Shichi-go-san

Ceux qui ont déjà visité le Japon en automne 🍁 ont peut-être déjà croisé des parents sur leur 31 accompagnant un enfant en kimono 👘 coloré au sanctuaire. Ils ont ainsi assisté à la célébration du Shichi-Go-San (七五三 ou 7-5-3), une fête familiale marquant des étapes traditionnelles de la vie des enfants.

Les origines de la coutume

Cette coutume a d’abord été documentée dans l’aristocratie de l’époque de Heian. Elle s’est progressivement répandue au fil des siècles à la classe des guerriers, puis au peuple.

De nombreuses explications coexistent concernant la période précise pendant laquelle cette fête a lieu. La plus couramment rapportée raconte qu’elle aurait débuté en 1681, le 15ème jour du 11ème mois où eut lieu la cérémonie hakama no gi pour prier pour la santé du fils aîné du shogun Tokugawa Tsunayoshi.

D’autres versions avancent que le 11ème mois du calendrier lunaire marquait la fin des récoltes et la nécessité de remercier les divinités, ainsi que de renouveler ses vœux de prospérité et santé, notamment pour les enfants. Le quinzième jour du onzième mois de l’ancien calendrier luni-solaire était aussi réputé pour être un jour sans démon, un jour faste où tout ce qu’on faisait était favorisé.

C’est durant l’ère Meiji (1868-1912) que la date du 15 novembre a été officialisée dans le calendrier grégorien et que son nom actuel de Shichi-Go-San a été fixé. Aujourd’hui cependant, la célébration peut être effectuée autour de la mi-novembre, sur un jour chômé ou férié, sans se fixer spécialement sur le 15 et avec une grande souplesse pour s’adapter aux possibilités de congés des parents.

Pourquoi 7, 5 et 3 ans ?

Les âges fêtés étaient autrefois considérés critiques dans la croissance des enfants. De plus, l’influence de la pensée chinoise se fait sentir dans le choix de chiffres impairs, considérés de bon augure.

Shichi-Go-San connaît de nombreuses variations selon l’âge des enfants et les régions, mais en général, la fête est célébrée à 3 et 7 ans pour les filles, et à 3 et 5 ans pour les garçons. Elle se caractérise ainsi :

• La célébration des 3 ans ou kamioki no gi (髪置きの儀) tire son origine de l’habitude de raser les cheveux des plus jeunes à l’époque d’Edo, aussi bien ceux des filles que ceux des garçons. Elle marque le moment où on laisse pousser les cheveux des enfants.
• La célébration des 5 ans ou hakama no gi (袴儀) représente la première fois où les garçons peuvent porter un hakama, le "pantalon" large des hommes adultes.
• La célébration des 7 ans, obitoki no gi (帯解きの儀) ou himotoki no gi (紐解の儀) représente la première fois où les filles peuvent porter un obi large comme les femmes adultes.

La cérémonie est célébrée en principe à l’âge atteint selon le système traditionnel japonais de kazoedoshi (数え年 "année comptée") : l’enfant a déjà 1 an le jour de sa naissance et prend 1 an supplémentaire à chaque changement d’année. Toutefois, Shichi-Go-San tend de plus en plus à être célébré en âge "réel", selon le calendrier grégorien, essentiellement pour des questions de simplicité.

Comment est fêté Shichi-Go-San ?

Les parents, parfois accompagnés des grands-parents, emmènent le ou les enfants de 3, 5 ou 7 ans au sanctuaire shinto. La visite au sanctuaire pour Shichi-Go-San (Shichi-Go-San mode 七五三詣で) privilégie celui dont ils dépendent, en général celui de leur quartier ou de leur région d’origine. Les enfants sont apprêtés en kimonos colorés et la famille vient s’incliner devant le shaden, le pavillon où réside leur divinité tutélaire (ujigami 氏神). Outre la prière, c’est l’occasion de longues séances de photos commémoratives, tant avec la famille qu’avec des passants admiratifs de la tenue des enfants.

Une cérémonie dans les règles de l’art consiste à se rendre au sanctuaire pour présenter une offrande à la divinité, en général une branche de sakaki ornée de bandelettes de papier dite tamagushi (玉串), directement ou par l’intermédiaire du kannushi (神主), le prêtre shinto responsable du sanctuaire.

