment toujours rompu de manière simultanée avec l'un des segments de la portion "(To)Nankai".
Le gouvernement japonais annonce une probabilité entre 70% et 80% qu'un mégaséisme se produise dans cette région dans les 30 années à venir. Le "Big One" qui toucherait Tokyo est ainsi annoncé depuis des années et peut en théorie se produire dans les prochains jours / mois / années / décennies... personne ne peut le prédire assurément.
Les conséquences d'un tel séisme dans cette partie du centre-sud du Japon pourraient être davantage retentissantes que celles de mars 2011, notamment au vue :
- de la forte densité de population qui vit à l'extrémité nord-est de la faille : villes de Tokyo, Kawasaki et Yokohama de façon élargie puis Shizuoka, Hamamatsu, Nagoya, jusqu'à la baie d'Osaka ;
- du risque élevé de tsunami engendré par le tremblement de terre qui toucherait en moins de 5 minutes et en priorité les terres littorales avancées comme la péninsule d'Izu, la péninsule de Kii ou encore les préfectures Tokushima, Kochi et Miyazaki.
- et du réveil éventuel d'un des volcans 🌋 présents dans la région proche de l'épicentre.
Le 1er avertissement de risque de séisme majeur
Le jeudi 8 août 2024 à 16h43, un tremblement de terre de magnitude 7,1 et d'une profondeur de 30 kilomètres a été enregistré au large de la ville de Miyazaki, dans la mer de Hyuganada à l'extrémité sud-ouest de la faille de Nankai. Ressenti par les Japonais à une intensité prononcée de 6- sur l'échelle de Shindo qui compte 10 gradations, cet épisode n'a pas causé de dégât majeur :
- le risque de tsunami (quasi systématique à cette magnitude) a été levé rapidement ;
- quelques constructions non-parasismiques ont été abîmées ;
- on dénombre seulement une 15aine de blessés, et pas de décès.
Les normes de constructions antisismiques des bâtiments au Japon ainsi que le comportement de la population locale, préparée dès le plus jeune âge à savoir comment bien réagir en cas de séisme, contribuent sans conteste à ce bilan immédiat assez léger.
Toutefois et rapidement après la secousse, l'agence JMA a émis un avertissement concernant "un risque plus élevé que la normale qu'un éventuel mégaséisme se produise dans les prochains jours" dans la zone de l'épicentre. En effet, les sismologues s'accordent à penser qu'il y a 5% de probabilité qu'un séisme d'intensité prononcée dans une zone géographique sensible comme celle de la fosse de Nankai, précède de quelques jours un évènement de plus grande ampleur. C'est d'ailleurs ce qui avait été remarqué en 2011, où une pré-secousse de magnitude 7,3 avait eu lieu sur la côte Pacifique du Tohoku 2 jours avant le tristement célèbre 11 mars.
Rappel des principes de précaution
C'est la 1ère fois que l'agence météorologique du Japon publie ce type de communiqué, qui ne sert pas à prédire l'arrivée imminente d'un mégaséisme mais plutôt à rappeler à la population concernée les principes de précaution de base, notamment :
- rester informé(e)s régulièrement de l’évolution de la situation ;
- suivre les consignes de sécurité données par les autorités, comme préparer au mieux son logement aux secousses ;
- préparer un kit de survie avec de la nourriture et des produits de 1ère nécessité pour tenir jusqu'à 3 jours ;
- prévoir un plan d'évacuation, surtout si l'on a besoin d'aide (famille avec enfants en bas âge et séniors) et connaître l’emplacement de l’abri le plus proche de là on se trouve ;
- être capable de pouvoir communiquer sa position géographique en cas de besoin (prévoir des batteries de rechange, une petite radio, etc.).
L'annonce de cet état de vigilance, effectuée peu avant de la mi-août qui est pour les Japonais la période des vacances nationales Obon et donc de déplacements en région, a entrainé plusieurs réactions :
- le 1er ministre japonais Fumio Kishida a reporté son déplacement prévu en Asie centrale, peut-être de façon opportuniste car il annonçait quelques jours plus tard son intention de démissionner (ne pas se représenter au prochain mandat qui démarre en septembre) ;
- certains vacanciers inquiets pour Obon ont annulé leurs nuitées dans les hébergements situés dans la zone de localisation de l'éventuel mégaséisme ;
- les stocks d'eau, de riz et de papier toilette ont été en partie dévalisés dans les supermarchés et sur Internet ;
- la circulation des trains a été ralentie dans certaines régions et certains évènements côtiers annulés (comme le feu d'artifice de Shirahama).
Quid des voyageurs temporaires au Japon ?
Concernant les touristes en voyage au Japon ou celles et ceux qui se préparent pour leur prochain séjour, on recommande de ne pas céder à la panique immédiate car nul ne peut prédire la date ni le lieu exacts du prochain gros séisme au Japon.
Ce seul avertissement de risque éventuel légèrement accru de tremblement de terre ne justifie pas d'engager une annulation de son voyage. Les plus concernés peuvent reporter leur séjour ou modifier leur itinéraire, sachant qu'un mégaséisme peut arriver demain ou pas avant 30 ans, et que l'entièreté du territoire est de toute façon sujette à la sismicité.
Choisir de partir avec une agence de voyages spécialiste du Japon telle que Keikaku représente une garantie supplémentaire pour être mieux accompagné(e)s en cas d'évènements naturels particuliers. En effet, en cas d'évènement dit de "force majeure", l'agence avec laquelle vous avez signé un contrat de voyage (incluant les vols et les hébergements) est responsable de vous, alors que si vous avez réservé votre séjour de votre côté, vous êtes livré(e) à vous-même.
Il reste en tout cas important de se tenir informé(e) avant et pendant son séjour, notamment via :
- les conseils aux voyageurs et le dispositif Ariane pour les ressortissants français, afin d'alerté(e) en cas de crise majeure dans le pays concerné ;
- les applis d'information en temps réel des tremblements de terre comme :
- Safety tips de l'Office national du tourisme japonais (JNTO) ;
- Yurekuru Call (ゆれくるコール) disponible sur Android et Apple ;
- ainsi que NERV Disaster Prevention à installer et paramétrer sur son smartphone.
Ce 1er état de prudence particulière a couru pendant 1 semaine et a été levé jeudi 14 août 2024 : aucune autre observation ou activité sismique inhabituelle le long de la fosse de Nankai, comme un déplacement anormal de la croûte terrestre, n'a été constatée entre temps par les sismologues. Au regard de l'histoire et de la chronologie des séismes de grande ampleur au Japon, d'autres avertissements de risque éventuel de mégaséisme seront sans aucun doute émis par la JMA dans le futur, sans qu'ils ne justifient une panique accrue.
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