Daikaku-ji

D’abord villa construite pour l’empereur Saga au début des années 800, le lieu devint sa résidence de retraite, et fût utilisé ainsi par d’autres empereurs retirés par la suite. Le temple Daikaku-ji y est officiellement fondé en 876 par Masako, la fille de Saga, et devient un Monzeki, c’est-à-dire un temple dont l’abbé est toujours issu de la famille impériale. Il appartient à l’un des plus anciens courants bouddhistes japonais, le Shingon.

A la fin du XIVe siècle, les accords de paix entre les Cours du Nord et du Sud y furent conclus, mettant fin à près de cinquante ans de guerres civiles. Le Daikakuji est également mis en scène dans le Dit du Genji de Murasaki Shikibu.

Trésors historiques et religieux

Le complexe regroupe plusieurs bâtiments de diverses époques, dont certains ont été relocalisés au Daikaku-ji. Bien que plusieurs soient classés Biens Culturels, tous ne sont pas ouverts à la visite.

Des corridors extérieurs en bois, dont Murasame no Roka, relient entre eux les édifices. Comme au château 🏯 de Nijo, leur sol équipé du système de "plancher rossignol" si populaire parmi les touristes. Un mécanisme dissimulé dans le bois fait crisser le plancher dès que l’on y pose le pied.

En intérieur, notamment dans le Shinden, un des édifices principaux déplacé ici à l’époque d’Edo (1603 – 1868), les parois coulissantes sont ornées de peintures de plusieurs artistes de l’école Kano, de l’époque Momoyama (fin du XVIe siècle).

L’un des trésors les plus importants du Daikaku-ji est la copie manuscrite du "Sutra du Cœur" (Hannya Shingyô 般若心経) qui y est soigneusement conservée. Selon la légende, elle aurait été réalisée par l’empereur Saga à la demande du moine Kobo Daishi, afin d’enrayer une grave épidémie durant la période de Heian. Ce trésor est conservé dans le Hall du Sutra et n’est montré au public qu’une fois tous les soixante ans, la dernière présentation ayant eu lieu en 2018. Tout près se trouve le Reihokan, un petit musée qui dévoile également quelques expositions au printemps et en automne sur les différents trésors du temple.

Son grand jardin sec est bordé des pavillons Shinden, du pavillon Miedo qui constitue l’interface entre les fidèles et le Sutra du Cœur, et le pavillon principal Godai-do, où sont vénérés les 5 rois de la sagesse, dont Fudo Myoo. En octobre 2017, s’inscrivant dans l’air du temps, il a accueilli une immense fresque de 800m2 pour célébrer les vingt ans de la franchise One Piece :

Le dernier jardin japonais de l’époque de Heian

Les pas des visiteurs les mènent ensuite aux bords de l’étang d’Osawa, encore plus ancien que le complexe lui-même. D'une superficie de 2,4 hectares, il fut créé par l’empereur Saga en personne. Cela en fait le jardin aquatique le plus ancien et le dernier témoin des jardins d’agrément de style chisen shuyu, conçus pour naviguer sur un plan d’eau.

L’étang fut en effet destiné à l’origine au plaisir de l’empereur : un endroit où il pouvait pêcher et surtout un lieu privilégié pour observer la lune depuis une barque. Vers l’extrémité nord de l’étang se trouvent deux îles, une grande et une petite, cette dernière étant connue sous le nom d’ "île des chrysanthèmes". Quelques statues bouddhiques, un petit sanctuaire et surtout la pagode à deux étages Shingyo Hoto, érigée en 1967 pour commémorer le 1150e anniversaire de la copie du Sutra du Cœur, complètent le tableau.

Il est tout de même conseillé de visiter le site au printemps pendant la floraison des cerisiers 🌸 ou bien en automne pour venir admirer le magnifique rouge des feuilles d’érables de sa Momiji 🍁 Road. A cette même période, durant trois soirées dont les dates sont celles de la pleine lune, une reconstitution historique appelée Kangetsu no Yube permet de revivre les festivités aquatiques de la noblesse autour de l’observation de l’astre de la nuit.

On dit également que l'empereur Saga fut l’initiateur de l'ikebana faisant du Daikaku-ji le temple originel de cet art de l'arrangement floral, il y a 1.200 ans. Aujourd’hui, il accueille le siège de l’école d’ikebana Saga Goryu depuis 1937.