La cérémonie shinto comprend généralement les étapes suivantes :

1. Le kannushi procède à une purification rituelle des personnes présentes (enfants et familles) ;
2. Puis il énumère les noms des enfants devant la divinité, cela pendant une trentaine de minutes (variable en fonction du nombre d’enfants) ;
3. Puis les enfants ou le kannushi offrent chacun une branche tamagushi ;
4. Les miko (巫女), des jeunes femmes assistantes du prêtre, exécutent ensuite une danse traditionnelle kagura (神楽) en faisant tinter des clochettes ;
5. Puis elles distribuent des cadeaux aux enfants.

Le tout peut être suivi d’un banquet familial organisé par le sanctuaire, dans le style de la cuisine kaiseki, avec des frais supplémentaires.

La cérémonie, en effet, n’est pas gratuite (prix moyen de 10.000¥ / ~61,68€ par enfant). Il est alors nécessaire de procéder à une offrande en numéraire appelée hatsuhoryo (初穂料) dans une enveloppe spécifique au nom de l’enfant.

De nombreux sanctuaires proposent des formules incluant le prêt de kimono, l’habillage de l’enfant, la cérémonie shinto et une séance photos à partir de 23.000¥ environ (~141,90€).

Les cadeaux faits aux enfants

Les enfants sont bien sûr au cœur de la célébration et reçoivent par conséquent quelques présents pour marquer l’événement. On peut leur offrir notamment :

• Des amulettes omamori (お守り) ;
• Une flèche porte-bonheur hamaya (破魔矢), réputée éloigner le malheur et attirer le bonheur, également offerte au Nouvel An et pour Kodomo no hi ;
• Des petits jeux et jouets comme des ballons, etc.

Le cadeau-phare est cependant une sorte de bonbons durs, les chitose ame (千歳飴), dont le nom signifie "bonbons de 1,000 ans". Il s’agit de longs tubes (certains peuvent atteindre 1 mètre !) composés de sirop et de sucre, teintés dans les couleurs bénéfiques rouge et blanc. Les bonbons sont empaquetés par les miko, les prêtresses shinto, dans des sachets aux couleurs du sanctuaire, et leur nombre varie en fonction de l’âge de l’enfant. Les sachets sont agrémentés de deux sortes de motifs :

• Le tsurukame (鶴亀), le motif de la grue et de la tortue affrontés, symbole de longévité ;
• Le shochikubai (松竹梅), le motif du pin, du bambou et du prunier, respectivement associés à la persévérance, l’intégrité et la modestie.

La forme des bonbons, ainsi que les décors de leur emballage expriment les vœux de longévité et de développement de qualités humaines essentielles.

Ces bonbons auraient été créés vers le milieu de l’époque d’Edo à Asakusa. Leurs formes et leurs couleurs peuvent bien sûr varier selon les régions.

Quels sanctuaires pour assister à Shichi-Go-San ?

C’est en choisissant une visite lors d’un des week-ends à proximité du 15 novembre que l’on a le plus de chances de croiser des familles venues célébrer Shichi-Go-San. Si la célébration peut avoir lieu dans n’importe quel sanctuaire, il est intéressant d’en sélectionner un important pour goûter à cette tradition toute japonaise et admirer les plus beaux atours des enfants sous les feuillages d’automne. On conseillera notamment :

• Meiji-jingu, près de Harajuku à Tokyo ;
• Hie-jinja, dans le quartier d’Akasaka à Tokyo ;
• Et l’injustement méconnu Tomioka Hachiman-gu, dans l’arrondissement de Koto à Tokyo.

Le Kansai n’est pas en reste avec :

• Sumiyoshi Taisha, dans le sud d’Osaka, ou encore ;
• Heian-jingu, au nord-est de Kyoto.

Aujourd’hui, toutefois, la célébration de Shichi-Go-San n’est plus limitée au 15 novembre, mais s’étend sur tout le mois, en fonction des possibilités de congés des parents notamment. Beaucoup de sanctuaires acceptent même la visite rituelle en dehors de cette période, car il est parfois difficile de concilier les impératifs de la vie moderne et les coutumes ancestrales.

Enfin, chaque famille peut "personnaliser" la coutume, en organisant une séance de photos souvenir bien avant la visite au sanctuaire, et / ou en prévoyant séparément un petit banquet familial. Il est aussi fréquent que les familles se contentent de séances photo souvenir pour les enfants de 3 ans, ceux-ci étant trop jeunes pour endurer sereinement une journée vêtus de kimono.

La fête est avant tout l’occasion de réaliser de belles photos des enfants et de la famille en tenues formelles, pour les offrir notamment au reste de la famille et aux amis.