Eternal Sonata
Trusty Bell : Chopin no Yume
La Xbox 360 n’est pas vraiment la console sur laquelle on s’attend à voir débarquer des RPG à la sauce japonaise. D’habitude, on nous sert plutôt du FPS de bââse (jusqu’à un bon Halo 3 et surtout un excellent Gears of War) ou du jeu d’action assez global (Crackdown, Stranglehold, etc.). Mais dans le cadre de ses efforts pour amadouer les Japonais, et après le très bon Blue Dragon, c’est Tri Crescendo qui nous pond cette fois son Eternal Sonata. J’ai donc téléchargé la démo jouable sur le Xbox Live pour me faire une idée du titre. Et surtout pour voir si je dois ajouter ce Trusty Bell à la déjà longue liste des jeux à faire en cette fin d’année (Super Mario Galaxy, Assassin’s Creed, Guitar Hero III, en plus d'autres sortis récemment comme Metroid Prime 3 ou le Zelda DS).
La première chose qui frappe dans Eternal Sonata, c’est son parti pris esthétique : cell-shading d’une qualité et d’une propreté hallucinantes, character-design millimétré, multiplication des détails… Les décors sont remplis à ras-bord, les couleurs explosent. Artistiquement, chapeau bas aux designers ; il y a un vrai talent et beaucoup de travail en amont. Trusty Bell a également pour lui son système de combat assez réussi : mélange intéressant entre tour par tour « ATB » traditionnel et temps-réel, il propose de déplacer en même temps les personnages. Sur le papier donc, la Sonate a tout pour sonner juste.
Les choses se gâtent manette en main. Rien qu’en jouant à la démo, on sait déjà à quoi s’attendre : un RPG linéaire au scénario vu et revu, aux caméras inamovibles – un comble sur une machine aussi puissante ! Avec ça, on nous sert les personnages habituels : gentiment niais, à la croisée de Final Fantasy IX et Kingdom Hearts 2. Et puis il y a cette façon mi-ridicule, mi-délicieuse, d’entendre prononcer Chopin « shopane » par une doubleuse japonaise qui ne doit connaitre le compositeur ni d’Ève ni d’Adam. Je ne dénigre pas les qualités existantes d’Eternal Sonata, mais il faut condamner son manque d’envergure et l’absence de prise de risque qui s’en dégage.
Le RPG japonais a vraiment du mal à se sortir les doigts du cul et arrêter avec son immobilisme. Autant les nippons tentent des paris esthétiques qu’ils réussissent souvent haut la main, autant dans les mécaniques de jeu, on nous sert toujours la même soupe et ça commence à devenir fatigant. De bonnes idées artistiques sont alors souillées par un système de jeu obsolète. C’est malheureusement le cas d’un Eternal Sonata qui pourra sûrement ravir les néophytes, mais fatiguera rapidement les vieux briscards du RPG. Ah ça, quand on a été élevé à Secret of Mana, Chrono Trigger, FFVI ou Xenogears, on a des standards, môssieur !