Kanda Matsuri
Le grand festival de Tokyo institué par Tokugawa Ieyasu
Kanda Matsuri est un festival shinto qui se tient à la mi-mai lors des années impaires dans le centre de Tokyo. C’est un des trois plus importants de la capitale et du Japon. Le sanctuaire Kanda Myojin dans l'arrondissement de Chiyoda est le point de départ des processions, qui y reviennent après avoir parcouru les quartiers voisins tels que Akihabara, Nihonbashi et Marunouchi.
Fondé en l’an 730, le sanctuaire Kanda Myojin est consacré à deux des sept divinités du bonheur et à Taira no Masakado, un seigneur féodal rebelle du Xe siècle, déifié après sa mort. Le sanctuaire a réellement pris de l'importance grâce à Tokugawa Ieyasu (1543 - 1616), un des trois unificateurs du Japon. Ce seigneur de la guerre avait en effet pour habitude d’aller y prier avant de mener les combats décisifs qui ont contribué à son ascension au pouvoir et à l’unification du pays.
Ieyasu remporte la célèbre bataille de Sekigahara en 1600 et obtient le titre de shogun en 1603, date qui marque le début du shogunat Tokugawa, plus connu sous le nom d’époque d’Edo (1603 - 1868). C’est un tournant radical dans l’histoire du Japon qui va connaître une période de paix et de stabilité de plus de deux siècles et demi, sous l’autorité des Tokugawa. Tous les pouvoirs temporels sont transférés au shogun à Edo (ancien nom de Tokyo), tandis que l’empereur est cantonné aux fonctions spirituelles à Kyoto.
Un festival commémorant le Japon moderne
Kanda Matsuri, appelé initialement Tenka Matsuri (festival du pouvoir), est né de la volonté du shogun Tokugawa Ieyasu de célébrer ses victoires tout en reconnaissant l’aide et le soutien moral du sanctuaire à ses troupes. Kanda Matsuri et son pendant, Sanno Matsuri, qui se tient en juin les années paires, étaient les deux seuls festivals dont les processions étaient autorisées à évoluer dans l’enceinte du château 🏯 d’Edo (aujourd’hui le Palais impérial de Tokyo).
Actuellement, les célébrations s’étalent sur une semaine. Deux journées particulièrement animées sont organisées lors du week-end le plus proche du 15 mai, uniquement les années impaires.
La procession principale : Shinkosai
La procession principale Shinkosai a lieu le samedi. Trois mikoshi, les sanctuaires portatifs abritant chacun une des divinités du sanctuaire Kanda Myojin (Daikoku, Ebisu et Taira no Masakado), parcourent un itinéraire d’une trentaine de kilomètres dans l’ancienne ville basse de Tokyo. La procession démarre vers 8h pour se rendre notamment à Otemachi, près du Palais Impérial où se trouve le site primitif de Kanda Myojin. Elle continue sur Marunouchi, Nihonbashi et Kanda avant de terminer par Akihabara et de revenir au sanctuaire vers 19h.
À condition d’y arriver suffisamment à l’avance, le point de rassemblement devant le grand magasin Mitsukoshi de la longue avenue Nihonbashi constitue un poste 📮 d’observation de choix. Le magnifique cortège de centaines de participants y défile vers 16h30. On peut y voir notamment :
- les mikoshi portés par des hommes qui dansent, sautent et chantent ;
- des chars décorés à l’aspect parfois surprenant, illustrant des légendes ou des pièces de théâtre Nô ;
- des cavaliers en tenue de samouraï, ou encore d’autres participants en tenues traditionnelles de l’époque de Heian.
S’il vous reste du temps, n’hésitez pas à revenir près de l’entrée du sanctuaire Kanda Myojin en fin de journée pour assister au retour des chars. Les environs de la splendide porte Zuishin-mon au crépuscule deviennent alors particulièrement animés !
La seconde procession : Mikoshi Miyairi
Le dimanche, plus de 200 petits sanctuaires portatifs mikoshi viennent des quartiers voisins ; ils représentent les divinités locales qui se joignent à la fête. Ils entament leur parcours dès 9h pour défiler à Kanda Myojin. Les rues résonnent des cris d’encouragement des porteurs, hommes et femmes vêtus du happi, habit traditionnel utilisé uniquement lors des festivals. Plus original encore : certains hommes portent même le fundoshi, le sous-vêtement traditionnel utilisé jusqu’à la seconde Guerre mondiale avant son remplacement par le sous-vêtement occidental.
À noter qu’il n'est pas aisé de se déplacer pour suivre les cortèges sur les deux journées du week-end. Les rues sont bien sûr coupées à la circulation automobile, mais aussi certaines parties aux piétons afin de laisser le passage aux processions. Il peut être impossible de traverser une rue par exemple. L’importance de la foule limite aussi la possibilité de déplacements, notamment lors de certaines étapes, il faut donc s’armer de patience et d’un peu de ruse pour devancer la parade afin d’en profiter au mieux.