Japan Airlines Classe Affaires 7

La frustration des touristes étrangers privés de Japon en 2020

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Pour beaucoup d'entre nous, cela a commencé le 17 mars avec le début du confinement en France, même si officiellement les frontières japonaises ne se sont refermées qu'une dizaine de jours après. Quatre mois plus tard, il n'est toujours pas possible d'entrer au Japon pour les touristes étrangers et les dates de réouverture esquissées restent encore très théoriques.

Si les semaines qui viennent de se dérouler nous ont appris que les bonnes nouvelles se décident vite, la situation des expatriés sur l'archipel (coincés au Japon sous peine de ne pouvoir y revenir malgré un visa d'époux, de travail ou même de résidence permanente) peut également inciter à une certaine prudence.

Le voyageur gaijin comme persona non grata

C'est un fait : on avait pris la liberté de franchir les frontières comme acquise et le confort qui en découlait nous semblait à la fois bien naturel et parfaitement inaliénable. Se reposant sur ces lauriers, d'aucuns se disaient qu'ils partiraient au Japon "l'année prochaine" jusqu'à ce que —patatras!— on les prive de ce tacite blanc-seing.

Et après notre pic printanier dévastateur, quand bien même beaucoup n'ont pas joué le jeu de la prudence (conduisant aux décisions de rendre le port du masque 😷 obligatoire), on s'est pris à retrouver notre esprit de vacances, certes encouragé vers un repli sur soi géographique, au moins pour cet été. "Partez en France !" qu'ils disaient... Schengen a même fait un pas d'ouverture, acceptant les ressortissants de 14 puis 22 pays dès juillet, dont le Japon pour féliciter sa maîtrise de l'épidémie.

Sauf que le pays de Musashi avait beau avoir cet avance sur les gestes-barrière et cette écoute civique qui manquent tant ailleurs, il ne dispose ni d'une grande souplesse administrative, ni de cette culture du compromis qui nous aide pourtant sociétalement à basculer vers le monde d'après. C'est bien connu : si aucune procédure n'est rédigée noir sur blanc, le Nippon est vite perdu et, conséquemment, ne bouge pas, quand bien même le tourisme représente 8% de son PIB.

La longue et douloureuse attente d'une date de réouverture

Le Japon n'est toutefois pas substituable. Si l'on part en Guyane, à Mayotte ou aux Maldives tous les ans, tant pis : cette année ce sera la Corse, ou même l'île de Ré ! Mais rien ne peut remplacer le pays du soleil levant. Conséquemment, les frustrations sont nombreuses et l'on n'est pas tous égaux devant cette adversité : certains attendent patiemment, d'autres râlent fortement face à cette injustice. On ne saurait les blâmer pour cela.

Nous sommes nombreux à rechercher régulièrement l'information sur la date de réouverture des frontières, par exemple en rechargeant compulsivement notre article Kanpai sur "quand voyager au Japon en 2020 et 2021" (voir ci-dessous), à s'abonner à nos pages Facebook, Twitter ou à notre Newsletter pour être notifié(e) dès la bonne nouvelle annoncée, ou encore à soumettre des questions sur Kotaete pour débattre de la faisabilité de voyager dans les prochaines semaines.

Depuis la fin de la seconde Guerre mondiale, c'est la première fois que les frontières japonaises sont fermées. Alors qu'elles le soient aussi longtemps, sans voir le bout du tunnel, était encore tout à fait inconcevable en ce début d'année. Mais le plus dur, c'est d'être dans l'incertitude, dans cette douloureuse prolongation de 30 jours tous les mois. Frustrante pour les touristes en manque ; sans doute léthale pour certains voyagistes spécialistes de la destination.

Entre nostalgie et espoir de partir au Japon

L'archipel est un pays éloigné et onéreux par nature ; aux antipodes d'un week-end d'escapade en Europe par exemple. Pour beaucoup, c'est le voyage d'une vie. On le prévoit longtemps à l'avance, on l'anticipe dans ses économies à moyen-terme, on le prépare avec attention, aidés de professionels ou non, en s'y investissant parfois corps et âme.

Dans ce sens, on sort du cadre strict du loisir pour entrer dans une autre dimension : celle du rêve qui se réalise lorsqu'on l'atteint enfin. Privés de cette possibilité en tant que primo-voyageur, on l'est d'une autre manière en tant qu'habitué, lorsqu'il nous est impossible de retrouver ces bruits, ces odeurs auxquels on retourne chaque année ou presque. Car regarder des documentaires et cuisiner japonais à la maison a ses limites !

Restent quelques questions encore en suspens :

  • Les touristes vont-ils, comme après Fukushima en 2011, retourner au Japon en masse et tout de suite après la réouverture ?
  • Vont-ils continuer à s'agglutiner sur ces 3 pics saisonniers panurgiques que sont les sakura 🌸 en début de printemps, les mois d'août et d'octobre, alors que les nouvelles habitudes de distanciation physique encouragent plutôt à cibler les basses saisons ?
  • Dans le même ordre d'idée, vont-ils changer leur comportement et tirer les leçons de cette crise (ne pas avoir la mémoire courte) en panachant les visites inévitables de Tokyo et Kyoto par plus de découvertes hors des sentiers battus ?

On se retournera sans doute sur le Covid-19 🦠 en se disant que cette réapparition temporaire du Japon autarcique n'était qu'une pause, difficile mais certainement nécessaire.
Peut-être pas aussi longtemps toutefois !