Kotohira-gu
Le sanctuaire Konpira-san des marins
Kotohira-gu, surnommé familièrement Kompira-san, est un sanctuaire Shinto situé à Kotohira, une petite ville de la préfecture de Kagawa. Adossé au Mont Zozu, il est dédié à la protection des marins et des activités maritimes. Son folklore riche et ses 1368 marches à gravir en font un lieu de pèlerinage très populaire en complément de celui des 88 temples de Shikoku.
Le Mont Zozu est un lieu de spiritualité depuis au moins le Ier siècle de notre ère. Vers 700-704, le temple Matsuo-ji y est fondé par les pratiquants du shugendo, un syncrétisme du bouddhisme et du shinto. Le Kotohira-gu, lui, est institué pour assurer la protection des kami, représentés par Omono-nushi qui veille sur la navigation maritime et est assimilé à la divinité aquatique du panthéon bouddhiste indien Khumbira (Kompira en japonais). En 1165, l’esprit supposé vengeur de l’empereur Sutoku vient s’ajouter aux nombreuses déités chargées de protéger les lieux.
Un pèlerinage ancien
Le pèlerinage au Kompira-san commence à gagner en popularité à partir du XIVe siècle, jusqu’à devenir le 2ème sanctuaire le plus fréquenté pendant l’époque d’Edo, après celui d’Ise. Aujourd’hui encore, sa visite est particulièrement appréciée des Japonais qui s’y rendent toute l’année. Le site propose en effet une promenade sportive et ombragée, ponctuée de différentes étapes à flanc de montagne : oratoires, musées ou pavillons remarquables, ainsi que de belles vues en hauteur sur la plaine de Sanuki et le mont Iino (surnommé le "Fuji 🗻 de Sanuki") et jusqu’à la Mer Intérieure de Seto.
Kotohira-gu Kompira-san est le plus important des 600 Kompira du Japon et l’on vient principalement y prier pour la sécurité en mer, en offrant des ema illustrés d’un navire, ou pour le bonheur que l’on peut attirer grâce à ses amulettes omamori jaunes.
Première partie du pèlerinage : 785 marches jusqu’au Hongu
Depuis l’une des 2 gares desservant la ville de Kotohira, où l’on peut notamment voir la plus haute lanterne 🏮 du Japon (27 mètres), il faut marcher environ 15-20 minutes pour atteindre le quartier commerçant au pied du sanctuaire. On y trouve :
- des stands de location de bâtons de marche,
- des restaurants de udon et même une école pour apprendre à les fabriquer,
- un musée du saké,
- et à proximité Umi no kagakukan, un musée consacré à la navigation en mer.
Les premières 365 marches de pierre, bordées de boutiques de souvenirs, de friandises et de restaurants conduisent à la porte Oomon (ou Daimon) qui marque l’entrée formelle du Kotohira-gu. Cette porte, ainsi que plusieurs autres édifices du site aux influences bouddhistes, rappelle que les 2 religions ont longtemps cohabité au sein de la plupart des lieux de culte japonais.
La porte Oomon débouche sur un premier palier et l’allée pavée Sakura 🌸-baba, d’environ 150 mètres de long. Bordée de rangées de cerisiers, c’est un spot idéal de contemplation des fleurs au printemps. À droite des escaliers, le pavillon des trésors Homotsu-kan abrite dans une architecture plus contemporaine une statue de Kannon aux 11 visages. Le chemin de lanternes et de stèles gravées des noms de leurs donateurs continue jusqu’à un autre palier marqué par un torii ⛩️ où l’on trouve :
- le Musée Takahashi Yûichi, consacré au pionnier de la peinture de style occidental au Japon ;
- Omote sho-in, édifice désigné Bien Culturel Important, abritant des peintures de Maruyama Okyo sur portes fusuma du XVIIIe siècle ;
- 2 chevaux sacrés ;
- un restaurant et un café plutôt haut de gamme.
Au niveau de la 431ème marche se dresse une petite statue de chien portant un sac autour du cou. Il s’agit du Kompira-inu, un hommage aux chiens envoyés par leur maîtres en pèlerinage au Kotohira-gu à leur place durant l’époque d’Edo. Les animaux étaient confiés aux voyageurs de passage, avec un sac contenant la prière et les offrandes à transmettre au sanctuaire, et la nourriture nécessaire pour un tel périple.
Un nouveau torii de pierre amorce une montée beaucoup plus raide, pour aboutir à la structure impressionnante du pavillon Asahi-sha à la 628ème marche. Juste en face, on peut s’asseoir sous une galerie pour admirer l’édifice de 18 mètres de haut, orné d’une profusion de sculptures, dont la construction s’est achevée en 1837 après 40 ans de travaux.
Puis, sur la droite, une porte discrète ouvre sur la dernière partie de la montée : un impressionnant escalier menant au palier de la 785ème marche où se trouve le pavillon principal Hongu, datant de 1878. Sur la gauche se déploient plusieurs autres structures de bois visitables ainsi que la "boutique" du sanctuaire où sont vendus ema et omamori. Sur la droite, la plate-forme constitue un observatoire sur la plaine de Sanuki à 251 mètres d’altitude, avec une vue dégagée en direction de la ville de Marugame. La plupart des visiteurs s’arrêtent ici et entament la descente par l’escalier dédié à cet effet.
Ascension vers les mystérieux tengu
Cependant, pour effectuer la totalité du pèlerinage, il faut encore parcourir environ 1 km et gravir 583 autres marches jusqu’au sanctuaire le plus éloigné, l’Oku no sha (aussi appelé Izutama-jinja). Ce chemin plus étroit est beaucoup moins fréquenté et la forêt plus dense renforce l’ambiance mystique de l’ascension. Le parcours est ponctué de plusieurs petits sanctuaires (non visitables) dont celui dédié à l’empereur Sutoku, Shiromine-jinja.
Après une montée sportive, parfois avec les encouragements des marcheurs qui redescendent, on parvient au petit espace de l’Oku no sha : un simple petit pavillon rouge sur lequel veillent 2 masques 😷 de tengu 👺 sculptés dans la roche. Un édifice de bois sur le côté confirme que l’on est arrivés au bout des 1368 marches, à 421 mètres d’altitude. Un prêtre peint à la demande un sceau goshuin daté du jour, uniquement disponible ici.
Il faut ensuite garder un peu de concentration pour redescendre, et c’est à ce moment qu’un bâton de marche peut s’avérer particulièrement utile. La balade est accessible à condition d’être en bonne forme physique, bien chaussé et d’emporter suffisamment d’eau car il n’y a quasiment pas de distributeurs de boisson dans l’enceinte du sanctuaire. Au pied de la montagne, les restaurants de nouilles udon, aux prix abordables, ou les marchands de glace aux bonbons de sucre de canne wasanbon permettent de reprendre des forces.
À proximité se trouve Kanamaru-za, le plus ancien théâtre de Kabuki, désigné Bien Culturel Important, et qui offre de découvrir les coulisses d’un spectacle traditionnel.
Si l’on est encore en forme, on peut se rendre à Zentsu-ji à 10 minutes de train 🚅 JR, qui est la ville de naissance de Kukai (Kobo Daishi), le fondateur du pèlerinage des 88 temples de Shikoku, pour y visiter le temple éponyme aux 500 statues de disciples de Bouddha.