Tsukishima
L'île artificielle au monjayaki
Tsukishima est une île construite par l’homme à la fin du XIXe siècle, située à proximité du marché aux poissons Tsukiji dans l’arrondissement de Chuo sur la baie de Tokyo. On y déguste notamment le monjayaki, spécialité locale dérivée de l’okonomiyaki d’Osaka : une sorte de crêpe fourrée aux crustacés et chou, grillée sur une plaque chauffante.
À l'origine de Tsukishima, il y a Tsukudajima, petite île naturelle de pêcheurs de la baie d'Edo (l'ancienne Tokyo) qui remonte au milieu du XVIIe siècle. La construction des deux bras de Tsukishima oscille, elle, entre 1892 et 1894 seulement. L'île artificielle s'inscrit donc comme une excroissance de Tsukuda, à son extrémité nord-est.
Car ce bras de terre de quelques centaines de mètres de côté à peine, léché de bout en bout par la rivière Sumida, a bel et bien été construit par la main de l'homme. Son sol est constitué de terre draguée au cours de la construction d'un canal de navigation dans la baie de Tokyo. À l'origine d'ailleurs, Tsukishima pouvait s'écrire 築島, littéralement "l'île construite". Son premier pont d'accès, Kachidoki, remonte à 1940.
Élégamment placée entre Tsukiji au nord et Toyosu puis Odaiba au sud, les accompagnateurs touristiques proposent généralement d'y passer après la découverte du fameux marché. L'une des raisons principales ne fait pas de secret : Tsukishima est particulièrement célèbre pour sa rue Tsukishima Monja Street ou "monja town", un petit quartier à l'atmosphère shitamachi qui ravit les amateurs de cuisine japonaise traditionnelle.
Culture locale et spécialité culinaire
On y déguste en effet le もんじゃ焼き monjayaki, une spécialité du coin que d'aucuns rapprocheront facilement de l'okonomiyaki. On prépare cette fameuse galette salée (plutôt d'Osaka et Hiroshima) soi-même à l'aide d'une spatule, sur une sorte de plancha teppanyaki. Son cousin le monja en prend les ficelles mais offre différentes déclinaisons d'une recette plus liquide, principalement à base de fruits de mer, de nouilles et de légumes.
On dénombrerait les restaurants bon marché de monjayaki à plus d'une 60aine sur Tsukishima, au point qu'on trouve même sur l'île une sorte d'office du tourisme du monja et sa carte des échoppes dédiées. Certaines boutiques, centenaires, remonteraient même ainsi à l'époque Edo !
Ces dernières décennies, l'île a connu un développement immobilier effréné, faisant pousser les gratte-ciels résidentiels comme des champignons et créant, par là même, un contraste saisissant entre cette vue et une ambiance de vie locale comme figée dans le temps. Il conviendra de s'enfoncer, sans crainte, dans les petites allées depuis la rue principale Nishinaka.
Le soir, la circulation hors taxis y est bloquée, comme pour mieux apprécier la balade digestive et aérer ses vêtements imprégnés du graillon (certains restaurants proposent d'ailleurs des sacs en plastique pour isoler ses affaires pendant le repas).
Car, à Tsukishima, on ne trouve pas de point shopping et c'est peut-être bien là l'une des spécificités les plus marquantes de cette portion surannée de Tokyo.