Un Japon exaltant à la Coupe du Monde de football 2018
Après 2002 et 2010, le groupe japonais emmené par Akira Nishino réussit une nouvelle fois à accéder à une phase finale de Coupe du Monde de football. L'équipe figure ainsi parmi les seize meilleures mondiales, mais reste pour le moment à la soixante-et-unième place du classement FIFA.
Parcours surprenant
Dans une trajectoire prometteuse en début de phases de poule, contre la Colombie (victoire surprise 2-1 face aux favoris) puis contre le Sénégal (match nul à 2 partout), les vingt dernières minutes contre la Pologne (défaite 1-2) se sont montrées soporifiques pour assurer la qualification à l'arraché. Il faut ensuite noter la "malchance" des Japonais de rencontrer la Belgique dès les huitièmes de finale ; les Diables Rouges s'avérant l'une des nations particulièrement en forme de cette édition 2018, qualifiée en quarts de finale contre le Brésil mais s'inclinant en demies face à la France finalement championne, avant d'arracher la troisième place face à l'Angleterre.
C'est pourtant bien le Japon qui ouvrait le score en début de seconde mi-temps et menait alors 2-0 à la cinquante-deuxième minute, à la surprise générale. Il fallait ensuite attendre la toute fin du temps additionnel pour voir les Diables Rouges marquer le troisième but nécessaire pour décrocher sa place en quarts. Sonnés, les Japonais finissaient soudainement leur compétition sur un renversement cruel mais réaliste. Le match France / Japon en Coupe du Monde sera pour une prochaine édition !
Style affuté
Si l'on devait définir le jeu des Samurai Blue au regard de cette compétition, on retiendrait leur excellent savoir-faire technique. On sent le lourd investissement effectué pendant les entraînements à acquérir de beaux gestes, bien menés et avec peu de déchet. La vision collective prime sur l'individualisme des joueurs et leur assure des constructions intéressantes et efficaces (mais parfois à la limite du scolaire). Rapides, ils donnent l'impression de survoler la pelouse. Toujours en action, ils montrent une volonté constante, conservent bien le ballon et ne réclament jamais auprès de l'arbitre après une chute. En résumé, on a affaire à un jeu collectif et travaillé, particulièrement investi, bref, à la japonaise !
Cette réelle personnalité dans le jeu insuffle un vent nouveau dans le monde du foot latin qui n'a dorénavant plus d'autre choix que de considérer comme ils se doit les nations asiatiques comme leurs pairs. D'ailleurs, nombre d'experts n'ont de cesse de le répéter dans les médias : l'avenir du football est en Orient avec, d'un côté, le Moyen-Orient et les pays tels que l'Arabie Saoudite et le Qatar, puis à l'extrémité est, le Japon, la Corée du Sud et la Chine.
Comportement exemplaire
Les Samurai Blue auront encore marqué la compétition par leur fair play, qui contraste particulièrement avec les habitudes des joueurs occidentaux et sud-américains et leur manière théâtrale de tomber au moindre effleurement adverse (Neymar en étant l'acmé de cette édition). On se souvient particulièrement du match Japon / Sénégal qui s'est déroulé dans un respect mutuel, que ce soit sur le terrain ou dans les gradins, nettoyant les déchets après leur passage. Ce ne sont d'ailleurs pas seulement les fans qui s'y sont pliés, mais également l'équipe elle-même qui a fait sa courbette aux supporters en fin du dernier match puis quitté les vestiaires nettoyés avec une grande propreté par le staff, un "merci" écrit en russe et trois origamis comme cadeau ! On les remercie chaudement de faire vivre cet esprit sportif sain et loyal qui devrait définir simplement le football (et tout autre discipline) comme le rugby le fait depuis si longtemps.
Outre ce caractère respectueux, on reconnaît à l'équipe nationale d'avoir gagné en maturité ; peut-être est-ce dû au fait d'avoir choisi des sélectionneurs étrangers ces dernières années, comme le français Philippe Troussier en 2002. Dans tous les cas et au fur et à mesure des tournois, leur jeu évolue, se complexifie et adopte parfois des techniques originales, laissant sur le coup leur concurrent perplexe. Ainsi, les joueurs Sénégalais ont dû revoir plusieurs fois la vidéo pour admirer la justesse et la précision des défenseurs Japonais à s'aligner et courir tous en même temps afin de provoquer un hors jeu sur coup franc. Cette manœuvre peu utilisée car très risquée illustre à merveille la discipline de groupe dont savent faire preuve les joueurs nippons. Les grands enfants que nous sommes ne peuvent alors s'empêcher de fredonner le générique d'Olive et Tom ; ou quand l'anime devient réalité !
Résultat prometteur
Malgré un parcours très honorable, l'équipe du Japon doit encore progresser sur la régularité de ses performances. Sur trois rencontres en poule, elle a gagné, fait un match nul, puis a perdu contre la Pologne, arrivée pourtant bonne dernière des quatre équipes. Elle doit d'ailleurs sa place en huitième au bon comportement de ses joueurs qui ont enregistré moins de cartons jaunes que le Sénégal, ex-aqueo au nombre de points et différence de buts. Contre la Belgique, il lui a malheureusement manqué la créativité et le réalisme suffisant pour aller au-delà de la préparation technique et chercher le but décisif de la victoire. Outre Keisuke Honda, on sent encore assez peu d'intuition ou de talent qui "se lâche" en individuel, peut-être trop bridé par le collectif.
Et si, pour les fans, la fin de l'aventure sonne un peu trop tôt, on souhaite en tout cas préserver cette ferveur nationale. La capitale tokyoïte a ainsi pu tester en grandeur nature ses installations, notamment au carrefour de Shibuya qui s'enflamma dès le premier match et la victoire surprise sur la Colombie, jugée et arrivée favorite de son groupe. La foule dense et enthousiaste a été filmée et relayée sur les réseaux sociaux bon nombre de fois. Aucun incident majeur ne s'est produit, malgré les sauts dans Dotombori à Osaka ; ce qui reste de bonne augure pour les évènements à venir, parmi lesquels évidemment les Jeux Olympiques 🏅 de Tokyo en 2020.
Rendez-vous au Qatar en 2022 !